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La Guerre des machines

Kevin J. ANDERSON & Brian HERBERT

Titre original : The Butlerian Jihad, 2002
Première parution : Tor, 2002
Cycle : Dune - la Genèse vol. 1 

Traduction de Michel DEMUTH
Illustration de SPARTH

POCKET (Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy n° 5939
Dépôt légal : juin 2007, Achevé d'imprimer : 30 mai 2007
Roman, 832 pages, catégorie / prix : 14
ISBN : 978-2-266-17308-7
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Dix millénaires avant les événements relatés dans Dune, l'humanité est soumise à la tyrannie des Machines Intelligentes. Celles-ci ont formé un réseau et leur élément le plus puissant, OMNIUS, s'est emparé du pouvoir. Certains humains ont également choisi de greffer leur cerveau sur des machines, devenant des cyborgs. Ils se sont baptisés eux mêmes les Titans.
     Ce sera le déclencheur de la Guerre des Machines, connue plus tard sous le nom de Jihad Butlérien et qui mènera à l'interdiction absolue de la création de machines à l'image de l'intelligence humaine. Humains contre machines, c'est le combat qui donnera naissance aux Grandes Familles et aux Ordres comme le Bene Gesserit ou les Mentats.
 
     Après la trilogie Avant-Dune, Brian Herbert et Kevin J. Anderson s'attaquent cette fois à la Grande Histoire, l'époque où tout a commencé. Voici la genèse de Dune et de tous ses personnages emblématiques.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition Robert LAFFONT, Ailleurs et demain (2003)

     Brian Herbert et Kevin Anderson ont déjà affronté, dans la trilogie Avant Dune (même collection), les fortes contraintes qui pèsent sur l'écriture de prequels : rester en aval d'un style, d'un ton, d'une atmosphère uniques, tout en remontant en amont d'une aventure riche en personnages hors du commun, en intrigues de cour, en batailles dantesques. Dans la postface à La Maison des Atréides, le fils de Frank Herbert avait expliqué pourquoi son récit ne remontait que quelques années avant les événements racontés dans Dune, et non à ce fameux « Jihad Butlérien » qui soutient l'immense édifice humain, trop humain (justement) mis en place par son père. C'est chose faite avec ce premier volume d'une seconde trilogie de prequels, qui l'affiche très clairement dans le titre original : Dune : The Butlerian Jihad.

     Globalement, le contrat littéraire est rempli : les détails qui signent le cycle de Dune sont présents (épigraphes, courtes séquences, glossaire, style tissé de grandes généralités tactiques — nerfs de l'intrigue — et de petits détails concrets plus marginaux, galerie fortement hiérarchisée de personnages majeurs, moyens et mineurs, narration systématiquement alternée entre plusieurs histoires). Je ne résume évidemment pas cette intrigue, qui dévoile (un peu) les mystères de Dune : le Jihad Butlerien, le Bene Gesserit et autres grands ordres, les haines ancestrales, et caetera... jusqu'aux immuables « brilleurs » ! Tout au plus, plutôt que le lassant décompte des batailles attendues (et elles y sont bien), peut-on désigner les déjà nombreux brins de la tresse narrative. On verra donc se croiser Zufa et ses Sorcières télépathes, Norma et Holtzmann les scientifiques, Ishmaël et Aliid, esclaves zensunni et zenchiite, Iblis Ginjo le contremaître, Tuk Keedair (de Tlulaxa) et Aurelius Venport (amant de Zufa), en affaires autour d'une substance sans réel intérêt (l'épice...), Selim l'orphelin d'Arrakis, et surtout, puisque c'est ce qui identifie cet opus, Omnius l'I. A., Erasme le robot excentrique, les Titans cymeks mi-hommes mi-machines, et, bien sûr, Xavier Harkonnen, Vorian Atréides, Serena Butler... Le schéma politico-moral de ces derniers réserve d'ailleurs une petite surprise aux habitués ; sans la leur dévoiler, on peut les prévenir qu'ils ne sauront pas encore, et même moins que jamais, au terme de ces 650 pages, les raisons de la haine immémoriale que se vouent certaines grandes familles. De quoi redonner de l'entrain pour le tome 2...

