Bien que publié hors collection, La Nuit du Bombardier, le trente-neuvième ouvrage de Serge Brussolo, n'est ni un roman de Littérature Générale ni un Polar, tout simplement un roman de SF mâtiné de Fantastique, tel qu'il en livre régulièrement à ses éditeurs habituels. Ou peut-être tout cela à la fois, selon la conception brussolienne. N'écrivait-il pas dans un article, Trajets et Itinéraires d'un Gommeur de Frontières : « J'utilise une SF où tout s'interpénétre : le Surréalisme, le Fantastique, le roman policier, et je trouve cela très bien car c'est un peu l'image de ce que nous sommes en train de vivre à une époque où les cadres fondent, où tout se mélange et où la compartimentation systématique des ouvrages disparaît » ?
En tout cas, on a jugé chez Denoël que Brussolo était désormais prêt à affronter le grand public, suffisamment du moins pour que son dernier manuscrit, lequel aurait tout à fait eu sa place en Présence du Futur, voie le jour hors collection, au format best-seller. Personne ne s'en plaindra, surtout pas son auteur qui a ici la possibilité de toucher un public nouveau, beaucoup plus large.
David Sarella, quatorze ans, est envoyé par sa grand-mère, une maîtresse-femme, au collège de Triviana, après que sa mère, violée en sa présence au fond d'un parking souterrain et profondément marquée, ait été enfermée dans un hôpital psychiatrique. David sera donc pensionnaire. Il arrive en cours d'année au collège, et découvre un monde clos, fermé sur lui-même, dur, sévère, pour ne pas dire carcéral, perdu au bord de la mer, dans une région désolée. Un univers sans pitié sur lequel règnent les clubs d'étudiants, sortes de confréries parmi lesquelles le Club des Survivants, groupuscule sanguinaire se livrant la nuit à des exercices de survie, reste le plus puissant. Un univers dont le cœur s'est arrêté de battre quarante ans plus tôt, lui raconte Moochie Flanagan, son compagnon de chambre, lorsqu'un bombardier s'est écrasé sur un parc d'attractions implanté tout à côté, le réduisant à l'état de ruines, tuant, blessant, mutilant.
Mais était-ce réellement un bombardier ?
Ne s'agissait-il pas plutôt d'autre chose, d'une entité mystérieuse tombée des étoiles ?
Ne comptez pas sur moi pour vous donner la réponse. Si vous la voulez. II vous faudra lire jusqu'au bout La Nuit du Bombardier, roman captivant aux multiples rebondissements rappelant parfois un autre de ses romans, La Nuit du Venin.
Et dire qu'il va encore falloir attendre près de neuf mois avant de pouvoir lire son prochain Présence du Futur, L'Homme aux Yeux de Napalm...