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La Mémoire du crime

Jacques BARBÉRI

Première parution : Paris, France : Denoël coll Présence du Futur n°534, septembre 1992
Cycle : Narcose  vol. 2 


Illustration de Philippe SADZIAK

La VOLTE (Clamart, France)
Dépôt légal : février 2009, Achevé d'imprimer : janvier 2009
Réédition
Roman, 192 pages, catégorie / prix : 18 €
ISBN : 978-2-917157-06-0
Format : 16,8 x 23,0 cm
Genre : Science-Fiction

Pas grand-chose à ajouter. Une coquille (obession) dans le texte de quatrième n’avait pas été reproduite sur la fiche. Et tant mieux…


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
Jacques Barbéri, né en 1954, est écrivain et musicien, son œuvre littéraire, inclassable, est composée d'une dizaine de romans et de nombreuses nouvelles. Que ses histoires prennent pied dans la cité Narcose où ailleurs, ses obsessions nous hantent : métamorphoses de la chair, mythe, altération de la mémoire ou de la perception du réel. Les romans autour de Narcose sont publiés à la Volte.
 
Qui a tué Pricilla Rosewater ?
Harry Botkine est un artiste consacré, un as des concerts en perfusion collective.
Lorsqu'il reçoit le corps de son amie momifié dans un cocon en soie d'araignée, il est déjà trop tard. Harry remonte le fil.
Ou n'est-ce-pas plutôt qu'il s'englue dans la toile tendue par le meurtrier ?
Narcose. Psychose ? Harry Botkine n'est-t-il pas le premier suspect ?
Ce n'est qu'au bout d'un voyage d'un érotisme torride et angoissant qu'Harry touchera au cœur de la psychomachination.
 
La Mémoire du crime est un roman de science-fiction délirant, qui se lit comme un polar, le deuxième volet du triptyque de Narcose
Critiques
     Après les excellents Narcose et L'Homme qui parlait aux araignées (critiques in Bifrost n°51), la Volte réédite aujourd'hui La Mémoire du crime, deuxième volet de la trilogie « Narcose » (mais lisible de manière indépendante, il ne s'agit pas d'une suite, quand bien même on trouvera quelques passerelles ici ou là) précédemment publié en 1992 dans la défunte collection « Présence du futur » des éditions Denoël, en attendant un troisième opus — inédit, cette fois — pour l'année prochaine, au titre éminemment dickien de Le Tueur venu du Centaure. On en salive d'avance...

     En attendant, La Mémoire du crime nous replonge dans l'univers déjanté de Narcose, la ville-sphère improbable. Nous y faisons la connaissance d'Harry Botkine, rodéomane de son état : au court de « concerts », il synthétise des œuvres littéraires sous forme chimique, pour redistribuer le résultat à ses fans sous perfusion collective. Une idée folle et géniale, typiquement barbérienne...

     Et de manière tout aussi délicieusement barbérienne, le roman débute sur les chapeaux de roue quand Harry se voit livrer chez lui le cadavre de sa compagne Pricilla Rosetawer, enrobé dans un cocon semblable à de la toile d'araignée (ce qui, là encore, est une obsession typique de l'auteur, qui nous réserve plein d'utilisations saugrenues des horribles bestioles dans son roman). Le cadavre se liquéfie rapidement, et Harry panique : craignant d'être accusé du meurtre, il nettoie toute trace de la défunte et du mystérieux cocon.

     Mais la curiosité le tenaille, et il se lance bientôt dans une enquête, dans l'Extrados et en dessous, afin de déterminer qui a tué Pricilla, et pourquoi. Une enquête plutôt maladroite, cela dit : Harry est pour le moins paumé, largement dépassé par les événements, et il accumule les gaffes... Mais les éléments commencent à lui tomber dans le bec, les femmes fatales se multiplient... et les cadavres se ramassent à la pelle.

     La Mémoire du crime est un roman dans l'ensemble bien plus sage que Narcose : là où ce dernier, suivant un train d'enfer totalement maniaque, nageait en permanence dans la folie furieuse, La Mémoire du crime, moins fou et nettement moins dickien, quand bien même il partage nombre d'aspects avec son illustre prédécesseur, suit un rythme plus classique d'enquête policière, avec un loser pour enquêteur. C'est un peu frustrant...

     Car, quand Barbéri se lâche, c'est toujours aussi jouissif : l'art du rodéomane, la demeure d'Esméralda, l'ingénierie génétique à base d'araignées, et, partout, tout le temps, les plastitêtes en folie et les verres de scotch-benzédrine... Un vrai bonheur. Servi comme il se doit par une plume dense et efficace, pour notre plus grand plaisir saturée de néologismes et de mots-valises en pagaille. Pas de doute : Barbéri a une voix, unique dans la S-F française, et immédiatement reconnaissable.

     Ici, cependant, il ne se montre pas aussi convaincant que dans Narcose ou L'Homme qui parlait aux araignées. La folie est longtemps retenue et, si l'on ne s'ennuie pas à la lecture de cette Mémoire du crime, on ne retrouve pas pour autant la même passion que dans les ouvrages précités. Barbéri s'amuse avec les codes du polar, et c'est la plupart du temps savoureux, mais pas toujours ; en parallèle, le roman est truffé de saynètes érotiques pas forcément indispensables et dans l'ensemble peu convaincantes...

     Dommage. Car, passée la moitié du (court) roman environ, après nous avoir baladés de témoins en suspects de manière très « compréhensible », Barbéri ouvre de nouveau les vannes, et c'est avec délice que l'on se laisse emporter dans les flots furibonds du Grand N'importe Quoi, jusqu'à un final en forme d'apothéose. Ici l'on retrouve Narcose, et l'influence dickienne (le questionnement de l'identité et de la réalité), qui était beaucoup moins sensible dans les cent premières pages.

     La Mémoire du crime est un roman digne d'intérêt, aucun doute à ce sujet. Mais il est quand même un bon cran, sinon deux, en dessous de Narcose, dont il bride peut-être trop longtemps l'imagination déjantée qui en faisait toute la saveur ou presque. Reste un bon polar S-F, servi par une plume audacieuse et réjouissante. De quoi patienter en attendant Le Tueur venu du Centaure...

Bertrand BONNET
Première parution : 1/7/2009 dans Bifrost 55
Mise en ligne le : 1/11/2010

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