Le VISAGE VERT
(Cadillon, France), coll. Le Visage Vert (revue) n° 22 Dépôt légal : juin 2013, Achevé d'imprimer : mai 2013 Première édition Revue, 192 pages, catégorie / prix : 17 € ISBN : 978-2-918061-23-6 Format : 16,0 x 24,0 cm✅ Genre : Fantastique
1 - (non mentionné), Éditorial, pages 7 à 7, éditorial 2 - (non mentionné), Auteurs publiés dans Le Visage Vert (n° 1-21), pages 8 à 192, liste 3 - Lolita M'GOUNI & Lucien PRÉVOST-PARADOL, Mon ami Hermann, pages 9 à 24, nouvelle 4 - Norbert GAULARD, La Double vie de Prévost-Paradol, pages 25 à 34, biographie 5 - Gelett BURGESS, L'Extincteur à fantôme (The Ghost-Extinguisher, 1905), pages 35 à 50, nouvelle, trad. Jean-Louis CORPRON, illustré par George T. TOBIN 6 - François DUCOS, Scotland Yard au pays d'Hoffmann, pages 51 à 82, article 7 - Camille MAUCLAIR, L'Argonaute et la sirène, pages 83 à 98, nouvelle, illustré par Albert BESNARD 8 - Michel MEURGER, Du côté des loups [I] Garous et meneurs de loups solitaires, pages 99 à 130, article 9 - Romain VERGER, Le Château, pages 131 à 139, nouvelle 10 - Rodolphe TÖPFFER, La Peur, pages 141 à 165, nouvelle, illustré par Gustave DORÉ & Rodolphe TÖPFFER 11 - Bret HARTE, L'Affaire de l'étui à cigares. Par A. C---n D--le (The Stolen Cigar-Case, by A. C---n D--le, 1900), pages 167 à 180, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL, illustré par W. DEWAR 12 - Stephen LEACOCK, Une mystérieuse affaire de détective (An Irreducible Detective Story; Hanged by a Hair or A Murder Mystery Minimized, 1916), pages 181 à 184, nouvelle, trad. Jean-Louis LASSÈRE, illustré par Philippe RIVIALE 13 - (non mentionné) & Delphine DURAND & Norbert GAULARD, Bio-bibliographies, pages 185 à 192, biographie
Critiques
Le premier auteur à l'honneur dans ce numéro est Lucien Prévost-Paradol (1829-1870) ; sa nouvelle, « Mon ami Hermann », nous présente un homme doté d'une terrible affliction : il vit littéralement deux vies car, une fois la nuit tombée, il s'endort irrémédiablement pour endosser une nouvelle identité, à l'autre bout du monde ! Et, curieusement, son caractère change du tout au tout. De ce postulat qui pourrait se révéler une chausse-trappe propice à toutes les facilités, Prévost-Paradol tire un authentique et inexorable drame. Le texte est complété par une biographie signée Norbert Gaulard.
Changement radical de ton avec le texte de Gelett Burgess : un homme invente un extincteur à fantômes. Oui, oui, comme dans Ghostbusters ! Sauf que cette nouvelle date de 1905, et se montre diablement malicieuse, l'inventeur tentant de tirer profit de sa trouvaille du mieux qu'il peut. Mais gare à trop expérimenter... Une jolie découverte.
Est-ce parce que nous en sommes au numéro 22 ? Toujours est-il que François Ducos nous propose un excellent article intitulé « Scotland Yard au pays d'Hoffmann ». Ou comment les éditeurs allemands ont tenté de lancer des détectives de l'étrange, en connaissant quelques réussites (John Sinclair), mais en accouchant aussi de nombreux romans désopilants dont quelques résumés, tout bonnement à pleurer de rire, nous sont proposés par Ducos, lequel arrive à nous donner furieusement envie de lire ces textes, alors que l'on est bien convaincu qu'il ne s'y trouve guère de chef-d’œuvre...
Dans la nouvelle de Camille Mauclair, nous assistons à la rencontre d'un Argonaute et d'une sirène, qui vont se retrouver échoués sur une île déserte. De facture classique, ce texte manque un peu de relief et d'enjeu, même si l'on se laisse volontiers porter par la très travaillée écriture de l'auteur.
Vient ensuite la première partie d'un dossier que Michel Meurger consacre à la lycanthropie : très instructif – comme toujours avec l'essayiste –, ce texte retrace l'historique du loup-garou, de ses premières apparitions jusqu'en 1710.
Seule plume moderne parmi les fictions, Romain Verger, que l'on a récemment vu chez le Vampire Actif (avec son roman Fissions), excelle dans « Le Château » à nous dépeindre l'ignoble avec un style particulièrement travaillé et évocateur.
La nouvelle de Rodolphe Töpffer, sobrement intitulée « La Peur », est intéressante par le discours sur la façon de susciter la terreur en procédant par petites touches qui, comme autant de couches, se referment peu à peu sur l'inconscient du narrateur. Le texte est joliment illustré de dessins de l'auteur.
Enfin, les holmésiens ne seront pas en reste puisque les deux derniers textes sont des parodies du célèbre détective : celle de Bret Harte est en quelque sorte un compendium de l'anti-Sherlock, tandis que celle de Stephen Leacock est une vignette ultra-courte en forme de pied de nez.
Au final, ce numéro du Visage Vert, fidèle à sa réputation, est une nouvelle fois solide, avec une étonnante découverte (Burgess), des fictions toujours intéressantes, et deux solides dossiers.