Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Barrière mentale et autres intelligences

Poul ANDERSON

Textes réunis par Jean-Daniel BRÈQUE


Illustration de MANCHU

LIVRE DE POCHE (Paris, France), coll. SF (2ème série, 1987-) précédent dans la collection n° 33646 suivant dans la collection
Dépôt légal : février 2015, Achevé d'imprimer : janvier 2015
Recueil de nouvelles, 384 pages, catégorie / prix : 7,90 €
ISBN : 978-2-253-19515-3
Format : 11,0 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction

Couverture imprimée couleur recto/verso - version intégrale. Seul le titre "Barrière mentale" apparaît sur la couverture.


Quatrième de couverture
     Sous l’effet d’un phénomène cosmique insoupçonné, du jour au lendemain, tous les humains, même les plus ordinaires, se réveillent avec une intelligence décuplée. Ceux qui s’interrogent découvrent que notre planète a quitté une zone galactique inhibant les capacités du cerveau. Est-ce l’âge d’or enfin pour une humanité appréhendant, après des millénaires d’une évolution tourmentée, le prix réel de la vie, son caractère infiniment précieux ? Rien n’est moins sûr, d’autant que les animaux, eux aussi, acquièrent cette intelligence exceptionnelle et, avec elle, l’esprit d’indépendance, voire de vengeance.
 
      Premier roman de Poul Anderson – l’auteur de La Patrouille du temps, sept fois lauréat du prestigieux prix Hugo –, Barrière mentale est proposé ici dans sa version intégrale, accompagné de trois nouvelles dans lesquelles l’auteur explore la même thématique, et d’une postface signée par deux chercheurs en neurosciences cognitives.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Jean-Daniel BRÈQUE, Avant-propos, pages 7 à 12, introduction
2 - Barrière mentale (Brain Wave, 1954), pages 15 à 267, roman, trad. Alain DORÉMIEUX rév. Pierre-Paul DURASTANTI
3 - Les Arriérés (Backwardness, 1958), pages 269 à 288, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE rév. Pierre-Paul DURASTANTI
4 - Technique de survie (Survival Technique, 1957), pages 289 à 316, nouvelle, trad. Roger DURAND rév. Pierre-Paul DURASTANTI
5 - Terrien, prends garde ! (Earthman, Beware!, 1951), pages 317 à 335, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM rév. Pierre-Paul DURASTANTI
6 - Karim JERBI & Suzanne ROBIC, L'Intelligence : entre science-fiction et neurosciences, pages 357 à 379, postface
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition BÉLIAL', (2013)

Il aura fallu près de soixante ans pour que ce roman publié en 1954 soit enfin intégralement traduit. Tout avait pourtant bien commencé. La version originale avait eu la chance de ne pas se voir caviardée par l’éditeur américain, comme il était fréquent à l’époque, mais ensuite c’était une version française tronquée qui avait paru dans les deux premiers numéros de la revue Satellite en 1958. Comme elle avait été reprise à l’identique au Masque SF en 1974, il fallait bien s’en contenter jusqu’à présent.

Les événements — la Terre sort d’un champ électromagnétique inhibiteur de l’intelligence dans lequel elle avait été plongée avant même que n’apparaisse l’humanité ; les humains, mais aussi les animaux, voient alors leurs capacités mentales s’accroitre vertigineusement — sont censés se dérouler dans le futur proche de la date de publication américaine. Et ça se sent. Ainsi, Nathan Lewis a pris l’habitude de longs repas à Vienne, avant l’Anschluss (p. 36). Lorsque Corinth joue aux échecs contre Mandelbaum, allusion est faite au talent de J. Raul Capablanca, champion du monde de 1921 à 1927, mort en 42, plutôt qu’à V. Anand ou Magnus Carlsen, voire Kasparov, qui reste le plus connu du grand public (p. 56). Page 160, en matière de psychiatrie, il est question d’électrochocs et de lobotomies, des techniques passées de mode pour l’essentiel. Ça oblige à une curieuse gymnastique mentale. Les anciens livres de SF situés dans un futur proche désormais dépassé ont glissé dans une uchronie involontaire à l’étrange saveur…

Barrière mentale traite d’un accroissement global de l’intelligence et diffère en cela de livres tels que Des fleurs pour Algernon, de Daniel Keyes, ou Camp de concentration, de Thomas M. Disch, où il s’agissait d’expérience conduite sur une échelle de population des plus réduite. Notons que Poul Anderson ne limite pas son propos au seul accroissement de l’intelligence stricto sensu ; on voit poindre le thème des pouvoirs psi, récurrent dans la SF de l’époque, et allusion est faite à la « sémantique générale ».

Le roman s’articule autour d’une poignée de personnages : le physicien Pete Corinth, sa femme Sheila, Nathan Lewis, Felix Mandelbaum, Helga Arnulfsen et, à part, le simple d’esprit Archie Brock, tous reliés à travers le milliardaire Rossmann.

Il n’y a pas à proprement parler d’intrigue ni guère de progression dramatique en dehors du sort de Sheila, qui sert de fil rouge au roman. L’événement est survenu. Les personnages en prennent acte puis essaient, avec plus ou moins de bonheur, de s’adapter à la situation qui nous est présentée au travers de « sketches » dont quelques-uns sont situés ailleurs pour montrer la globalité du phénomène. 

