Après le Jihad Bultérien, la paix revient dans la Galaxie. Les Machines ont reculé sur tous les fronts. Omnius semble en déroute. L'un des principaux artisans de cette victoire, Vorian Atréides, peut espérer savourer sur Caladan un loisir mérité.

     Mais les Titans survivants n'ont pas dit leur dernier mot.

     Les Humains libres devront les affronter dans une dernière bataille où tout peut être gagné : elle aura lieu sur Corrin, dernière forteresse d'Omnius. Les Machines pensantes seront enfin éradiquées ou les humains retomberont sous leur joug...

     Ce roman de Science-fiction a été écrit en parallèle par deux auteurs aux spécificités bien particulières, Brian Herbert, fils aîné de Frank Herbert créateur de Dune et Kevin J. Anderson collaborateur de plusieurs écrivains et réputé pour son sens aigu du rythme dans les scénarios.

     Il doit être abordé en fonction des connaissances que l’on a du cycle de Dune, nom du premier ouvrage de Franck Herbert publié en 1965 et suivi par cinq livres : Messie de Dune, Enfants de Dune, Empereur Dieu de Dune, Hérétiques de Dune, Maison des Mères avec les compléments posthumes : Les Chasseurs de Dune et Triomphe de Dune.

     Après la disparition de l’auteur, Brian Herbert et Kevin J. Anderson développèrent dans le même univers trois groupes d’ouvrages, Avant Dune, Après Dune et Dune la Genèse. C’est dans ce dernier qu’ont été écrit dans l’ordre, respectivement : La Guerre des Machines, Le Jihad Butlérien et enfin La Bataille de Corrin qui le clôture.

     L’ensemble de ce gigantesque cycle s’appuie sur une mixture de Science fantastique, magies, sortilèges en tout genre et décrit la vie d’un univers aux multiples mondes imaginaires où un produit, l’épice, fait des miracles.

     La Bataille de Corrin appartient à ces romans que l’on pourrait qualifier à structure brutale. Énorme avec ses 756 pages, il n’est pas organisé en chapitres, mais en une multitude de segments du genre « tranche de vie » d’une dizaine de pages environ, chacun précédé d’une citation ou d’une maxime issue de l’imagination des auteurs et illustrant son contenu avec d’ailleurs plus ou moins de réussite. Ce découpage, à la mode aujourd’hui, simplifie la lecture, mais exige un effort de synthèse non négligeable. L’écriture en phrases courtes avec peu de virgules et encore moins de points virgules accentue le rythme qui se veut parfois assez haché. Une introduction préalable n’aurait pas été superflue pour les néophytes de Dune et même les autres.

     L’action générale n’échappe pas aux poncifs du genre : la souffrance à tous les étages. L’histoire qui débute soixante neuf années avant celle de Dune décrit la fin des affrontements hommes-machines des deux romans précédents.

     Le récit démarre parallèlement dans plusieurs mondes. D’abord sur Corrin, le monde d’Omnius, cerveau mécanique qui veut se venger de précédentes attaques des humains. Il délègue pour ce faire Erasme, un robot intelligent qui développe avec l’aide d’un savant humain qu’il a fait démembrer ( !) une arme biologique destinée à réduire l’humanité à sa plus simple expression. Ses travaux se passent dans une prison où, pour lui permettre d’expérimenter la solution que l’on pourrait qualifier de presque finale, de nombreux humains souffrent atrocement. Paradoxalement, ce robot éduque et protège Gilbertus, un humain qu’il se veut comme descendant, et conserve des clones d’une ancienne légende humaine, Serena Butler. Le segment suivant nous transporte sur la planète Caladan et nous présente Vorian Atréides, héros récurent de l’ouvrage avec quelques informations sur l’histoire qui précède ces nouvelles aventures. Un passé déjà lourd de contentieux se dévoile au lecteur. Tout de suite après, ou plutôt devrait-on dire parallèlement, nous débarquons sur Honru pour voir l’armée du Jihad, organisation humaine, détruire un bastion défendu par Omnius. Durant ce temps, une flotte de combat du même Omnius, représentant des Mondes Synchronisés, attaque le bastion des Cymeks sur Richèse où un titan dénommé Agamemnon, robot semi biologique et père de Vorian, va montrer ce dont il est capable.

     Sur Kolhar, Norma superwoman travaille sur des équations mathématiques et cherche à voyager rapidement en traversant l’espace plissé tout en supervisant la construction de vaisseaux de guerre pour le Jihad. Nul doute que ses connaissances et ses dons particuliers la préparent à un destin hors du commun.

