Humoriste, polémiste, railleur, Umberto Eco nous raconte ici en toute liberté sa vie, mode d'emploi : il pourfend avec jubilation l'absurde qui nous gâche l'existence, les objets qui nous résistent, les gadgets qui nous asservissent ou l'administration qui nous englue. Avec lui, le quotidien, dans ce qu'il a de plus ordinaire, prend des allures de fantasmagorie. Déjeuner en avion vire à la tragi-comédie et voyager avec un saumon devient une épopée burlesque.
S'il se lance dans la science-fiction, c'est pour nous offrir le récit hilarant des démêlés d'un gouvernement intergalactique avec une armée arc-boutée sur ses principes, mais démunie face au foutoir des innombrables espèces sidérales.
S'il nous donne à lire des Fragments de la Cacopédie, ce savoir inversé, c'est pour mieux esquisser avec malice l'état des lieux de certaines théories scientifiques aux marges de la folie.
S'il parcourt la philosophie, la politique ou la littérature, c'est en aficionado du jeu de mots, pour soumettre des personnages célèbres à la question « Comment ça va ? ».
Mais lorsqu'il évoque sa ville natale et la géographie de son adolescence, il se dévoile pour la première fois et dit la pudeur d'aimer.
Une aventure drolatique, où l'on reconnaît tant de notre histoire.
Umberto Eco, né dans le Piémont en 1932, titulaire de la chaire de sémiotique de l'université de Bologne, a enseigné à Paris, au Collège de France, ainsi qu'à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm. Il est l'auteur de nombreux essais, parmi lesquels Six promenades dans les bois du romanet d'ailleurs (1996), et de trois romans, le Nom de la Rose (1982), le Pendule de Foucault (1990) et l'Ile du jour d'avant (1996).
1 - Galons et galaxies (1976), pages 9 à 33, nouvelle, trad. Myriem BOUZAHER 2 - Comment on pourrait revenir en arrière dans le futur (1995), pages 205 à 207, article, trad. Myriem BOUZAHER 3 - Fragments de la Cacopédie (Frammenti dalla Cacopedia), pages 215 à 253, nouvelle, trad. Myriem BOUZAHER
Cette réédition permet de rappeler que ce livre s'ouvre sur une hilarante nouvelle où l'Italie gère les armées intergalactiques, leurs mœurs, leurs guerres rituelles, etc. Et qu'on peut aussi annexer à la SF Comment on pourrait revenir en arrière dans le futur, voire De l'impossibilité de construire la carte 1 :1 de l'Empire. Voilà de bons alibis pour un compte rendu, d'autant que le reste n'est pas triste non plus. Reste qu'on regrette qu'une partie du texte italien (Il secondo diario minimo, Milan, Bompiani, 1992) n'ait pas été traduite. L'uchronie où les héros d'une guerre contre une Turquie fasciste, encensés par médias et autorités, sont « nos » membres des Brigades rouges n'est plus très compréhensible, une fois passées les Alpes et une vingtaine d'années, mais on aurait pu retrouver entre autres une bibliographie où Starwar memories est dû à Woody Alien, Danses transylvaniennes à Brahms Stoker, Pensées artificielles à Basic Pascal, ou Critique de la kryptonite pure à Clark Kant... On en passe, et des pires.