     Car, il faut bien l'avouer, au-delà de la performance narrative quantitative, indéniable, on cherche un peu l'étincelle, le souffle de l'inouï ; et on se force un peu, parce que c'est Dune.... Mais franchement, si c'est pour y déguster des clams revenus au beurre avec des champignons (p. 203), on se demande bien à quoi bon franchir tous ces siècles et toutes ces années-lumière, supporter ces séances d'éviscération humaine, ces assommants dîners protocolaires ou ces interminables attaques de robots. Plus gênant : peut-on postuler l'intéressant syncrétisme de « Bouddhallah » tout en maintenant intacte la divergence entre chiites et sunnites ? Les angoisses de l'Occidental du début du XXIe siècle prennent ici le pas sur la crédibilité d'une extrapolation religieuse. Dune (le roman inaugural) offrait un étonnant planet opera tout mêlé d'archaïsmes et d'inventions très humaines censées compenser sans machines ces archaïsmes (ordinateurs humains, manipulation psychotrope du temps, stratégies militaro-religieuses à très long terme), le tout justifié par une catastrophe mystérieuse (le Jihad Butlérien) et par des dizaines de milliers d'années d'évolution lente. Ce que ces archaïsmes avaient d'intriguant, accolés à l'énorme masse de temps écoulé, suffisait à déclencher l'adhésion science-fictionnelle du lecteur, puisqu'il était libre (et même, s'il était logique, contraint) de projeter imaginairement tous les scénarios qui pouvaient aboutir à ce résultat à la fois archaïque et futuriste.

     Pour ce coup-ci, comme l'explique un prologue de la princesse Irulan (clin d'œil au premier roman), c'est LE scénario explicatif qu'on nous raconte. Il y avait là un défi majeur, évidemment ; comment faire face aux milliers d'imaginaires activés par Dune depuis 1965 ? Comment éviter de décevoir tel fan qui voyait la guerre avec les machines pensantes d'une tout autre manière ? Comment préserver sa fascination pour les tacticiennes mentales du Bene Gesserit ? Il serait facile, et sans grand intérêt, d'opposer tel imaginaire personnel à la somme romanesque élaborée. C'est plutôt aux principes fondamentaux de cette prequel que l'on pourrait revenir, quitte à soutenir que, pour être adéquate au monument de Herbert (Frank), elle ne devait pas en respecter certaines structures fétiches. Peut-être en premier lieu, précisément, cette association originale d'archaïsme et de futurisme, à laquelle donnait forme ce style fait de généralités morales ou politiques, croisées à de petits détails marginaux (même pas tous futuristes, d'ailleurs) : l'équilibre du style me paraît étroitement lié à l'équation littéraire fondatrice de Dune. Ouvrir la bulle temporelle qui justifiait cet équilibre, démanteler la masse de temps et d'imaginaire qui l'autorisait, c'était peut-être accepter de réintégrer une science-fiction moins originale dans son fonctionnement, mais qui, ceci étant posé et admis, pouvait être plus originale dans ses développements. Peut-être aurait-on ainsi pu espérer des images plus étonnantes, des innovations plus dérangeantes, des caractères moins attendus (des milliers d'années d'Histoire et toujours de vaillants guerriers protégeant de fougueuses princesses... !) — bref, un sense of wonder imprévisible, stupéfiant, à la hauteur du monument que sont, non seulement Dune, mais aussi l'exceptionnelle longévité littéraire de son cycle, la quantité impressionnante de ses lecteurs, et la diversité de leurs attentes.

Irène LANGLET
Première parution : 1/9/2003
dans Galaxies 30
Mise en ligne le : 27/11/2008

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