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Petits arrangements avec l'éternité

Éric HOLSTEIN



J'AI LU (Paris, France), coll. Fantasy (2007 - ) précédent dans la collection n° 9718 suivant dans la collection
Dépôt légal : octobre 2011
Roman, 352 pages, catégorie / prix : 6,70 €
ISBN : 978-2-290-02601-4
Genre : Fantastique


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Eugène, monte-en-l'air patenté, dépouillait les riches intérieurs de la bourgeoisie parisienne, tandis que Slawomir faisait rimer ivrognerie avec philosophie. Et ce depuis belle lurette. Mais voilà que Grace est venue tout fiche par terre, une fois de plus. Pourquoi a-t-il fallu, primo, qu'elle se mette à la colle avec un milliardaire à la tête d'une secte de chasseurs de vampires psychiques, et, secundo, qu'elle lui révèle qu'elle et ses compères font partie de ce cercle très fermé ? La chasse a déjà commencé...

     Eric Holstein est né en 1969. Ce Parigot pur jus a traîné ses guibolles et sa grosse voix pendant dix ans dans la plus célèbre des radios rock de la capitale, avant de mettre son talent au service de l'écriture. Outre ces Petits arrangements avec l'éternité, on lui doit une poignée de nouvelles et le roman D'or et d'émeraude, étonnante uchronie qui revisite le destin de l'Amérique du Sud.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition MNÉMOS, Dédales (2009)

     Éric Holstein est, avec Charlotte Volper et Jérôme Vincent, l'une des têtes pensantes du site ActuSF, dédié à l'actualité de l'imaginaire, et des éditions du même nom. Mais Éric Holstein est aussi écrivain ; il avait été publié jusqu'ici par la revue canadienne Solaris, comme par exemple avec « À la croisée », très intéressante nouvelle sur un homme incarnant l'esprit du blues. Cette rentrée voit Holstein passer à la vitesse supérieure, puisqu'il est au sommaire de l'anthologie-événement, Retour sur l'horizon, mais surtout parce qu'il publie son premier roman aux éditions Mnémos, dans la toute nouvelle collection Dédales (dont on signalera au passage le logo pour le moins illisible).
     Petits arrangements avec l'éternité, c'est une histoire de vampires. Mais des vampires d'un genre particulier : il y a Eugène, qui tel le coucou passe son temps à s'incruster dans des appartements luxueux désertés par leurs proprios ; il y a aussi Grace, bimbo aux seins refaits ; et enfin Slawomir, un clochard. Tout ce beau monde va s'agiter lorsqu'un indien un peu barré s'éprend de Grace et souhaite devenir à son tour un immortel. C'est le point de départ d'un joyeux bordel qui verra les familles de vampires se foutre sur la tronche et mettre le souk à Paname.
     Pour entrer dans ce roman, il vous faudra donc adhérer au style du narrateur. Car, tout immortel qu'il soit, Eugène est surtout un sacré marlou, dont la gouaille ne se dément jamais. L'argot est son mode d'expression favori, même s'il utilise parfois un langage carrément vulgaire (qui convainc moins) et s'il sait utiliser un Français plus correct, notamment lorsqu'il décrit les œuvres d'art dont il est friand. Car, définitivement, Monsieur Eugène sait vivre. Et Holstein sait lui insuffler cette vitalité, à tel point que l'on se dit que s'exprimer en argot doit être une seconde nature pour l'auteur. Il a en outre conjugué ici cet amour des phrases bien troussées à sa passion pour Paris, que l'on parcourt de long en large, à grands renforts de noms de rue. Paris s'éveille, respire, bouffe, baise, et se rendort, bref Paname vit. Et l'énorme tendresse de Holstein pour sa ville suinte à toutes les pages.
     L'intrigue globale constitue sans doute le point faible du livre : il s'agit d'une énième histoire de familles de vampires antagonistes, comme on en a déjà vu des dizaines - — ce qui, soit dit en passant, montre bien que le thème des vampires n'est plus très loin d'avoir épuisé toutes ses recettes. Rappelons que l'auteur crie haut et fort qu'il n'aime pas les vampires ; n'oublions pas non plus qu'il s'agit d'un premier roman, et que de telles imperfections sont donc loin d'être rédhibitoires. Et puis, Holstein met une telle énergie au service de son récit qu'il nous fait oublier le caractère convenu de la trame de l'histoire, et que l'on passe ainsi un très bon moment de lecture, marqué par des personnages truculents, déjantés, imparfaits, bref humains. Et vivants.
     Avec Petits arrangements avec l'éternité, la carrière d'Éric Holstein débute par un roman très sympathique, qui malgré quelques imperfections saura sans aucun doute emporter l'adhésion de ses lecteurs. En attendant le prochain livre, avec l'espoir de le voir un brin plus original ?

