Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Sept secondes pour devenir un aigle

Thomas DAY

Première parution : Saint-Mammès, France : le Bélial', août 2013

Illustration de Aurélien POLICE

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF précédent dans la collection n° 554 suivant dans la collection
Dépôt légal : août 2016
Recueil de nouvelles, 384 pages, catégorie / prix : F8
ISBN : 978-2-07-045815-8
Format : 10,8 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     D’une île du Pacifique à l’Australie, du Cambodge à la Californie, du Grand Nord canadien au Japon ; de la violence radicale à la fuite vers un monde virtuel, de la débrouillardise tranquille au sacerdoce, du combat pour la survie d’une espèce en danger à la lutte pour celle de l'humanité elle-même, embarquez pour six voyages vertigineux, six manières pour l’homme de se confronter à la nature, quand ce n’est pas à sa nature.

     Avec Sept secondes pour devenir un aigle, recueil de six textes centrés sur les problématiques écologiques et les enjeux auxquels doivent faire face les hommes d’hier, d’aujourd’hui et de demain, Thomas Day prouve que son talent a atteint la pleine maturité. Sept secondes pour devenir un aigle a d’ailleurs reçu le prix du Lundi et le Grand Prix de l'Imaginaire.

     Né en 1971, Thomas Day s’est imposé en quelques années comme l’un des auteurs les plus passionnants de l’imaginaire francophone, au fil d’une centaine de nouvelles et d’une quinzaine de romans (dont L’Instinct de l’équarrisseur, La Voie du Sabre — prix Julia Verlanger 2003 — et Du sel sous les paupières — Grand Prix de l'Imaginaire 2013).
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Mariposa, pages 9 à 64, nouvelle
2 - Sept secondes pour devenir un aigle, pages 65 à 105, nouvelle
3 - Éthologie du tigre, pages 107 à 182, nouvelle
4 - Shikata ga nai, pages 183 à 196, nouvelle
5 - Tjukurpa, pages 197 à 232, nouvelle
6 - Lumière noire, pages 233 à 351, nouvelle
7 - Yannick RUMPALA, Et la science-fiction entra elle aussi dans l'anthropocène..., pages 355 à 372, postface
8 - Remerciements, pages 373 à 374, notes
Critiques

    Sept secondes pour devenir un aigle interroge le rapport de l’homme à la nature et son impact sur elle, à la fois en tant qu’individu responsable et comme membre de l’espèce humaine. Pourtant, malgré un constat très noir, une pointe d’espoir subsiste souvent dans les nouvelles au sommaire.

    Le recueil s’ouvre sur « Mariposa », un récit à plusieurs voix, et sur plusieurs époques, autour d’une île isolée du Pacifique. Elle pourrait accueillir la tombe de Magellan échoué en 1520. Elle a été le théâtre d’affrontement entre Japonais et Américains pendant la Seconde Guerre mondiale. De nos jours, ses secrets et la particularité de ses arbres à papillon attirent les convoitises. Trois narrations différentes permettent de lever peu à peu le mystère, non sans oublier qu’une dette contractée auprès de dame nature doit être remboursée. Dans « Sept secondes pour devenir un aigle », Leo fait la connaissance de son père, Johnny la Vérole, un Sioux radical et expéditif parti en guerre contre les compagnies qui exploitent les richesses du sol, défigurent la terre sans vergogne et tentent d’acculturer de force les peuples autochtones. Johnny, incarnation d’un monde moribond, est habité d’une rage intransigeante. Son engagement extrême teinté de mysticisme lui confère une force indomptable qu’il tente de transmettre, en partie, à son fils. « Éthologie du tigre » entremêle la légende d’une tigresse mangeuse d’hommes et l’enquête d’un homme défiguré par l’attaque d’un de ces félins en voie de disparition. Depuis cette rencontre avec le fauve, Shepard milite activement pour la préservation de ce dernier. Au Cambodge, sur le chantier de construction d’un nouveau complexe hôtelier situé dans un parc national protégé, trois têtes de bébés tigres sont retrouvées parfaitement alignées. Le surnaturel, les fantômes du passé, le tourisme de masse qui asphyxie un pays et un personnage à multiples facettes sont mis en scène avec subtilité et tendresse, même dans la douleur, le sang et la mort. Courte nouvelle, « Shikata ga nai » nous envoie piller la zone contaminée de la centrale nucléaire de Fukushima après le séisme de 2011, avec un trio poly-amoureux de stalkers. Pour l’instigateur de la démarche, il y a une opportunité et de l’argent à de faire. « Tjukurpa » se déroule en Australie et mêle réalité virtuelle, recréation des mythes anciens des Aborigènes et éco-terrorisme à petite mais mortifère échelle. Enfin, la novella « Lumière Noire » nous parle de Singularité avec la naissance d’une IA tyrannique bien décidée à sauver la planète et ses habitants, même si ces derniers, quelque peu décimés et bien contraints à changer de mode de vie, ont du mal à saisir sa logique salvatrice. Une utopie informatique et post-effondrement marquante.

