SUPER 8
(Paris, France) n° (13) Dépôt légal : mai 2015 Première édition Roman, 500 pages, catégorie / prix : 20 € ISBN : 978-2-37056-025-4 Format : 14,0 x 20,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Existe aussi en numérique (ISBN : 978-2-37056-032-2).
Quatrième de couverture
De temps à autre apparaît un auteur amoureux de son art, du langage écrit [...] et des grands mystères qui résident de l’autre côté du monde physique. Il y avait William Faulkner, Cormac McCarthy ou Annie Proulx. Vous pouvez maintenant ajouter Michael Farris Smith à la liste.
James Lee Burke
Entre Mad Max 2 et La Route : le nouveau chef-d’œuvre post-apocalyptique.
L'ouragan Katrina n'était qu'un signe avant-coureur ; après des années de catastrophes écologiques, le sud des Etats-Unis, de l'Alabama au Texas, s'apparente désormais à un véritable no man's land. Plutôt que de reconstruire sans cesse, le gouvernement a tracé une frontière et ordonné l'évacuation de la zone. Le sud de la Limite est devenu une terre de non-droit ravagée en permanence par les tempêtes et les orages diluviens - un royaume sna sélectricité, sans ressources et sans lois.
Cohen fait partie de ceux qui, envers et contre tout, ont choisi de rester. Terrassé par la mort de sa femme et de l'enfant qu'elle portait, il s'efforce de panser ses blessures, seul avec son chien et son cheval.
Mais nul ne peut vivre éternellemnt dans les brumes du passé. Bientôt forcé de sortir de chez lui, il découvre une colonie de survivants menée par Aggie, un prêcheur fanatique hanté de visions mystiques. L'homme retenant contre leur gré des femmes et des enfants, Cohen les libére, et se met en tête de leur faire franchir la Limite. Commence alors, à travers un paysage dévasté, un étrange et terrible périple avec, pour horizon principal, l'espoir d'une humanité peut-être retrouvée.
Comparé par une critique américaine dithyrambique à La route de McCarthy et aux âpres chefs-d'oeuvre de Faulkner, Une pluie sans fin orchestre avec une étourdiqssante maestria les noces du conte métaphysique et de l'épopée funèbre, porté par une langue incantatoire.
Michael Farris Smith vit à Columbus, Mississippi. Une pluie sans fin est son premier roman.
Critiques
Impossible de commencer cette chronique sans dire aux lecteurs potentiels un mot de la quatrième de couv’. MadMax 2 ? Je ne comprends pas cette référence (ou je ne la comprends que trop, hélas). La Route ? Pourquoi pas. Mais l’écriture n’a rien à voir, a fortiori pour moi qui ai détesté le laconisme de McCarthy. Reste Faulkner et sa southern-lit. Là oui. Sûrement.
Futur proche. USA, précisément la Gulf Coast. Le changement climatique a fait de tout le sud de l’Amérique une zone de passage d’ouragans de plus en plus violents et rapprochés. Lassé de perdre un combat sans fin contre les eaux, le gouvernement fédéral a décidé d’évacuer les États du Sud, largement inondés, puis de tracer une Limite en dessous de laquelle il n’exerce plus aucune autorité. Des millions sont partis vers une vie de réfugiés dans le nord du pays, les plus chanceux y ont de la famille. Restent quelque illuminés, losers, aventuriers, menant une vie difficile et souvent courte en fouillant dans les ruines pour tenter de survivre. Cohen, seul contre toute raison dans la maison qui aurait dû abriter une vie heureuse avec sa défunte femme et leur fille à naitre, est de ceux-là. Bloqué en pleine névrose. Une rencontre douloureuse avec une « communauté » organisée autour d’un fou violent qui se prend pour Noé va l’obliger à sortir de sa torpeur. Il conduira alors, en Moïse post-apocalyptique et fortuit, un petit groupe de survivants vers la Terre Promise d’au-delà de la Limite. Un Exode pénible et dangereux au cours duquel il retrouvera une part de son humanité.
La littérature post-apo’ a le vent en poupe aujourd’hui. Au vu du réchauffement à venir, difficile de ne pas le comprendre. Dans ce qui est devenu un genre à part entière où le meilleur côtoie souvent le pire, Une pluie sans fin apparaît comme une très bonne surprise. Farris Smith décrit fort bien les lentes pérégrinations de Cohen et des siens, odyssée qui s’apparente à un chemin de croix moderne dans ce monde inondé et ruiné qui était, il n’y a pas si longtemps, le nôtre. Il construit finement des personnages dont le passé et les épreuves fondent la richesse, en équilibre instable entre ce qui fut (perdu pour l’essentiel), ce qui est, et ce qui sera peut-être. Il le fait en usant d’une écriture riche et complexe, qui suggère avant de décrire, saute sans transition d’une scène dialogique à l’autre, et utilise souvent des techniques proches du « courant de conscience ».
Une pluie sans fin est un premier roman dur, riche, très écrit, souvent hypnotique, éminemment recommandable.