Il est un royaume mystérieux que l'on nomme Leilan, le pays des Illusions. Depuis qu'un drame affreux a frappé la famille royale, ses frontières sont fermées et son peuple est opprimé par l'infâme duc Korta. Une rencontre pourrait tout changer : celle d'un jeune messager, Axel, et d'une fascinante jeune fille aux yeux bleus. Mais un secret entouré de sorcellerie les sépare et rend leur amour impossible. Pourtant, autour d'eux, l'espoir renaît : un justicier insaisissable met les hommes du duc en échec. Qui est ce héros dont l'identité cachée est jalousement défendue ? Quelle est cette étonnante compagnie qui partage ses exploits ?

     Magali Ségura s'est fait connaître en juin 1999 par la publication de Contre la fatalité, une première nouvelle parue chez Mnémos dans l'anthologie Légendaire et rapidement récompensée par le Prix Bob Morane 2000. L'anthologiste Stéphane Marsan concluait alors  : « le talent de Magali est tout à fait prometteur et je suis certain que vous vous dites  : 'Vivement le roman  !' Il arrive, il arrive...  »

     Le voici, deux ans et demi plus tard...

     Un vaillant jeune messager qui n'hésite pas à traverser une forêt magique, un justicier dont le masque dissimule une belle jeune fille-aux-yeux-bleus, trois Fées qui tirent les ficelles de la destinée, un méchant duc fourbe qui opprime la population, un compagnon condamné à vivre sous l'aspect de différents animaux, des barbares télépathes... Ce sont quelques-uns des acteurs d'une aventure qui demeure pour l'instant assez conventionnelle  : le gentil garçon — un prince, évidemment — va aider la mignonne justicière à combattre le vilain félon.

     Si le ton de l'auteur n'est pas dépourvu d'une certaine fraîcheur, le rythme du récit manque malheureusement de dynamisme — malgré les intrigues du méchant, qui tente bien sûr de capturer nos héros — et le contexte fantastique n'est pas suffisamment spectaculaire pour compenser ce défaut — malgré les mystères que dissimulerait le royaume de Leïlan. Ce premier volume s'articule surtout autour de l'histoire d'amour des deux personnages principaux, épris l'un de l'autre depuis qu'ils se sont entraperçus dans l'enfance...

     On peut se demander si le choix des éditions Bragelonne de réunir toutes ses publications en une seule collection indifférenciée est judicieux. Qu'un ouvrage plus difficile d'accès comme le Wonderful de David Calvo côtoie des ouvrages sans doute destinés à un public nettement plus jeune risque peut-être d'égarer les lecteurs ou de conforter certains d'entre eux dans l'opinion que la fantasy est un genre mineur.

     En effet, il est ici évident que la simplicité de l'écriture et la légèreté de l'intrigue ne satisferont pas le connaisseur du genre, ni l'amateur d'ouvrages plus littéraires, plus originaux ou plus percutants. En revanche, la fraîcheur des Yeux de Leïlan lui permettra de séduire et de faire rêver les adolescentes romantiques, public auquel ce roman semble s'adresser en priorité.

     Depuis que Magali Ségura avait émerveillé les lecteurs de Fantasy avec sa nouvelle Contre la fatalité, prix Bob Morane 2000 (in Légendaire, aux éditions Mnémos), la sortie de son premier roman était très attendue. C'est maintenant chose faite avec Les yeux de Leïlan qui vient de paraître aux éditions Bragelonne. Et là, c'est la surprise.

     Axel arrive comme ambassadeur dans un pays ravagé par un bandit masqué. Il s'apercevra que la réalité n'est pas celle qu'on a voulu lui faire croire. Victoire, quant à elle, a été élevée depuis l'enfance pour sauver son pays tombé aux mains d'un suppôt du Mal.

     Quoique ce roman se situe dans le même univers que A Chloé (in Royaumes, Fleuve Noir) le ton en est très différent. Si les personnages sont toujours aussi attachants, on n'est plus dans le registre de la tragédie mais dans celui de l'aventure. Les héros rappellent Robin des Bois ou Zorro et même si Les Trois Fées impitoyables imposent un destin terrible à Axel et à Éléa, l'humour, la légèreté et l'espoir ne sont jamais bien loin. On peut, certes, regretter un certain manichéisme — Korta-le-Fourbe manque un peu de subtilité — mais Leïlan, le Pays des Illusions, recèle bien des mystères dont ce premier tome ne dévoile que quelques-uns.

     En fait, on a parfois carrément l'impression d'être dans un film ou une bande dessinée, tant sont vivantes les descriptions des personnages, des paysages et des merveilleuses amalyses, ces mystérieuses plantes conscientes — d'ailleurs, ne les voit-on pas bouger sur la très belle illustration de couverture de Philippe Munch ? En refermant le livre, on ne peut que soupirer et compter les jours qui nous séparent de la sortie du deuxième volume, Pour Eloïse , prévue pour le mois d'août 2002 . En attendant, le lecteur impatient pourra toujours aller glaner quelques renseignements sur le site Internet de Magali Ségura.