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La Cité du futur

Robert Charles WILSON

Titre original : Last Year, 2016
Première parution : New York, USA : Tor Books, décembre 2016   ISFDB
Traduction de Henry-Luc PLANCHAT
Illustration de Aurélien POLICE

DENOËL (Paris, France), coll. Lunes d'Encre précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : mai 2017
Première édition
Roman, 368 pages, catégorie / prix : 22 €
ISBN : 978-2-207-13642-3
Format : 14,0 x 20,5 cm
Genre : Science-Fiction


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
Pour cinq ans seulement, jusqu’en 1877, la cité de Futurity dresse ses immenses tours jumelles au-dessus des grandes plaines de l'Illinois. Depuis Futurity, des hommes du futur viennent visiter le XIXe siècle. Et, contre une fortune en métaux précieux, les autochtones peuvent dormir dans la tour n° I, véritable vitrine technologique d’un incompréhensible XXIe siècle.
C’est dans cette cité, construite à partir d’un futur parallèle, que travaille, comme agent de sécurité, Jesse Cullum, un autochtone. Parce qu’il a sauvé le président Ulysse Grant d’une tentative d’assassinat, Jesse se voit proposer une promotion : assisté d’une femme du XXIe siècle, il va devoir mener l’enquête.
Mais que va-t-il réellement découvrir ? Un complot pour tuer le président... ou les inavouables secrets de Futurity ?
 
Après avoir imaginé le futur des réseaux sociaux dans Les Affinités (Denoël, 2016), Robert Charles Wilson revient avec ce roman de voyage dans le temps a priori plus classique, où les surprises s’enchaînent à un rythme vertigineux.
 
Né en Californie, mais naturalisé canadien, Robert Charles Wilson a connu un succès mondial avec Spin.
Critiques

Dans les plaines de l’Illinois au sud de Chicago surgissent en 1876 deux tours géantes que le monde va connaître sous le nom de Futurity city. Construite pour cinq ans par un magnat industriel du XXI e siècle, qui a découvert le voyage dans le temps, la cité devient un site touristique pour les hommes du XIXe siècle et leurs descendants. Contre de l’or les premiers peuvent visiter la Tour no 2, vitrine technologique du futur. Les seconds sont hébergés dans la Tour no 1 qui abrite aussi le personnel administratif. Ils découvrent à leur tour l’Amérique d’alors.

Jesse Collum, un des employés de la région chargé de la sécurité, sauve la vie du président Ulysse Grant venu admirer les édifices. Apprenant que le tueur autochtone disposait d’une arme sophistiquée de son époque, August Kemp, propriétaire de Futurity city, charge Collum d’enquêter sur un trafic de contrebande en compagnie d’une femme du XXIe siécle.

Après le très bon Affinity, Robert Charles Wilson livre un thriller assez traditionnel, situé dans l’Illinois et l’Ouest Américain, notamment à San Francisco où s’affrontent les gros bras de la pègre. Jesse Collum est issu de cette ville. Fils d’un père alcoolique employé comme videur dans un lupanar, il passe son enfance en compagnie de prostituées chinoises. Malgré les apparences Earl Collum inculque à son rejeton quelques valeurs morales et surtout a la bonne idée de confier son éducation et celle de sa soeur Phoebe à leur tante, Abigaïl Hauser. Au fil des années, s’il n’a pas oublié les leçons de la rue, Jesse devient un homme intelligent et prudent, hanté par un passé violent.

Elizabeth DePaul est attirée par le mélange de force et de fragilité de son binôme. Cette militaire mère d’une petite fille fuit un mariage foireux et un mari taulard. Une histoire d’amour naît entre les deux héros et fournit un second fil conducteur à un récit qui en a bien besoin. Le thriller est tout de même un peu convenu et sans surprises avec quelques séquences de bagarre façon Gangs of New York.

L’écriture sauve le tout. Wilson sait construire un roman, épaissir des personnages. Pour s’en convaincre on relira les dix premières pages du chapitre 8. Collum est envoyé par Kemp à la recherche de touristes fugitifs. L’ensemble forme une nouvelle comme enchâssée dans l'ouvrage. On croirait le départ d’une uchronie.

Le mythe du Progrès prend ici un sérieux coup. Sa dénonciation outrancière aussi. Finis l’éblouissement et l’apocalypse. On mesure le chemin parcouru par les auteurs de science-fiction avec le constat en demi-teinte dressé par Robert Charles Wilson. Le passé et le futur soldent le compte de leurs désillusions et de quelques avancées. L’illustration vespérale de la couverture rend bien compte de cette ambiguïté : s’agit il de monuments ou de pierres tombales ?

