Très bon numéro que ce
Solaris 165 si on considère les fictions (le reste n'a malheureusement pas grand intérêt). La première nouvelle du numéro est aussi une première nouvelle publiée :
« Là d'où je viens » d'Isabelle Piette — prometteuse histoire de symbiose (l'écriture, pleine d'humanité, manque comme il se doit d'un poil d'assurance, mais les bases sont bonnes et l'exécution correcte). La seconde nouvelle, signée Alexandre Babeanu, est sans doute un texte pour nerdogeek en stade terminal (personnellement je n'y ai pas trouvé la moindre étincelle d'intérêt) ; passons. Quand aux deux dernières nouvelles, dans des registres très différents elle sont bluffantes. James Alan Gardner nous emmène en balade sur une planète hantée par une brume meurtrière (on est en plein
sense of wonder, tout en restant de bout en bout dans une science-fiction à visage humain, sensible mais pas niaise, cruelle mais sans cruauté gratuite) ; Eric Holstein avec
« Salut l'artiste » nous lance à la poursuite d'un musicien de rock autour duquel les morts s'accumulent comme les papiers gras en août sur une plage niçoise. Avec son sens du détail et de l'Histoire, sa plume très sûre, Holstein confirme ici son talent déjà remarqué avec son long texte engagé
« Poissons rouges ». Voilà un auteur français (responsable de rubrique critique du site Actu-sf, collaborateur occasionnel à
Bifrost) qui commence à peine à publier, mais qui est d'ores et déjà « à suivre de très près ». Quand au trop discret James Alan Gardner (dont l'écriture et les thématiques sont très proches de celles de son compatriote
Robert Charles Wilson), il serait peut être temps qu'un éditeur français publie son formidable recueil
Gravity Wells (dans lequel se trouve, entre autres, un
prix Hugo amplement mérité).