De la science-fiction japonaise, on connait un peu le cinéma, davantage les anime, et plus encore les mangas, mais rien ou presque côté littérature, à l'exception de quelques auteurs aux limites du genre, dont nous nous faisons de temps à autre l'écho dans ces pages (
Murakami Ryû,
Murakami Haruki). C'est ce vide que semble vouloir combler Glénat avec cette nouvelle collection. Et si les trois auteurs choisis pour l'inaugurer sont de parfaits inconnus, leurs œuvres en revanche nous sont déjà précédemment parvenues par le biais de diverses adaptations.
Comme « Library Wars », « Taitei no Ken » a été adapté en manga — et également publié par Glénat. C'est à peu près le seul point commun qu'on pourra trouver à ces deux œuvres. La série de Baku Yumemakura se déroule dans le Japon du XVIIe siècle, et introduit une dose de science-fiction dans le roman historique. Le récit débute lorsqu'un ovni s'écrase dans une zone montagneuse. On ignore ce qui se trouve à son bord, mais cet évènement va bouleverser la vie d'une poignée de personnages : Genkuro Yorozu, un guerrier solitaire au physique impressionnant armé d'une épée gigantesque, Mai, une jeune femme poursuivie par une armée de tueurs, Saizo, son protecteur, et quelques autres... Dans ce premier volume, Baku Yumemakura n'explicite quasiment aucun élément de son intrigue, et se contente d'enchainer les scènes de combat, lesquelles s'avèrent particulièrement sanglantes. On cesse très vite de compter les décapitations, les éventrations et les démembrements. On cesse encore plus vite de s'intéresser à cette succession mécanique de carnages, tournant au ridicule à force d'outrance. Il n'est qu'à voir cette scène grotesque dans laquelle un guerrier continue de se battre comme si de rien n'était tandis que son adversaire lui tranche membre après membre (p. 25). L'Epée de l'empereur, c'est le Sacré Graal des Monty Python réécrit par Uwe Boll. Pathétique.
Premier bilan mitigé donc pour cette nouvelle collection. Si The Sky Crawlers mérite le détour et nous fait découvrir un univers fort singulier, on conseillera en revanche d'ignorer les deux autres, produits de série des plus médiocres.
Notes :
1. Nous n'avons pas reproduit ici les parties de la recension consacrées aux deux autres ouvrages. [note de nooSFere]
Philippe BOULIER
Première parution : 1/1/2011 dans Bifrost 61
Mise en ligne le : 31/1/2013