Le PRÉ AUX CLERCS
(Paris, France) Dépôt légal : janvier 2010 Guide, 660 pages, catégorie / prix : 22,90 € ISBN : 978-2-84228-386-5 Format : 15,4 x 24,0 cm Genre : Fantastique
Dracula, le sombre et sanguinaire héros du roman de Bram Stoker, est aujourd'hui une véritable icône de la culture populaire. Ce libre penseur, devenu l'archétype du vampire, incarne deux mythes à la fois : Faust et Don Juan — l'immortalité et la séduction absolue. Quand les autres vivent en troupeaux, lui affirme, du haut de sa superbe, sa solitude millénaire.
Dans ce dictionnaire, retrouvez l'univers de Bram Stoker, ainsi que tout ce qui a participé à ce succès en littérature, à la scène, à l'écran, en musique, dans la bande dessinée... Du Nosferatu de Murnau à celui de Werner Herzog, en passant par ses incarnations à l'écran, Bela Lugosi, Christopher Lee, Klaus Kinski ou encore Gary Oldman, sans oublier les lieux hantés par la figure du vampire, voici le tableau exhaustif des multiples représentations de Dracula qui ont marqué et marqueront encore durablement notre imaginaire.
Un ouvrage de référence, indispensable pour tous les amoureux des créatures de l'ombre et du fantastique.
Spécialiste de l'oeuvre de Bram Stoker et du mythe du vampire, Alain Pozzuoli a notamment publié Bram Stoker, Prince des ténèbres (Librairie Séguier) et Bram Stoker, OEuvres chez Omnibus en collaboration avec Jean-Pierre Krémer. Il est également auteur du film documentaire Whitby, la ville de Dracula réalisé par Jean-Michel Ropers.
Les amoureux des vampires auront attendu un bon moment ce livre que leur promettaient les éditions de l'Oxymore, mais dès qu'ils le verront, ils ne pourront que s'extasier. Qu'il s'agisse de son format, plus grand que les autres livres du même éditeur, ou de sa couverture, signée Sébastien Bermès, Dracula, le Lexique du Vampire s'avère un splendide ouvrage réunissant tous les renseignements que l'on peut désirer sur le thème du vampire.
Compilé par Alain Pozzuoli, le spécialiste et biographe de Bram Stoker, ce lexique peu ordinaire donne, par ordre alphabétique comme il se doit, les titres de chacun des films, séries, romans ou bandes dessinées répertoriés traitant du mythe du vampire, mais aussi les noms des principaux auteurs ou acteurs, les lieux importants dans la légende comme la Transylvanie ou l'Orient-Express. On y apprend qui a écrit quoi, bien sûr, mais on peut également s'initier à déchiffrer les symboles dont la légende regorge, et ce jusque dans les moindres détails, comme par exemple le choix du nom du navire qui transporte Dracula vers Londres : le Demeter. Eu égard à l'épaisseur de l'ouvrage (352 pages en format 22,6 x 17,5 cm), on comprend l'absence de certains titres, écartés parce que ne traitant pas exclusivement de vampirisme.
Agrémenté de quelques trop rares articles en encart, comme celui sur la controverse au XVIIIe siècle entre les partisans et les détracteurs de la croyance en l'existence des vampires, mais aussi d'autres, plus anecdotiques (celui sur le restaurant parisien « le Comte Dracula », par exemple), le Lexique du Vampire est un outil documentaire indispensable pour tout amateur de fantastique, certes, mais aussi un ouvrage fort agréable à lire car il entraîne l'imaginaire dans de nombreuses directions. Un excellent bouquin qui fait dire « encore ! »
Les fous sont admirables. Ou bien devrais-je dire : les passionnés ? A notre pleutre époque de politiquement correct et de nivellement culturel par le bas, les deux termes tendent hélas à se confondre dans la (bonne) conscience populaire. Louons alors des initiatives comme celle de l'Oxymore, petit éditeur de Montpellier qui ne cesse depuis six ou sept ans de proposer des livres exigeants, esthétisants et littérairement ancrés du côté merveilleux et fantastique de la nébuleuse « imaginaire ».
Cette fois, les audacieux sudistes se sont trouvés un allié de choc en la personne de l'anthologiste et dramatiste radio Alain Pozzuoli, grand spécialiste français de l'œuvre de Bram Stoker — et donc du prince des vampires, Dracula.
Bâtissant sur l'expérience du précédent ouvrage de cette collection, Le Dictionnaire féerique, l'Oxymore, qui est attaché à lutter contre le mercantilisme terne et s'active par conséquent à présenter des tomes ne pouvant que démanger les doigts des vrais amateurs de livres, a agrandi son format (le pavé est cette fois de grand format, toujours presque carré), particulièrement travaillé les effets de couverture (délicates dentelles brillantes sur le mat soyeux du pelliculage de base), et ajouté aux illustrations (grandes et nombreuses, par Sébastien Bermès dont l'inspiration ouvertement kitsch entretient un remarquable dialogue avec la matière d'un tel sujet) de nombreuses photos. Le détail n'est pas gratuit : l'effet de réel, le décalage délicieusement uchronique que procure la présence de véritables photographies sur un sujet par essence purement mythique, participe au charme à la fois érudit et un peu vénéneux, trouble, d'un dictionnaire aux allures de grimoire.
Le principe est simple : par ordre alphabétique, des entrées sur les auteurs, les créatures, les lieux, les personnages, les films, etc., qui sont en rapport avec le mythique Dracula. Le voyage commence par Achille et la malédiction des manuscrits (un roman pour adolescents), et s'achève avec Zoltan, le chien sanglant de Dracula (un film de 1978). Entre les deux, vous passerez des hauts lieux de Londres à des provinces de la Roumanie, et de Christopher Lee à Oscar Wilde, ou bien encore de l'Ordre du Dragon à la reine Victoria.
La coutume veut que, lorsqu'un chroniqueur rédige la critique d'un ouvrage de ce type, il pointe du doigt les quelques manques qu'il croit déceler dans le travail de l'auteur. Ne pouvant déroger à cette règle, je dirai juste que j'ai trouvé par trop congrue la part réservée aux œuvres de Kim Newman (juste un trop bref résumé d'Anno Dracula et rien sur ses suites), et plus encore à celles de Joann Sfar (qui méritait bien une entrée, à laquelle a droit Druillet par exemple). De-ci, de-là, des erreurs de détails laissent également penser que Pozzuoli n'a peut-être pas totalement fait preuve de la rigueur de recherche qu'exige un travail de cette ampleur et de cette spécialisation (en particulier dans l'établissement de l'index, incomplet). Enfin, je regrette à titre personnel la coupable indulgence de l'auteur vis-à-vis du navet commis par Coppola, de même que la légèreté de son entrée sur Jack l'Eventreur, par exemple sur les outrancières « révélations » de Patricia Cornwell quant au peintre Walter Sickert. Il y aurait vraiment eu beaucoup plus à développer sur les rapports entre le tueur de Whitechapel et le mythe vampirique que ces fades affabulations.
Quoi qu'il en soit, ce « lexique du vampire » n'en demeure pas moins un ouvrage aussi somptueux que fascinant, dont on espère qu'il trouvera le large public qu'il mérite : des érudits de la littérature fantastique aux mordus de cinéma bis, en passant par les jeunes gens « gothiques » aimant se couvrir de tissu noir et d'argenterie, l'éventail semble assez étendu... L'éditeur annonce pour bientôt un troisième titre dans sa collection, sous la forme d'un dictionnaire des fantômes : je l'attends avec intérêt.