Absence d'oubli
N'en déplaise à Euclide, la ligne droite n'est pas le plus court chemin d'un point à un autre.
Comme tout un chacun, je cherche ma route.
L'univers est courbe. Soit. C'est quand même une drôle de chose que de savoir que, quoique je fasse et de quelque manière que je me tourne, la vérité sera toujours derrière moi, c'est-à-dire devant, et devant moi, c'est-à-dire derrière.
En la matière, mon bon sens ne peut se fier à mes sens pour trouver sens à tout cela.
À moins que, tout simplement, en essence, cette vérité ne soit en moi.
En ce cas, il me revient, comme tout quidam, de lui ôter son parapluie.
De perpétuellement la découvrir. Et la redécouvrir.
Le mystère est derrière le mystère.
Souvenons-nous de ce qu'écrivait jadis Platon : ° Notre prison est le monde de nos visions °
Comme le dit saint Paul — cité par Lincoln Barnett dans son livre Einstein et l'Univers — , l'homme « ne peut que s'émerveiller de ce que le monde ait été créé par la parole de Dieu, de telle sorte qu'il nous apparaisse fait de choses qui ne nous apparaissent point. »
De quoi éclater en sanglot. Ou se tordre de rire.
Dans l'absolu, tout est relatif.
Le rire est le soubressaut du néant.
— Seigneur Dieu, que représente pour toi un milliard de francs ?
— Pas même dix centimes !
— Et l'éternité ?
— Pas même une seconde !
— Alors, tu peux me filer dix balles ?
— Pas de problème, attend juste une petite seconde.