    Chaque texte est doté d’une superbe et pertinente illustration d’Aurélien Police, et le recueil est accompagné d’une postface éclairée de Yannick Rumpala. En six nouvelles – récompensées par le prix du Lundi 2013 et le Grand Prix de l’Imaginaire 2014 –, Thomas Day, aussi incisif que lucide, souligne l’urgence d’une remise en question pour penser l’après. Il serait temps de nous réveiller, le point de non-retour n’est plus très loin.

Karine GOBLED
Première parution : 1/10/2020 dans Bifrost 100
Mise en ligne le : 21/5/2024

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition BÉLIAL', (2014)

            Sept secondes pour devenir un aigle est le dernier recueil publié de Thomas Day. En six nouvelles et un peu plus de trois cent pages, il livre sa vision, justement pessimiste, de l’état du monde et de l’avenir de l’humanité. S’y ajoute, pour le lecteur, une postface documentée de Yannick Rumpala, spécialiste de la décroissance, proche donc du souci de Thomas Day ici.

            Car ce dont nous parle l’auteur – convaincant car convaincu – dans un recueil très joliment illustré par Aurélien Police, c’est d’écologie, de deep ecology, même, idéologie radicale qui considère comme moralement condamnable de traiter le monde comme une ressource au service de l’homme, et l’enjoint à respecter la planète sur laquelle il vit ainsi que les êtres vivants avec lesquels il la partage.

            Protéger la planète, les biotopes, la biodiversité, est nécessaire en soi car tout ce qui est a une valeur, indépendamment de son utilité pour l’Homme. Cela implique conscience, respect et maîtrise ; la deep ecology c’est à peu près l’opposé exact de l’Ancien Testament invitant les hommes à croitre et à se multiplier en soumettant la Terre et ses créatures.

            Sauver la planète, la venger, la soigner, s’assurer au moins de ne pas la meurtrir plus, c’est à ces tâches que s’affairent les personnages de Thomas Day. Suivons-les.

            Commençons par « Mariposa », très beau texte, délicat et empreint de nostalgie. On y voit un groupe de Japonais assistés d’un Américain – ennemis d’hier qui tentèrent mutuellement de s’éliminer et y réussirent en partie – faire cause commune pour protéger une espèce d’arbre à papillons endémique, rendant par là même à la terre une partie de ce qu’elle leur donna. Et pas seulement sur un plan symbolique…

            Dans « Sept secondes pour devenir un aigle », un vieux rebelle indien transmet le flambeau de la révolte à un fils adolescent qu’il n’a pas élevé. Venger la Terre, blesser ceux qui la blessent, est la seule voie droite : c’est celle que Johnny la Vérole enseigne à Léo au cours de sa dernière chevauchée vers une revanche qui est celle de la Terre meurtrie. Léo y apprendra à vivre sans argent, hors du système, en se protégeant des objets de la modernité qui attachent au mode de production suicidaire que l’Occident impose au monde.

            « Éthologie du tigre » est un beau texte dans lequel un homme qui a fait le choix, difficile mais raisonnable, de ne pas se reproduire, étudie les tigres et tente sans espoir de protéger cette espèce qu’il aime d’une extinction programmée par l’humanité.

            « Shikata gan ai » fait du lecteur le spectateur d’un désastre écologique. Dans une ambiance à la Stalker, on suivra des récupérateurs pillant la zone interdite de Fukushima pour vivre de la revente d’objets abandonnés par les populations en fuite.

            « Tjukurpa » est proche de « Sept secondes… ». Personnages issus de peuples premiers aux marges de la modernité ravageuse, retour aux pratiques et valeurs anciennes, recherche d’harmonie avec le monde, y compris en version virtuelle, rétribution violente et décroissance « forcée » dans une forme, ici subliminale, d’écoterrorisme doux.

            Enfin, « Lumière Noire » nous montre une Terre nettoyée d’une bonne partie de l’Humanité par une IA rogue décidée à réaliser enfin le potentiel jamais exploité de l’Homme en se tournant vers les étoiles. Inquiétant et déjanté. Peut-être nécessaire.

            Sur un thème capital, Sept secondes pour devenir un aigle combine l’urgence d’un cri primal à une vraie maîtrise narrative. C’est donc un recueil éminemment recommandable.

Éric JENTILE
Première parution : 1/1/2014
Bifrost 73
Mise en ligne le : 21/4/2019

Prix obtenus
Grand Prix de l'Imaginaire, Nouvelle française, 2014
Lundi, Nouvelle / Short story, 2013


retour en haut de page

Dans la nooSFere : 87325 livres, 112277 photos de couvertures, 83760 quatrièmes.
10830 critiques, 47169 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3916 adaptations.
 
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes. Trouver une librairie !
A propos de l'association  -   Vie privée et cookies/RGPD