Faut-il rappeler que l'univers développé par Pierre Grimbert a pris naissance sur Ji, une île insignifiante au large de la côte lorelienne ? Pourquoi retenir un tel lieu, alors ? Ji renferme une porte magique, une arche, comme d'autres lieux disséminés de par le monde, qui donne accès à un territoire étrange, le Jal. C'est sur ce territoire que grandissent les éternels, des enfants prodigieux nourris par les pensées, les rêves et les prières des mortels. Or Saat, un sorcier, pervertit un de ces enfants et le ramène parmi les hommes, le transformant en un terrible démon qui prend le nom de Sombre. C'est la lutte contre ce démon par les membres d'une lignée marquée par le destin qui est relatée dans la trilogie : Le Secret de Ji. Mais vaincre un démon n'est pas chose facile et surtout n'est pas chose définitive ! Vingt ans après, Sombre revient, animé d'ambitions démesurées. En plus de vouloir régner sur les hommes, il veut régner sur les éternels. Les héros du cycle précédent se trouvent ramenés dans le sanctuaire protecteur du Jal. Ils y sont bloqués et ce sont leurs enfants qui mènent la lutte épique retracée dans Les Enfants de Ji.
L'euphorie de la victoire masque des conséquences inattendues, qui se révèlent néfastes, à terme. L'effet le plus pernicieux est la disparition de la Volonté pour les initiés : « ce pouvoir permettant d'influencer les élémentaires composant toutes choses. »
La Volonté du démon, le premier volet des Gardiens de Ji, débute dans ce contexte et met en scène les petits-enfants des héros originels. C'est ainsi que Lorilis, la petite fille de Yan d'Eza, Damián et Guederic, les fils d'Amanón, le commandant en chef de la Légion Grise, et d'autres jeunes gens doivent tout quitter précipitamment pour rejoindre un lieu tenu secret.
Pierre Grimbert nous invite, une fois encore, à retrouver l'univers de Ji, développant un volet nouveau situé à l'espace d'une génération. Si le cadre médiéval perdure, l'auteur introduit massivement de nouveaux personnages et joue avec l'approche de chacun face à un problème dont ils ignorent tout. Leurs parents respectifs, pensant en avoir terminé une fois pour toutes avec la menace de Sombre, avaient voulu conserver la quiétude dans laquelle ils avaient été élevés ;
L'auteur dresse une galerie de personnages aux caractères éclectiques, suffisamment variés pour une prise en compte élargie de la situation dramatique qui se profile.
Il développe son intrigue et ses diverses extensions en ne tenant compte, dans une première partie, que des nouveaux personnages. Puis il élargit son propos avec quelques anciens. Comme les héros ignorent le passé, que les événements qui se sont précipités n'ont pas permis de les informer, ils glanent peu à peu des indications qui permettent au lecteur de saisir ou se remémorer l'historique de la geste. Il n'est donc pas nécessaire d'avoir lu les cycles précédents pour aborder celui-ci. Cependant, la teneur du présent volume, son intérêt donnent fortement envie de les découvrir. (Pour ceux qui ne l'auraient pas encore fait)
Avec La Volonté du démon, Pierre Grimbert met en place les éléments constitutifs principaux de ce troisième cycle : un cycle prometteur !
Serge PERRAUD
Première parution : 27/8/2008 nooSFere