Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Les Flammes de la nuit

Michel PAGEL

Cycle : Les Flammes de la nuit (omnibus)



LES MOUTONS ÉLECTRIQUES , coll. La Bibliothèque voltaïque
Dépôt légal : juin 2014
Recueil de romans
ISBN : 978-2-36183-153-0
Genre : Fantasy

Édition numérique.



Quatrième de couverture
     Princesse et sorcière, Rowena naquit quelques minutes après que le soleil fût devenu vert.
     Dans le royaume de Fuinör, tout n’est que coutumes immuables, rituels éternellement répétés et rôles rigidement définis. Mais tout va changer : lorsque sept fées se sont penchées sur le berceau pour honorer l’enfant, un présent est fait qui n’a jamais été destiné aux femmes du royaume : l’intelligence. Une femme intelligente ! Étrange et complexe cadeau de l’enchanteur, qui a décidé que les choses devaient changer. Le destin de Rowena sera celui de l’insoumission, bouleversant les carcans de ce monde étrange.
     S’emparant des archétypes des contes de fées, des chansons de geste et de la fantasy à la Disney, Michel Pagel s’amuse à les distordre, construisant l’une des œuvres les plus originales du genre, une pierre majeure dans la construction de la fantasy en France.
     Pour la première fois, la réédition numérique de l’ensemble du cycle. Texte revu par l’auteur.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2000)

     En lisant les Flammes de la Nuit, de Michel Pagel, une vieille comptine espagnole, mise en musique et chantée par Paco Ibanez, m'est soudain revenue à l'esprit.

     Erase une vez (il était une fois)
     Un lovito bueno (un bon petit loup)
     Al que maltrataban (que maltraitaient)
     Todos los cordelos (tous les moutons)

     Y habia tambien (et il y avait aussi)
     Un principe malo (un méchant prince)
     Une bruja hermosa (une jolie sorcière)
     Y un pirata honrado (et un pirate honnête)

     Todas estas cosas (toutes ces choses)
     Habia una vez (il y avait une fois)
     Cuando yo sonaba (quand je rêvais)
     El mundo al reves (le monde à l'envers)

     Voilà qui pourrait fort bien constituer l'hymne du royaume de Fuïnor. Une jolie sorcière, une reine prompte à la bagatelle, des fées perverses, des dieux sadiques, des Fous à la rare sagacité... Pagel s'amuse à reprendre tous les poncifs de la littérature de la fantasy pour les pervertir avec une jubilation sadique. Les Héros y sont certes sans peur, mais plus par manque d'imagination que par courage — et il faudrait une bonne dose de mauvaise foi pour les croire sans reproche. Les fées y montrent une fâcheuse tendance au conservatisme et à la perfidie, de même que les dieux qu'elles servent. Comme dans Blanche-neige, elles se penchent sur le berceau des princesses, mais leurs voeux consistent généralement (quand aucun Enchanteur ne s'en mêle) à les rendre belles et stupides. Les Immortels s'y font tuer avec beaucoup de complaisance, quand ils ne sont pas eux-mêmes occupés à trucider les reines qui n'ont pas la décence de trépasser durant leur accouchement. La tradition, vous comprenez... C'est d'ailleurs, si l'on y pense, par souci d'ordre que pèche essentiellement ce monde : on ne s'aime que dans la contrée de l'Amour, on ne se bat que dans la contrée de la Guerre et l'on envoie dans la contrée de la Folie tous ceux qui menacent l'ordre établi — androgynes, paranoïaques, asociaux, mythomanes et autres marginaux. Un agencement qui là encore reprend les archétypes culturels, puisque tout y marche par sept : sept contrées, sept fées, et même sept couleurs pour le Soleil, qui change tous les dix ans.