Les humains dépeints par Wilson, oscillent souvent « entre deux mondes incertains ». Chacun des protagonistes tente ici comme Roméo et  Juliette de s’affranchir de son propre univers pour rejoindre l’autre. On n’oubliera pas le superbe travail d’Aurélien Police qu’on aurait bien vu illustrer les J’ai Lu de l’époque Sadoul. Après tout les voyages dans le temps sont fait pour cela.

 

SOLEIL VERT (site web)
Critique déjà parue sur La sortie est au fond du Web
Parution sur nooSFere : 3/7/2022 nooSFere


    Le Robert Charles Wilson nouveau – après Les Affinités (in Bifrost 82), un très bon cru – retourne à la thématique classique du voyage dans le temps : la Cité temporaire de Futurity, dans l’Illinois, permet pendant cinq ans à des touristes du futur (ou plus, exactement, « d’un autre futur ») de visiter les États-Unis des années 1870  ; et les « locaux » ne sont pas en reste, qui, s’ils se voient dénier la possibilité de franchir « le Miroir » pour visiter le XXIe siècle, ont bien des merveilles à découvrir à Futurity même.

    Mais rien n’est simple, surtout dans les récits de voyage dans le temps : au-delà des spectacles à base de séances de cinéma et de stupéfiantes machines volantes, certains « autochtones » trouvent aussi à se procurer des armes du futur… et tous, d’une manière ou d’une autre, reçoivent en pleine figure tant les bienfaits que les controverses de ce monde qu’ils ne peuvent tout simplement pas comprendre – au point où ce n’est plus la fascination qui prime, mais la peur : leur monde devrait évoluer pour donner ce XXIe siècle immoral, où les Noirs peuvent se promener avec leurs amis blancs, où les femmes portent le pantalon et votent, où des hommes peuvent se marier entre eux  ? Inacceptable  ! Or la simple existence de Futurity fait déjà bifurquer l’histoire…

    Pour narrer ce choc entre deux mondes, Wilson, coutumier du fait, nous invite à suivre une trame policière centrée sur le personnage de Jesse Cullum, un « local » beaucoup moins brutasse qu’il n’en a l’air travaillant pour la sécurité de Futurity  ; après avoir sauvé le président Ulysse Grant(2) d’un attentat, il se voit adjoindre une collègue, Elizabeth De Paul, une femme du futur, afin d’enquêter sur de bien inquiétants trafics…

    D’où un roman qui peut être scindé en deux dimensions : la thématique proprement SF, et le fil rouge thriller. Dans la première de ces dimensions, La Cité du futur est une réussite : le roman aborde avec finesse des thématiques intéressantes – le progrès, l’évolution, la condescendance plus ou moins « coloniale » des touristes du futur, ou encore les bonnes intentions des activistes qui peuvent s’avérer aussi fatales que le cynisme des faiseurs d’argent. Que ce soit délibéré ou pas, il y a tout lieu de croire que les « Puppies » ne prisent guère ce roman – ça fait toujours plaisir, mais il n’a rien d’un pamphlet pour autant, et Wilson demeure un conteur subtil avant tout.

    La dimension policière/thriller est hélas moins convaincante  ; c’est un procédé récurrent chez Wilson, à la réussite variable… Et, pour le coup, ça n’est guère satisfaisant : passé la première partie du roman, tout, sur le plan narratif, est systématiquement téléphoné  ; les événements s’enchaînent en mode automatique, et on sait avec une bonne avance absolument tout ce qui va se passer – guère palpitant… Par ailleurs, les personnages sont un peu trop stéréotypés, jusque dans leur lourd passif – l’auteur nous a habitués à mieux, la caractérisation des personnages ayant pu constituer une de ses marques de fabrique.

    Reste que l’ensemble se lit bien, et sans doute mieux que ça. Le fond SF est suffisamment réussi pour que l’on veuille bien fermer les yeux sur ce que la trame-prétexte a de convenu, et le métier est là. La Cité du futur est un bon livre, oui – mais Wilson, à l’évidence, a fait bien mieux, et ce roman a donc quelque chose d’un peu « mineur » dans sa bibliographie.

Bertrand BONNET
Première parution : 1/7/2017 dans Bifrost 87
Mise en ligne le : 11/1/2023

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