Tout était normal ce jour-là, quand, vers trois heures, l'événement éclata : dans les conduites d'eau du monde entier, les microbes se mirent à proliférer. Et bientôt, l'eau des robinets ne fut plus qu'une grande coulée de germes mortels...
Où fuir ? Où se réfugier ? Faut-il quitter la planète ? Mais un piège n'attend-il pas les survivants... au fond de l'espace ?
Un jour – nous sommes en 1998 – l'humanité se réveille avec les conduites d'eau du monde entier pleines de microbes et, bientôt, c'est une véritable avalanche de germes mortels. D'abord, les hommes tentent de se défendre, mais que peuvent-ils faire contre un ennemi qui résiste à tout – feu, poison, gaz ? Finalement, il ne reste d'autre ressource que d'aller se réfugier sur une autre planète – en l'espèce Mars. Voyage difficile, voyage périlleux car, en fait, les gens de 1998 sont à peine plus avancés, techniquement parlant, que ceux de 1956. Finalement, quelque 6.000 hommes, femmes et enfants atterrissent sur l'astre rouge (une coïncidence a voulu que je lise l'ouvrage le jour même où Mars s'était le plus rapproché de la Terre, en septembre), mais là commencent d'autres ennuis – les « mirages ». Finalement les survivants sont obligés d'aller de planète en planète, jusqu'au jour où ils rencontrent les Sconges, des êtres ayant l'apparence humaine et, pourtant, se distinguant de nous par quelques petits détails. Veulent-ils du bien aux malheureux astronautes ? Vont-ils, au contraire, se révéler leurs pires ennemis ?
Tel est, brièvement schématisé, le thème de « La sortie est an fond de l'espace » de Jacques Sternberg (Ed. Denoël) que les lecteurs de « Fiction » connaissent autant pour ses contes que pour ses ouvrages dont « Fiction » a parlé. C'est un très beau livre, qui avait sa place tout indiquée dans la collection « Présence du Futur ». Mais c'est aussi un livre amer, pessimiste, presque nihiliste. En le lisant, je me disais qu'il est d'une tendance d'esprit assez semblable à celle d'un Dostoïevsky, par exemple. Chose curieuse, nos auteurs – je veux dire les auteurs européens de SF – sont toujours enclins à donner dans le pessimisme, alors que celui-ci est beaucoup moins affirmé chez les Américains (je parle des écrivains de valeur, bien sûr, car dans un « space-opera » on trouve rarement une « tendance d'esprit », quelle qu'elle soit) et tout à fait inexistant chez les Russes contemporains. Ceci dit, Sternberg sait aussi introduire une pointe d'humour aux moments voulus et cela dilue un peu l'amertume de son roman, par ailleurs superbement écrit. Recommandé.
Igor B. MASLOWSKI Première parution : 1/10/1956 Fiction 35 Mise en ligne le : 2/7/2025
Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantesAssociation Infini : Infini (3 - liste francophone) (liste parue en 1998)