     Aussi, lorsque survient un Enchanteur aux desseins mystérieux, motivé tant par la haine des fées que par le désir de changement et prêt à tout (y compris au mensonge, au viol et au meurtre) pour parvenir à ses fins, il faut s'attendre à une sacrée pagaille. On ne sera pas déçu. Surtout quand l'arme est une princesse-sorcière à l'esprit affilé par une perfidie, venimeux par la trahison et acéré par l'Exil. Et quand l'arme vous échappe des mains et devient absolument incontrôlable. Comme Michel Pagel le dit souvent, il écrit les livres qu'il aimerait lire et veut que l'on puisse s'identifier à ses héros. Aussi préfère-t-il les « gentils », comme le Fou ou Lynna, deux personnages particulièrement attachants, mais travaille-t-il davantage les « méchants », afin qu'ils échappent à la caricature et se montrent dans toute leur complexité. Rowena, comme l'Enchanteur, ont beau tuer, manipuler, rabaisser, ils n'en sont pas moins des être humains, capables de sentiments, parfois émouvants dans leur incapacité à assumer totalement ce que leur histoire a fait d'eux. Au point que l'on ne sait plus trop, tout compte fait, s'il faut se lamenter ou se réjouir du dénouement final.

     Autre élément intéressant, mais guère surprenant chez Pagel, adepte du mélange des genres et très friand de documentation, ce roman foisonne de références et d'allusions plus ou moins évidentes. Références mythologiques, d'abord, avec par exemple le personnage du Ketz, ou la très anglo-saxonne lutte entre le dragon rouge et le dragon blanc. Allusions aux contes de fées, bien sûr, avec les voeux sur le berceau ou le Château de l'Ogre. Mais également clins d'oeil ludiques aux chansons de geste du Moyen-Âge ou bien encore à Robin des Bois. Sans atteindre le niveau d'un Cinéterre, Les Flammes de la Nuit s'enracinent néanmoins dans tout un soubassement culturel, qui va des contes de fées aux films de série Z, en passant par la Carte du Tendre et les romans de chevalerie. Bref, du Pagel pur jus, ludique et jubilatoire, tendre et féroce, délicieusement pervers. On pourrait bien sûr lui reprocher quelques travers, comme par exemple de ne pas avoir suffisamment développé l'influence des changement de soleil sur le caractère des habitants de Fuïnor, mais ça tiendrait du pinaillage. Pagel, on le sait, aime avant tout raconter des histoires et non exposer des idées. Et il y réussit fort bien.

Nathalie LABROUSSE (lui écrire)
Première parution : 1/9/2000
nooSFere


Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2000)

     Sorcière du progrès

     Réédition chez Denoël, en un seul volume, de quatre romans initialement parus dans la collection « Anticipation » du Fleuve Noir, Les flammes de la nuit de Michel Pagel montre que la fantasy à la française peut-être tout aussi palpitante que son modèle anglo-saxon.
     Sur Fuinör, tous les dix ans, le soleil change de couleur. Il modifie en conséquence les couleurs du monde, celles de la peau, des cheveux, etc. Fuinör se divise en sept contrées. Dans celle du miroir où se dresse le château du roi la princesse Rowena vient au monde. Bien sûr, les Fées se penchent sur son berceau pour lui accorder des dons.
     Mais voilà bien le hic. Les Fées sont les gardiennes de la tradition. Par leur pouvoir, elles maintiennent les usages archaïques du monde, elles veillent à conserver un ordre immuable et figé.
     Or, bien des gens sont mécontents : serfs exploités, servantes violées, paysans spoliés...
     L'Enchanteur, énigmatique immortel, rêve d'un monde plus juste. Pour atteindre son but, il transforme Rowena en une toute puissante sorcière, qui l'aidera à combattre l'obscurantisme des Fées, à travers un récit épique, échevelé, farci d'intrigues, de meurtres et de batailles. Un récit qui démarre comme un conte de fées et se transforme peu à peu en tragédie shakespearienne, créant au passage quelques personnages charismatiques. Comme ceux de la famille Héros — Femme — Fou, dont le singulier mode de vie est à découvrir.