     Enfin nous terminons sur Arrakis, la planète aux épices pour rencontrer un ver de sable de Dune et connaître ses redoutables potentialités. La Venkee, seul acheteur officiel, va probablement avoir des problèmes avec les prospecteurs et les habitants du lieu et Ishmaël, héros du coin en lutte contre une nouvelle race d’esclavagistes et d’exploiteurs va se heurter à son principal ami qui souhaite émanciper sa planète.

     Le décor étant ainsi planté, les événements vont débuter et s’enchevêtrer dans une noria d’affrontements et de batailles homériques balisée par les destinées des principales familles des héros.

     Après moult péripéties dont une agression presque fatale, le monde des humains conduit par le héros principal Vorian Atréides et aidé par Norma, va engager d’abord le siège puis l’énorme bataille de Corrin dont il sortira vainqueur. Hélas pour lui, il aura encore à rencontrer les Titans et Vorian sera de nouveau à l’ouvrage. Prêt au sacrifice, en conflit avec sa conscience et son devoir filial, il sortira indemne du combat d’une manière surprenante.

     Au fur et à mesure du déroulement de l’histoire, l’aversion des humains pour les machines deviendra de plus en plus violente et finira par l’émergence d’un nouveau culte, celui de Serena. À l’instar d’un raz-de-marée inexpugnable, il poussera les populations à la destruction totale des matériels et produits technologiques des mondes habités. Cependant, vers la fin du roman, il restera dans l’univers plusieurs gardiens discrets dont Norma et un pool de sorcières pour conserver, dans un mélange subtil de puissance magique et de technologies, les acquis scientifiques de la civilisation. Comment ? C’est aussi l’un des morceaux d’anthologie de l’ouvrage.

     Pour le lecteur francophone, les noms (même en anglais) semblent tirés d’un drôle de chapeau Vice roi : O’Kukovitch, Grand patriarche : Xander BoroGinjo, Suresprit : Wallach IX, etc. Les invraisemblances internes sont assez nombreuses. Ainsi un super cerveau biologique, Vidal le dernier Cogitor de la Tour d’Ivoire, peut quitter Celsius et y revenir librement après s’être frotté au Titan Agamemnon et avoir fourni à Omnius, l’un des pires ennemis de l’humanité, des informations primordiales sur l'attaque qu’il va subir. La punition suivra plus tard : Rayna, la meneuse de la révolution cultuelle s’appuiera sur sainte Serena pour le faire détruire par une multitude en délire.

     La structure politique de la société semble assez bancale avec un vice-roi et un patriarche pourvus de presque tous les défauts et sans beaucoup d’autorité. Les militaires, les traîtres à part évidemment, gardent un peu d’honneur ; on y trouve aussi des chevaliers Maître d’escrime qui y laissent la vie.

     Ce roman possède à l'évidence tous les ingrédients nécessaires à l'élaboration d'un bon roman de science-fiction avec une superdose de fantastique tout de même. Les personnages, divers et variés, vont de l'automate pensant en passant par l'automate pourvu d'un cerveau biologique jusqu'à l'humain et son pendant, le cerveau conservé dans un gel adéquat. Ce mélange permet d'imaginer des situations tout à fait remarquables en travaillant sur les oppositions qui naissent entre automate pensant et humain, automate biologique et humain etc. etc. Dans chaque affrontement les auteurs n’omettent pas les variantes et développent ainsi différentes philosophies et convictions religieuses.

     Dans ce sens, il y a pléthore de sujets et ce trop-plein entache l'unicité de la rédaction et la fluidité de la lecture. Malgré le nombre élevé de pages il semble encore manquer de place pour tout exprimer et parfois les fins de carrière en sont réduites à leur plus simple expression comme celle d’Abulurd qui se termine, descendance comprise, en deux pages. Les auteurs n’auraient-ils pas été un peu trop ambitieux ?

     De la page où Norma se rassasie de l’Épice pour se transformer en pilote de vaisseau d’espace plissé jusqu’au monde des sorcières qui doit les préparer à essaimer dans l'univers comme des apôtres d’une religion non définie, le roman nous transporte continuellement dans des paysages virtuels où la fiction et le fantastique l’emportent. L’imagination du lecteur doit suivre.

     L’avantage conséquent de ce roman est qu’il permet d’aborder le cycle de Dune sans lire la panoplie de ses ouvrages.

     Le lecteur doit s’attendre à parcourir un livre dense en personnages, en actions et en événements. Sa soif d’imaginaire et de nouveautés devrait être comblée surtout s’il n’a jamais lu un livre du cycle.

     Pour ceux qui ont eu à en connaître, c’est aussi un excellent moyen de rafraichir sa mémoire et de développer encore plus son fantastique dans cet univers si particulier de la Science-Fiction.