La terre est à l'agonie, épuisée par la surconsommation humaine. Il faut partir, vite. En quelques années, toute la population terrestre migre vers une planète similaire et laisse notre bonne vieille Terre mourir en paix. Mais pendant le transfert, l'espèce humaine subit une mutation générale qui ramène son espérance de vie à 16 ans ! De plus, sur la nouvelle planète nourricière, le temps s'avère non linéaire : les savants y découvrent d'étranges falaises de temps contenant l'ensemble de notre passé, de curieuses carrières où le temps semble s'être cristallisé du plus profond des âges à nos jours.
De ces mines est extraite la « poussière du temps » aux prodigieuses capacités. Elle remplace désormais la monnaie et, à condition d'en disposer, elle permet à chacun d'acheter ou de vendre du temps, de vivre bien au-delà de la limite des 16 ans ou encore de voyager dans le passé. Pour protéger l'Histoire et éviter les failles temporelles susceptibles de mettre en péril l'équilibre précaire entre passé et présent, une troupe d'élite gouvernementale veille : les Compagnons du Sablier.
Chloé est recrutée le jour de ses 16 ans, à l'orée de sa mort, pour intégrer les rangs des Compagnons. Très vite, cette jeune rebelle effrontée devient un excellent élément, appréciée de ses collègues et de sa hiérarchie. Son équipe se retrouve confrontée à un ensemble de faits intrigants qui cachent sans aucun doute un énorme complot. Les Compagnons du Sablier seront-ils à la hauteur et déjoueront-ils les pièges tendus dans le métro du temps ?
Le voyage dans le temps est un thème majeur de la Science-Fiction. On ne compte plus les œuvres telles que La machine à explorer le temps (H.G. Wells) ou, davantage dans la lignée des Compagnons du Sablier, La Patrouille du temps (Poul Anderson) ou La fin de l'Eternité (Isaac Asimov). Dans le domaine Jeunesse, des auteurs comme Gudule ou Christian Grenier s'y sont aussi essayés. Mais s'il est un thème des plus difficiles à traiter, c'est bien celui des paradoxes temporels...
Afin de s'affranchir de bon nombre de limites inhérentes à cette problématique, Bertrand Puard a bâti un scénario quelque peu complexe dans sa construction, qui plonge le lecteur dans un monde sans véritables limites. Une fois accepté ce contexte imposé par l'auteur, ce choix ne serait pas gênant si le récit ne tombait pas dans une infantile incohérence trop souvent présente dans la littérature jeunesse. Les situations, déjà ubuesques de par le sujet même, sombrent souvent dans le ridicule, surtout quand elles ne fournissent quelquefois qu'un prétexte à un pseudo bon mot incompréhensible des plus jeunes
1.
Toutefois, sans parvenir à se débarrasser de ce ton prétendument aventurier, comique et désinvolte, Bertrand Puard semble se laisser emporter par son propre récit et parvient à lui donner un peu plus de corps dans la dernière partie. Ce ne sera pas suffisant pour satisfaire un lecteur aguerri mais pourra divertir agréablement un public moins exigeant.
En conclusion, Les Compagnons du Sablier s'avère quelque peu décevant. Au-delà du texte lui-même, on se sent frustré face à cet auteur qui surjoue maladroitement une partition pour laquelle il pourrait sans doute exceller compte tenu de ses indéniables capacités d'écrivain. Espérons qu'il saura davantage mettre à profit son talent dans les prochains tomes de cette série.
Notes :
1. Exemple de calembour « bon », en parlant d'un jeune homme évoquant « Germinal », Bertrand Puard n'hésite pas à le traiter de « ce zozo là »...
Fabrice FAUCONNIER (lui écrire)
Première parution : 30/11/2008 nooSFere