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 6/10/2009
nooSFere


Edition MNÉMOS, Dédales (2010)

     Suivi de près chez Bifrost grâce à l'excellence de ses nouvelles publiées ici ou là, Eric Holstein fait partie des incontournables de la S-F française, notamment pour son implication dans le site (et les éditions) ActuSF. Autant dire qu'on l'attendait au tournant avec ce premier roman paru chez Mnémos, dans la toute nouvelle collection « Dédales », plus orientée vers la littérature borderline que les ouvrages habituels du catalogue. Surprise, Eric Holstein revisite le mythe du vampire à sa propre sauce (on est très loin de Bram Stoker), tout en évitant l'écueil du premier roman trop ambitieux. Petits arrangements avec l'éternité a l'immense mérite de ne jamais se prendre au sérieux, tout en assumant pleinement son côté série B parfois trop prévisible, mais essentiellement jouissive. Car si Eric Holstein ne nous offre pas ici son chef-d'œuvre incontournable conçu dans la rage et la haine pour changer à jamais la littérature, il nous balade agréablement dans un Paris fantasmé et déroule un scénario sans doute trop linéaire, mais avant tout efficace. Bien fichue, bien menée et parfois hilarante, l'intrigue de Petits arrangements avec l'éternité accroche impeccablement le lecteur, au point de lui donner envie d'avaler le livre d'une traite. Un vrai page-turner, donc, et qui marche, ce qui n'est jamais évident pour un premier roman. Au-delà de son indéniable réussite éditoriale, le roman d'Eric Holstein se distingue des autres par sa langue. Orale, argotique à l'extrême, mais toujours compréhensible et — ouf — jamais gonflante. Holstein projette son lecteur dans une sorte de modernité factice qui renvoie autant au dix-neuvième siècle qu'au vingt-et-unième. Une particularité temporelle subtile qui trouve un écho avec la longévité des vampires, perdus dans une époque où ils « vivent », mais qu'ils ne font souvent que traverser. Les vampires d'Holstein n'ont d'ailleurs plus grand-chose à voir avec leurs glorieux ancêtres. Ils ne craignent pas le soleil, se contrefoutent des crucifix et ne se nourrissent même pas de sang. Leur truc à eux, c'est l'âme. Ce sont plus des vampires psychiques qui bouffent de l'émotion que des Nosferatu certifiés conformes. Le problème de la crédibilité de l'histoire est donc largement réglé, ce qui, là encore, n'est jamais évident pour un premier roman. Du coup, le décor se plante de lui-même et une fois les premières pages avalées rapidement, on peut s'installer tranquillement et se concentrer un peu plus sur le sujet. On suit les traces d'Eugène, voyou parisien sympathique à la gouaille contagieuse, embarqué dans une embrouille cosmique par son ex, bientôt pourchassé par un troupeau d'hindous au sens de l'humour limité et obligé de faire alliance avec d'autres vampires plus ou moins recommandables pour faire face à la menace. Des aventures rocambolesques, donc, qui promènent Eugène à travers tout Paris, périple dangereux et sauvage peu avare en révélations. Car on s'en doute, on en saura forcément un peu plus sur l'origine de ces vampires un tantinet particuliers, sur leurs luttes intestines et — soyons fous — sur la vraie nature de la réalité. La fin du roman (qu'on aura la décence de ne pas raconter ici) est d'ailleurs une sorte de relecture (voulue ou non, c'est une question à poser à l'auteur) des dernières minutes du navet Men in Black, où une œuvre architecturale discutable assume enfin sa vraie nature, cette de vaisseau spatial patenté. Bref, si les délires d'Eric Holstein ne retournent pas la façon dont on envisage la littérature contemporaine, Petits arrangements avec l'éternité n'en reste pas moins un excellent roman, un joyeux divertissement assumé et un (très) bon moment de lecture. Reste à savoir si Eric Holstein s'est contenté de faire ses gammes avec ce premier coup, ou s'il a donné le meilleur de lui même. Quelque chose nous dit toutefois qu'on n'a pas fini d'en entendre parler... Un auteur de plus, un, et un vrai.

Patrick IMBERT (site web)
Première parution : 1/1/2010
dans Bifrost 57
Mise en ligne le : 10/7/2011

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