« Heureux les esprits simples car le royaume des cieux leur est ouvert » (Mathieu 5.3) illustre le cas de Sheila, à qui l’augmentation intellectuelle n’a ouvert que sur la vacuité de sa vie de femme au foyer sans qu’elle parvienne à s’y adapter, car l’intelligence ne modifie ni le caractère, ni la personnalité. Elle voudrait revenir à la situation antérieure. Anderson imagine une scission de l’humanité en deux espèces distinctes : ceux qui ne se seront pas adaptés, et ceux qui se le seront. Archie Brock, désormais d’une intelligence normale, est, lui, satisfait de ne plus être l’idiot du village.

Anderson joue d’effets typographiques pour « montrer » l’évolution du langage, mais surtout on « dit » que l’intelligence s’est accrue — ou qu’elle est supérieure — plutôt qu’on ne le « montre », car cela reste une gageure de le mettre en scène.

Le roman est très spéculatif. Il ne cesse d’interpeler le lecteur à deux niveaux. Tout d’abord : est-ce que cela se passerait ainsi si l’intelligence venait soudain à être amplifiée ? Et, deuxièmement : qu’est-ce que l’intelligence ? Est-ce la capacité de traiter des informations nécessaires à la survie de l’espèce et, accessoirement, de la société qui n’a d’autre but ? Deux chercheurs en neurosciences cognitives signent un article sur la question en fin de volume, qui complète le roman en tentant de répondre aux questions posées.

Barrière Mentale soulève une riche problématique et le thème n’est pas si fréquent que l’on puisse faire l’impasse sur ce roman complété par trois nouvelles sur ce même sujet, malheureusement, à l’instar du roman, ni inédites ni rares. De la vraie SF qui fait réfléchir.

Jean-Pierre LION
Première parution : 1/10/2013
Bifrost 72
Mise en ligne le : 3/2/2019


Edition BÉLIAL', (2014)

            Un jour, le Q.I. de toutes les espèces augmente soudain. Les effets sont plus dévastateurs que bénéfiques : les animaux d’élevage s’échappent et se révoltent, les bêtes sauvages déjouent les pièges des chasseurs, la société s’effondre suite aux démissions en masse d’individus changeant de vie pour assouvir leur soif de connaissance et provoquant des pénuries. Les scientifiques, forts de leurs nouvelles capacités, abandonnent des recherches un peu futiles pour s’attaquer à des sujets passionnants mais jusqu’ici hors de portée, telle l’exploration spatiale, un nouveau système de propulsion leur permettant de confirmer la raison de cette brusque augmentation d’intelligence.

            Celle-ci serait due à un champ de forces que la Terre traversait depuis le Crétacé et qui aurait ralenti les échanges électromagnétiques, et donc les connexions neuronales. La vérification de cette hypothèse ne va pas sans mal puisque, entrant à nouveau dans le champ, les navigateurs s’en trouvent incapables de piloter leur astronef.

            En réaction aux désordres planétaires, une religion antiscientifique célèbre un nouveau culte de Baal. Ailleurs, des communautés se réorganisent, esquissant un semblant de civilisation que tous n’acceptent pas. Plutôt que de s’y rallier, un simple d'esprit, Archie, s’efforce de communiquer avec les animaux et institue avec eux des rapports plus égalitaires : chien, chimpanzé, éléphant, mais aussi faibles d’esprit jadis rejetés par tous, vivent en bonne intelligence sur un territoire délaissé. Ailleurs encore, Sheila, l’épouse de Peter Corinth parti dans l’espace, découvre combien sa vie est vide de sens et tente de revenir à son état originel.

            Bien des attitudes étonnent de la part d’esprits désormais plus achevés, mais les réactions malavisées sont essentiellement dues à l’accroissement soudain du Q.I., qui n’a pas laissé à tous le temps de s’y adapter, une intelligence supérieure ne signifiant pas une rationalité accrue, comme l’expliquent en postface Suzanne Robic et Karim Jerbi (on trouvera aussi dans ces pages trois nouvelles traitant du même thème : « Les Arriérés », « Technique de survie » et « Terrien, prends garde ! »).

            Anderson multiplie les approches pour décrire l’ensemble des conséquences, sociales et individuelles, par exemple un nouveau mode de communication, plus compact, qui se met en place. La succession rapide de vues d’ensemble et rapprochées, ainsi que le nombre de personnages, nuit à l’efficacité du récit. Mais il s’agit là du coup d’essai d’un jeune auteur qui a tenu à exploiter son univers dans tous ses détails. On le voit très au fait de l’actualité scientifique.

            S’il accuse son âge, notamment avec des problématiques en arrière-plan datant de la guerre froide, ce roman reste agréable à lire, surtout quand l’auteur s’attarde sur ses personnages, en particulier Archie dans sa communauté inter-espèces et Shirley, murée dans son désarroi.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/7/2014
Bifrost 75
Mise en ligne le : 5/4/2020

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 87248 livres, 112036 photos de couvertures, 83682 quatrièmes.
10815 critiques, 47138 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3915 adaptations.
 
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes. Trouver une librairie !
A propos de l'association  -   Vie privée et cookies/RGPD