MALPERTUIS
, coll. Brouillards n° 8 Dépôt légal : septembre 2009 Première édition Anthologie, 294 pages, catégorie / prix : 16 € ISBN : 978-2-917035-12-2 Format : 15,6 x 23,4 cm✅ Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Que faire lorsque le monde se dissout autour de vous et que seule votre parole subsiste encore ? Est-il possible d'aimer au point de subir une terrible métamorphose ? Que peut devenir un golem égaré dans le monde moderne ? Que feriez-vous si vous croisiez un vampire au rayon des surgelés ?
Vingt et une nouvelles tentent de répondre à ces questions, et bien d’autres encore, à travers le prisme du fantastique...
Nouvelles de Nico Bally, Sophie Bataille, Ophélie Bruneau, Jean-Michel Calvez, Lucie Chenu, Sophie Dabat, Patrick Eris, John Everson, Laurent Fétis, François Fierobe, Jacques Fuentealba, Benoît Giuseppin, Léo Henry, Brian Hodge, Romano Vlad Janulewicz, Jess Kaan, Nicolas Kempf, Claude Mamier, Sylvie Miller, Jean-Pierre Planque, Guillaume Suzanne, Brice Tarvel, Clara Williams.
Inédit. Première parution en 2009 (non référencée dans nooSFere).
21 - Jean-Pierre PLANQUE, Peau douce, peau froide, pages 223 à 228, nouvelle
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in Xuensè n° 53 (Alain LE BUSSY, 2004) - in Horrifique n° 48 (André LEJEUNE / ÉDITIONS MACABRES, 2005) sous le titre Peau douce, peau froide (ou chérie, j'ai trouvé un nouveau job !)
22 - Sophie DABAT, Plume d'ange (Annonciation, court-bouillon, putréfaction), pages 229 à 236, nouvelle
Inédit. Première parution en 2009 (non référencée dans nooSFere).
23 - Léo HENRY, Ekphrasis, pages 237 à 249, nouvelle
Inédit. Première parution en 2009 (non référencée dans nooSFere).
24 - Brian HODGE, Béni soit le péché (Hate the Sinner), pages 251 à 280, nouvelle
Inédit. Première parution en 2009 (non référencée dans nooSFere).
25 - (non mentionné), Biographie des auteurs, pages 281 à 286, dictionnaire d'auteurs
Inédit. Première parution en 2009 (non référencée dans nooSFere).
Critiques
Lorsque Thomas Bauduret et Christophe Thill créèrent les éditions Malpertuis en 2007, un certain nombre de projets devaient lancer la maison. L'anthologie Malpertuis I en faisait partie, qui présenterait une manière de panorama du fantastique contemporain. Ce livre a mis deux ans à se faire, mais il est désormais présent sur les étalages, présenté par son anthologiste Thomas Bauduret, dont la passion l'aura sans doute poussé à écrire dans sa préface : « des auteurs connus, d'autres moins, voire des premières publications (qui ne le resteront pas longtemps)... ». Eh bien si : le principe d'une première publication, c'est qu'elle le restera à jamais. Pas grave, on a bien compris ce que voulait dire Bauduret.
Ne vous fiez pas à la quatrième de couverture : au lieu des 21 nouvelles annoncées, vous aurez bien 23 textes à vous mettre sous la dent. Fatalement, avec un tel nombre, et une telle disparité dans la notoriété des auteurs, on a affaire ici à une anthologie très inégale. C'est sans doute le prix à payer pour présenter de nouvelles plumes : de nombreux textes s'avèrent médiocres, moyens ou tout juste satisfaisants, car souffrant d'incohérences, de dialogues qui sonnent faux, d'une écriture qui mériterait d'être retravaillée. Espérons que la plupart de ces auteurs sauront évoluer au cours de leur carrière, et saluons le courage de Malpertuis pour leur fournir une première tribune (à noter néanmoins que leurs nouvelles n'ont pas nécessairement grand-chose à envier à celles de certains écrivains plus huppés).
Mais concentrons-nous davantage sur les meilleurs textes de l'anthologie : Laurent Fétis nous raconte l'histoire du golem du point de vue du golem lui-même, et cela fonctionne plutôt bien, même si la fin est un brin faible. L'héroïne de John Everson, malgré son âge avancé, n'est pas loin de succomber à l'appel de la Lune ; une nouvelle émouvante, subtile, sur la frange instable entre rêve et réalité. Claude Mamier nous livre une astucieuse relecture du thème des zombies ; et si leur statut n'avait rien à envier à celui des humains ? Le texte de Jacques Fuentealba est désorientant, qui nous propose une vision bien glauque d'un homme tellement dominé par la femme qu'il aime qu'elle fait de lui son chien au sens propre. Léo Henry choisit d'aborder le thème du vampire, mais selon un angle inédit : comme son protagoniste ne peut absorber que du sang, il engage un homme pour manger des mets et lui décrire ce qu'il ressent. Inventif, et comme toujours avec Léo Henry, d'une grande beauté formelle. Un autre auteur qui manie le style avec élégance, c'est François Fiérobe, mais « Les Chemins de Khtâr » souffre d'être beaucoup trop calqué sur Borges pour être pleinement convaincant ; dommage, l'idée de départ était très belle. On signalera pour terminer le beau texte sur l'amour filial de l'alter ego de l'anthologiste, Patrick Eris, le fantastique paysan, prévisible mais efficace, de Sylvie Miller, et les deux vignettes humoristiques, de Nico Bally sur la notion de confiance, et de Guillaume Suzanne sur le moyen de guérir le cancer. Et le volume se clôt par un très étonnant texte de Brian Hodge, sur une secte bien particulière, auquel on préférera toutefois son recueil, un must en matière de fantastique déviant, Musiques liturgiques pour nihilistes.
Au final, une anthologie d'un niveau moyen, sans texte inoubliable, mais avec quelques nouvelles fortes mais aussi pas mal de textes sans grand intérêt ; corollaire obligatoire à la publication d'auteurs débutants ou peu confirmés. Il sera intéressant de mesurer le chemin parcouru lors de la parution prévisible dans quelques mois de Malpertuis II.