Un jeune garçon qui apprend l'art de la magie. Qui fait des bêtises, mais manifeste tant de bonne volonté et de talent qu'on lui pardonne. Qui, malgré lui, se trouve mêlé à des complots qui menacent le sort du monde ? Et dont les aventures font l'objet de plusieurs romans ?
Vous voyez de quoi je veux parler ? Erreur, il ne s'agit pas de ce à quoi vous pensez, mais de L'Amulette de Samarcande, premier tome de la Trilogie de Bartiméus, une oeuvre de fantasy trépidante destinée entre autres aux jeunes lecteurs. Bien sûr, la comparaison avec Harry Potter s'impose d'emblée, mais on aurait tort de voir dans ce roman une simple copie de l'œuvre de J.K. Rowling.
Tout d'abord parce que le garçon, Nathaniel, partage la vedette avec le dénommé Bartiméus, djinn invoqué par le magicien en herbe. Dans un Londres proche du nôtre mais où s'est répandue la magie, l'auteur alterne les aventures des deux protagonistes, au passé et à la troisième personne pour Nathaniel, au présent et à la première personne pour Bartiméus. Cette astuce dynamise la narration, et permet une identification aussi forte aux deux héros.
Ensuite, l'œuvre de Jonathan Stroud est ouvertement parodique : tous les actes de Nathaniel sont commentés par Bartiméus, qui ne se prive pas pour brocarder son jeune maître. Le djinn, qu'il convient de ne pas appeler démon sous peine de le voir se fâcher tout rouge, s'exprime également très — parfois trop — fréquemment par le biais de notes de bas de pages, qui sont autant de clins d'œil au lecteur complice. Lequel en oubliera du coup que le matériau de l'auteur est constitué de clichés rebattus — que Stroud arrive néanmoins à recycler sans que cela ne devienne pénible.
Enfin, Bartiméus se distingue d'Harry Potter parce qu'il s'agit là du premier tome d'une trilogie, et qu'on espère que l'auteur s'en tiendra là pour échapper aux redites qu'un cycle de sept romans peut difficilement éviter.
Bref, tout en s'en démarquant par certains points, ce livre se situe évidemment dans la mouvance Harry Potter, mais tant que celle-ci nous permet de lire des romans procurant un plaisir de lecture aussi évident que L'Amulette de Samarcande, on aurait tort de la bouder.