Qui est-il celui-là qui nous promet mille richesses d'âme alors qu'il ne sait même pas se payer des sandales ?
Arriverait-il le front ceint de vermeil menant d'un bras ferme un fier attelage que peut-être
nous l'écouterions, que peut-être nous serions hôtes de son équipage.
Pour l'heure avec quelle eau fumeuse présume-t-il pouvoir noyer le poisson ?
Croit-il qu'il est si facile de devenir calife à la place du calife ?
Entre le pire et le mieux, où croit-y donc que nous situe Dieu ?
On sait, on sait bien, on a bien compris que la foi déplace les montagnes, même si d'histoire d'homme
on n'en a jamais vu bouger une d'un quart de micromètre et que quand on nous sert le bobard pop'art
on a la vague impression d'être un con, un jobard, un prolo qui prend l'eau, un toquard, en clair :
un trou du cul qui s'fait mettre. On a bien entendu le sermon sur la montagne
qu'on peut, ma foi, déplacer si, en toute bonne foi, on a la foi et qu'on n'a pas les foies vu qu'on a la foi et, donc,
par la foi et les foies les deux à la fois, le cachet de la poste faisant foi, on a bien percuté que, vu notre
état d'fainéant, vaut mieux qu'on commence à la déplacer tout de suite, cette fichue montagne,
si on veut avoir la chance d'avoir encore devant nous vivant le charlatan qui nous a servi le boniment.
On a tous pigé que : Qui pisse loin ménage ses chaussures. N'empêche que, comme il est dit plus haut,
en vérité, je vous le dis.Qui est-il celui-là — ö scandale ! — qui nous promet mille richesses d'âme
alors qu'il ne sait même pas se payer des sandales ?
C'est comme ça ! On ne croit le prophète, si bon ventre il n'a pas, que si, au moins,
il porte quelques brillantes bagues au doigt.