Grâce au courage de Tamara Whalings, la Guerre Sombre a pris fin. Les antiques races qui ont quitté leur monde pour la Grande Barrière, « là où l'univers avance » ont donné aux Atlantes une légitimité qu'ils utilisent pour bâtir une nouvelle alliance avec les peuples extraterrestres. Mais, pris par cette mission, ils négligent ce qui se passe dans les mondes de la Fédération et notamment sur Mars, pour une humanité traumatisée par la destruction de la Terre. Ils ignorent ainsi la menace que représente le Cercle, dirigé par le prophète auto-proclamé Ezéchiel Middlway. Il se pourrait toutefois que Phoebe Oween, jeune femme naufragée et amnésique, ne soit la clef pour que soient à nouveau réunis les Fils du Soleil. A moins qu'elle ne les conduise tous dans une nouvelle guerre.

     Les Fils du Soleil est la suite d'Aquatica, du même auteur, qui relatait l'évolution sociale de la planète-océan Aquatica, confrontée à une guerre dévastatrice et à l'isolement. Ce second tome nous emmène quinze ans plus tard, alors que l'Humanité se trouve scindée entre une Fédération Terrienne décrépite, gouvernée par la peur et le fanatisme, et une Aquatica éclairée, enrichie par ses échanges avec de multiples races extraterrestres. Le moment est venu pour les Atlantes de renouer le contact avec la Fédération, mais aussi d'affirmer leur position au sein de l'échiquier politique extraterrestre.

     Aquatica n'était certes pas un livre exempt de défauts, et cependant il s'en dégageait un charme certain, principalement à travers des personnages attachants et un lyrisme prononcé. Mais si ce second opus veut utiliser la même recette, il ne parvient hélas pas à susciter la même magie.

     Les personnages des Fils du Soleil ont pourtant un fort potentiel, mais il reste globalement non exploité ; ou s'il l'est, c'est de manière peu efficace. En particulier, le caractère composite de l'héroïne, peu crédible, la réduit à un fourre-tout de la nature humaine ; et l'histoire d'amour qu'elle traverse aurait pu être très belle, si elle n'était tellement théâtrale qu'elle en bascule dans la mièvrerie. Quant au héros, le fils Leeward-Whalings, il manque de profondeur et de mordant.

     Mais surtout, et c'est là le principal point faible de ce second opus, la narration est bien trop approximative. En l'absence de description consistante, le lecteur ne parvient pas à s'investir dans l'univers ; et le style, empreint d'une certaine platitude, manque de souffle et de rythme.

     L'indifférence s'installe alors dans une première partie trop lente ; le jeu politique et social, pourtant bien traité dans Aquatica, est ici réduit à sa plus simple expression. Le livre ne commence en fait à trouver ses marques que dans une seconde partie plus enlevée, car plus riche en événements ; mais c'est trop tard pour réveiller la motivation du lecteur. C'est vraiment regrettable, car les faits prennent alors un tour intéressant et poétique, et font quasiment oublier un style pourtant peu épique.

     Les Fils du Soleil n'est donc pas à la hauteur de son prédécesseur. Les fans du premier opus auront quand même plaisir à retrouver l'univers qu'ils affectionnent ; mais ce second tome ne leur laissera pas un souvenir impérissable. Espérons un épilogue plus convaincant.