Dans la nouvelle-titre, en fait un court roman en 15 chapitres, un journaliste raté, quadragénaire et marié à une « executive woman » trouve une échappatoire à une vie professionnelle et familiale peu exaltante dans la fréquentation d'un libraire d'occasion bon vivant et « politiquement très incorrect ». Un jour, son vieil ami lui transmet un curieux livre intitulé Le Sourire des enfants morts, qui va l'entraîner dans un Paris inconnu à la recherche de huit mystérieux tableaux et... dans une dangereuse aventure où il va être (ou se croire être) victime d'une vaste conspiration occulte. Un extraordinaire mélange de fantastique, d'ésotérisme et d'horreur avec, en contrepoint, une savoureuse évocation des mœurs d'une certaine bourgeoisie « branchée ».

     Le second ensemble du recueil est une effroyable « trilogie utérine », intitulée La Sainte Famille, avec règlement de compte freudien, sous forme de massacre, fantasmes incestueux et abominations scientifico-médicales entourant la naissance d'un supposé bébé...

     Dans les autres nouvelles, plus courtes mais aussi horribles et/ou savoureuses, on trouve : une hostie qui parle à la chaisière de l'église d'un village du centre de la France, ce qui va provoquer la fin de huit vieilles bigotes... Un gastronome qui a sans doute trouvé une solution aux problèmes posés de nos jours aux consommateurs de viande, mais que ses goût culinaires hors du commun conduisent inexorablement vers un ultime et horrible festin... Un président de la République qui se transforme en serial killer pour résoudre le problème du chômage... Une évasion d'une prison parisienne qui tourne mal, sauf pour le lecteur... Hitler, qui se trouve connaître une fin plus tardive, mais beaucoup plus ignominieuse que celle attestée par les livres d'Histoire...

     Remarquablement construits, témoignant souvent d'un subtil « art de la chute », ces récits et nouvelles révèlent un véritable écrivain dont l'imaginaire totalement personnel est servi par une écriture déjà maîtrisée, où les trouvailles et images sont toujours originales.

     Nicolas d'Estienne d'Orves est né à Paris en 1974. Après des études de lettres (licence et maîtrise), il prépare un doctorat de littérature comparée à la Sorbonne. Il collabore depuis 1997 au Figaro littéraire. Le sourire des enfants morts est son premier livre, mais certainement pas le dernier...