L'ÂGE D'HOMME
(Paris, France), coll. Contemporains Dépôt légal : 1985 Première édition Recueil de nouvelles, 172 pages, catégorie / prix : nd ISBN : néant ❌ Genre : Imaginaire
Quatrième de couverture
Ce livre est le cinquième d’une série de recueils où dominent les contes fantastiques, oniriques, merveilleux, symbolique et satiriques. La rose réaliste, qui lui donne son titre, n’est pas, comme on pourrait le penser, une satire politique, mais une satire littéraire, visant le préjugé en vertu duquel le roman, ou le conte, devrait être un « miroir », présenter un « reflet » de la vie réelle.
Et pourtant, c’est ici que l’auteur, en dépit de son romantisme affiché, fait la plus large place à quelques thèmes majeurs de la réalité contemporaine : magie du cinéma, travail de bureau, présence de l’Islam, guerre des sexes, problèmes du couple…
Pour le reste, c’est du Gripari…
1 - La Rose Réaliste, pages 7 à 8, nouvelle 2 - Histoire de ce jour, pages 9 à 16, nouvelle 3 - Autour du monde, pages 17 à 18, nouvelle 4 - L'École des Saints, pages 19 à 24, nouvelle 5 - L'Ennemi à la porte, pages 25 à 26, nouvelle 6 - Voyage nocturne, pages 27 à 36, nouvelle 7 - L'Homme public, pages 37 à 38, nouvelle 8 - Au cinéma, pages 39 à 50, nouvelle 9 - Droit de réponse, pages 51 à 52, nouvelle 10 - L'Art de la fugue, pages 53 à 72, nouvelle 11 - Fenêtre sur la mort, pages 73 à 76, nouvelle 12 - Le Château de Langendorf, pages 77 à 86, nouvelle 13 - La Chartreuse de Parme, pages 87 à 90, nouvelle 14 - La Bataille de l'eau de Lourdes, pages 91 à 100, nouvelle 15 - Conseils aux malades, pages 101 à 102, nouvelle 16 - Après le jugement, pages 103 à 110, nouvelle 17 - Défense d'aimer, pages 111 à 114, nouvelle 18 - Céleste, pages 115 à 124, nouvelle 19 - Histoire d'un quart d'heure, pages 125 à 128, nouvelle 20 - Sonate amoureuse, pages 129 à 140, nouvelle 21 - Mésaventures de Dieu, pages 141 à 144, nouvelle 22 - Une idée de roman, pages 145 à 158, nouvelle 23 - L'Autre hémisphère, pages 159 à 160, nouvelle 24 - Lettres romaines, pages 161 à 168, nouvelle
Critiques
Gripari occupe depuis une vingtaine d'années le paysage de la littérature française de « fantaisie ». Les lecteurs adultes l'ont peut-être un peu perdu de vue depuis que, à la suite du succès de ses Contes de la rue Broca, il s'est surtout tourné vers la littérature dite pour enfants ; mais il ne faudrait surtout pas oublier pour autant qu'il est avant tout un conteur fantastique, depuis ses premières nouvelles dans l'imputrescible fanzine Lunatique, vers 65-66 (où l'auteur de ces lignes débuta aussi !), et cet excellent roman vampiresque que fut La vie, la mort et la résurrection de Socrate-Marie Gripotard en 1968...
Avec La rose réaliste, Gripari revient au terrain où il s'est toujours complu, peut-être secrètement, mais en tout cas avec constance : la courte étude de mœurs, la parabole moraliste. Mais attention ! Qu'on n'aille pas croire que Gripari est (re)venu au réalisme ou au naturalisme... Ses saynètes à moralité perverse, il les tire avec un grand naturel, et tout naturellement, du fantastique, ou vers le fantastique. Avec son travers de toujours : une propension, trop évidente pour être pleinement honnête, à se situer « à droite », comme le prouve La rose du titre qui, pour n'être point mitterrandienne, réussit en quinze lignes à évoquer Lénine et à le renvoyer à l'ordure. Mais peut-être faut-il être de droite pour être encore moraliste, et faire surgir ce léger moralisme social des décors de tous les jours, des petites gens, des vieux quartiers où pourrait se trouver une rue Broca ? Quoi qu'il en soit, Gripari n'est jamais meilleur que lorsqu'il met en scène ses personnages, à savoir lorsqu'il écrit des pièces ultra-courtes, comme L'art de la fugue, variation très drôle sur le détective privé et sa cliente, ou Après le jugement, où un Musulman en paradis n'est pas montré sous un jour très favorable...
Dieu, le diable, l'au-delà sont d'ailleurs le thème favori de l'auteur, qui en donne bien d'autres variantes, comme dans Mésaventures de Dieu où, à la suite de bien d'autres, il réécrit la Genèse... en trois pages. Tout n'est bien sûr pas de cette eau, et parfois Gripari glisse dans son recueil des piécettes plus faciles, ou carrément de remplissage, comme Histoire d'un quart d'heure (un texte écrit effectivement en un quart d'heure !), ou Au cinéma, vague essai sur le spectateur dégoûté du Septième art. En fait, Gripari nous offre là, en vrac, ses fonds de tiroirs (ou plutôt ses fonds de miroir, comme l'écrivait si joliment Jean-Claude Forest), où chacun peut trouver quelques reflets à son image. L'art de la fugue, en somme, des lignes de fuite à suivre d'un œil complice, amusé, rapide.