Lors de leur première expédition sur la planète Monde, les Terriens avaient découvert deux artefacts, sans doute créés par les mystérieux concepteurs des trous-de-vers. L’un, en orbite, a explosé lorsqu’on a voulu l’introduire dans le tunnel spatial, provoquant la destruction du vaisseau terrien. L’autre est enterré dans la roche des Monts Neury, lieu sacré et tabou pour les habitants de la planète.
Comme il génère un champ de probabilité, il pourrait constituer une arme inestimable dans le conflit qui oppose la civilisation humaine aux Faucheurs, qui détruisent systématiquement les colonies galactiques et refusent toute forme de communication.
Pénétrant de nouveau dans les montagnes mondiennes, militaires et scientifiques vont extraire l’artefact inconnu de la gangue rocheuse où il est enterré depuis cinquante mille ans et tenter de le tester malgré le danger qu’il représente pour Monde. C’est cela ou perdre la guerre contre les Faucheurs...
Dans le même temps, l’un d’eux a été capturé. Une femme douée d’un talent d’empathie très développé, une Sensitive, va tenter de communiquer avec lui. Arrivera-t-elle à faire dire au Faucheur en quoi consiste leur arme invincible ?
Après Réalité partagée, voici le deuxième volet de cette passionnante trilogie de space opera, inédite en France. Le dernier volet, Les Faucheurs, a obtenu le prestigieux John W. Campbell Award pour le meilleur roman de S.-F.
L'action d'Artefacts se déroule trois ans après Réalité partagée ; la civilisation terrienne perd lentement mais sûrement la guerre contre les Faucheurs, cet ennemi mystérieux qui détruit sans pitié les colonies humaines. La solution se trouve peut-être sur Monde, où il subsiste un artefact extraterrestre enseveli sous les monts Neury, à la suite de la première expédition scientifique et militaire.
Le major Kaufman monte alors une seconde expédition, avec un objectif double : tenter de comprendre si l'objet génère bel et bien un champ de probabilité — et communiquer avec le premier prisonnier Faucheur que la Terre ait jamais capturé...
Kress reprend donc le principe de la double intrigue qui faisait déjà la richesse de Réalité partagée, tout en affinant davantage le procédé — quitte à donner davantage de poids à l'étude scientifique de l'artefact. Il en résulte une plus grande maîtrise du rythme de l'intrigue, au détriment peut-être du foisonnement qui constituait une des forces du premier volume.
En effet, Monde et l'étude à caractère ethnologique associée se trouvent plus ou moins relégués à l'arrière-plan. Avec ses discussions sur la mécanique quantique et ses relations avec les probabilités, ce roman bascule nettement dans la hard science — tout en restant très accessible, ce qui mérite d'être signalé.
Bien sûr, des questions d'éthique font surface — peut-on piller le patrimoine d'une culture (l'artefact) pour sauver la sienne ? Les tentatives de communication avec le Faucheur ne sont pas non plus dénuées d'intérêt, et les personnages centraux (un major bien plus rusé qu'il n'en a l'air, un docteur en physique génial mais imbuvable, et une jeune femme capable de déchiffrer les moindres nuances du langage corporel) parviennent à aiguiser la curiosité du lecteur, et à le surprendre.
Mais comme la théorie scientifique derrière les artefacts reste la vedette de ce livre, il ne faut pas être surpris par le relatif polissage de la narration. Qu'importe, Artefacts est une bonne lecture, qui réunit toutes les qualités que l'on peut attendre d'un second volume : il développe le cadre introduit par Réalité partagée, établit les bases théoriques répondant aux questions posées, tout en ménageant suffisamment de suspense et de zones d'ombre pour atteindre, on l'espère, une conclusion flamboyante.