GALLIMARD
(Paris, France), coll. Folio SF n° 282 Date de parution : 21 juin 2007 Dépôt légal : juin 2007, Achevé d'imprimer : 2 juin 2007 Réédition Roman, 448 pages, catégorie / prix : F10 ISBN : 978-2-07-032005-9 Format : 10,8 x 17,8 cm✅ Genre : Fantasy
Ingold et Rudy partent pour la cité de Quo, à la recherche du dernier espoir de l'humanité : l'Archimage Lohiro et les derniers sorciers survivants. Leur quête sera semée d'embûches et ils ne sont pas sûrs de revoir un jour Minalde et Gil qu'ils ont laissées derrière eux. Cette dernière met à profit sa formation d'historienne et espère trouver une solution pour vaincre les Ténébreux dans les archives de l'Église. Ses recherches la conduiront jusqu'au cœur du donjon de Dare, où des secrets millénaires attendent d'être découverts.
Inspiré des plus grands classiques du genre (Le Seigneur des Anneaux de J. R. R. Tolkien, Le Monde de Narnia de C. S. Lewis), Le cycle de Darwath, dont Les murs des Ténèbres est le deuxième tome, s'est imposé comme une des œuvres majeures de la fantasy contemporaine.
Barbara Hambly, née en 1951 en Californie, découvre la fantasy très tôt à la lecture du Magicien d'Oz. Elle fait des études d'histoire médiévale, puis exerce différentes professions. Elle a publié une quarantaine de romans dans des genres très différents (fantasy, policier, science-fiction...), certains s'intégrant dans l'univers de La guerre des étoiles ou de Star Trek.
Ce qui reste de l'humanité dans le pays de Dare a trouvé refuge dans l'antique citadelle noire de Renweth, mais leur faut-il abandonner tout espoir de regagner le monde extérieur ? Les Ténébreux sont en effet là, qui guettent la citadelle, tournent autour d'elle la nuit en cherchant à briser les charmes qui protègent ses portes. Ingold Inglorion, sorcier que les bigots de la cour n'apprécient guère et sans lequel pourtant ils seraient déjà morts, Ingold donc, pense trouver des secours à Quo, la ville secrète des siens ; il part donc avec Rudy à travers les plaines glacées, poussé par l'espoir. Pendant ce temps, Gil demeure à la citadelle, et tente d'élucider sur place le mystère même de ce lieu où l'on est à l'abri des Ténébreux, les ennemis de l'humanité.
Il n'y a plus comme dans le premier tome de grands mouvements de population, des combats terrifiants contre les Ténébreux... On a au contraire affaire ici à un roman essentiellement intimiste, dont toute l'intrigue se resserre autour des trois personnages principaux. Mais si l'intrigue est aussi dépouillée que le décor, c'est au bénéfice de la psychologie, de l'atmosphère et des descriptions de paysages — Hambly a du style et nous le montre. Les lecteurs amateurs d'action trépidante auront certainement l'impression que l'histoire piétine ; il n'en est rien ! Barbara Hambly a simplement choisi ici un traitement plus subtil, vu par le petit bout de la lorgnette. Et qui dit action dépouillée ne dit pas roman mineur : Le mur des ténèbres est passionnant à plus d'un titre. Il est certainement moins aisé de parvenir à un tel dépouillement qu'au fracas des armes et aux grandes déclamations de la fantasy épique.
Intimiste, l'intrigue de L'épée de l'hiver l'est aussi à sa manière. Le principal de ce sympathique roman de fantasy se déroule en effet en un seul et même lieu, le château de Jentesi, au nord du glacial pays de Cherek. Le vieux roi Gambin, un tyran de la pire espèce, se meurt lentement et s'est cruellement amusé à réunir autour de lui les prétendants au trône (ses deux fils et ses deux filles), ainsi que l'ensemble de sa cour. Pour corser le jeu Gambin s'est bien gardé de désigner son dauphin, et les intrigues mesquines voire criminelles vont bon train dans le château perché sur son rocher au milieu des eaux glacées... Le personnage principal de l'œuvre de Marta Randall (dont c'est la première traduction) est Lyeth, la Cavalière du tyran. Comme tout le monde dans la province elle attend avec impatience la mort de son maître, pour pouvoir enfin être débarrassée de son serment. Car les Cavaliers, traditionnellement les messagers du royaume, n'apprécient guère de s'être vus transformés en chiens de chasse et oiseaux de mauvais augure par leur souverain ! L'épée de l'hiver offre une galerie de portrait très réussie, dont les acteurs ne sont jamais manichéens mais toujours attachants, même ceux (comme Gambin) dont les âmes sont les plus sombres. Le cadre choisi est lui aussi assez original en fantasy : loin de l'usuel pseudo-Moyen-Age, on est ici dans une sorte de XVIIIe siècle, la vapeur en est à ses débuts, comme le télégraphe, et l'on vient de découvrir un continent civilisé dans le sud... La société de Cherek, une fédération de royaumes tendant (sans y parvenir) vers la démocratie, est en pleine évolution, les temps changent, et l'agonie de Gambin, seigneur d'une des provinces les plus proches des glaces, n'est qu'un événement mineur dans cette époque. Marta Randall a fait là œuvre attachante, une sorte de fusion entre ce qui peut faire le charme de la fantasy d'aventure, celui du roman de cape-et-d'épée (on songera au Prisonnier de Zenda) et celui du roman policier classique : une lecture jubilatoire.
Daniel Walther sait choisir avec discernement parmi ce que la fantasy anglo-saxonne moderne a de plus sympathique, et l'illustratrice désignée dans les deux cas (Florence Magnin) a un talent délicat qui convient parfaitement à ce genre d'œuvres. Dommage seulement que (pour de bêtes raisons d'économie, et ce depuis quelques années) les gardes soient maintenant identiques, et que les cartes ne soient que partiellement traduites.