Jean-François THOMAS (lui écrire)
Première parution : 1/7/2000
24 heures
Mise en ligne le : 7/9/2002


Edition J'AI LU, Fantasy (2000 - 2007) (2002)

     En 1986-1987, quatre volumes paraissaient au Fleuve Noir, dans ce qui était alors LA collection populaire permettant à des auteurs francophones de gagner leur hamburger ou de faire leurs gammes. Si l'auteur n'était pas tout à fait un débutant, peu s'en fallait. Et dans une collection appelée « Anticipation » et en croyant (dit-il) écrire de la science-fiction, ce sont de bien curieuses histoires que racontait Michel Pagel — auquel a été consacré le dossier d'un récent numéro de la revue Galaxies. Dans ces volumes, il était question de princesses, de châteaux et de rois. De serviteurs immortels, de fées, d'enchanteurs, de chevaliers et de tournois. D'un monde confit dans les traditions, où les barons félons se font joyeusement massacrer avec leurs troupes dans le pays de la guerre, où les couples (légitimes ou non) sont tenus de ne s'ébattre que dans celui de l'amour, et où les exilés sont envoyés dans celui de la folie. Et où, plus loin, entre mer et forêt, d'étranges familles (héros, femme et fou-esclave) élèvent des enfants apportés par les fées et qui, plus tard, seront à leur tour héros ou fous selon leurs actes, et le resteront sauf si les cavaliers dorés, sur leurs chevaux ailés, massacrent un héros qui s'est empâté.

     On avait là moult poncifs du conte et de la fantasy. Poncifs immédiatement, spontanément et heureusement dépassés. L'ordre du monde est dénoncé comme ce qu'il est, arbitraire et stupide. La sorcière est belle, c'est la princesse. L'enchanteur et elle ont peu de scrupules lorsqu'il s'agit de parvenir à leurs fins, et la manipulation est le moindre de leurs travers ; assassinat et trahison sont d'ailleurs bien partagés. Ainsi, bien que la tradition et la volonté des dieux aient le dos large, et que victimes et bourreaux s'y soumettent sereinement, tout va partir en éclats. L'enchanteur le veut et fait tout pour cela, même s'il reste en partie soumis aux dieux. La princesse-sorcière l'a voulu, même si ses vengeances privées prennent le pas sur ses ambitions. Le fou délivré le veut aussi, lui qui même devenu roi reste le plus humain du lot. On fournit au peuple une copie de Robin des Bois, pour le soulever. Et l'amour s'en mêle, bien sûr, avec quelques retournements et variations. Le tout, quitte à ce que les bons ne triomphent pas.

     Bref, ce n'était pas mal il y a plus de quinze ans. On ne dira pas qu'en France, la fantasy n'était représentée que par Tolkien et des barbares déconnants, mais on le pense très fort. À peu près tout était à inventer ; Pagel, telle une marque de hi-fi, en a rêvé et il l'a fait. Rien que pour ça, la réédition vaudrait qu'on s'y arrête. D'autant qu'elle est désormais en poche, après Denoël et la collection Lunes d'encre. Mais au-delà même de l'archéologie, tout tient parfaitement la route. Les personnages et les faux-semblants, ce qui est creusé et ce qui reste très volontairement du carton-pâte, la violence et son rejet, et jusqu'au serpent mamba empruntant son phrasé à Audiard. Qu'il s'agisse de vivre le conte de fées ou de le critiquer à fond, on marche. On peut ajouter que les possesseurs des volumes originaux gagneront à acheter cette version et à comparer. À cause non de l'ajout de termes archaïques, même s'ils ne sont jamais lourds, mais d'un travail de suppression de lourdeurs ou de redondances qui n'apparaissaient pas comme telles, parce qu'on était emporté par l'histoire, mais dont l'élimination polit encore le texte, nous rappelant que Pagel est excellent écrivain et remarquable traducteur, et inversement, et fournissant une leçon d'écriture (dont le soussigné devrait s'inspirer, grince le rédacteur-en-chef).

     Cela fait bien des raisons de se précipiter sur ce livre.

Éric VIAL (lui écrire)
Première parution : 1/10/2002
dans Asphodale 1
Mise en ligne le : 1/9/2004

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 80891 livres, 95867 photos de couvertures, 76953 quatrièmes.
9452 critiques, 43939 intervenant·e·s, 1678 photographies, 3797 adaptations.
 
Vie privée et cookies/RGPD
A propos de l'association. Nous contacter.
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes.
Trouver une librairie !
© nooSFere, 1999-2023. Tous droits réservés.