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Mordred

Justine NIOGRET



POCKET (Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy n° 7222
Date de parution : 12 janvier 2017
Dépôt légal : janvier 2017
Réédition
Roman, 192 pages, catégorie / prix : 6,30 €
ISBN : 978-2-266-27071-7
Format : 10,8 x 17,8 cm
Genre : Fantasy



Quatrième de couverture
     Mordred a grandi aux côtés de sa mère Morgause, dans la forêt, à l’écart du bruit et de la fureur du monde civilisé. Jusqu’à ce jour où son oncle, le roi Arthur, est venu le chercher.
     Désormais, Mordred est en âge d’embrasser son destin : devenir chevalier, comme son père. Après l’apprentissage de cette nouvelle existence qui, désormais, sera la sienne, vient l’heure des combats, des tournois et du fracas des armes. Ainsi que l’expérience de la blessure et de la souffrance.
     Alors que la fièvre l’emporte, cette question aussi lancinante que la pointe de métal qui meurtrit ses chairs : qui est-il, et quelle sera sa vie ?

     « Chapitres relevant ni plus ni moins de la poésie en prose, d’autres faisant preuve d’une maîtrise littéraire peu commune, ce Mordred chasse ses lecteurs sur les terres de Céline Minard (Bastard Battle), de John Gardner (Grendel), et de Pierre Pelot (C’est ainsi que les hommes vivent). » Thomas Day – Bifrost
Critiques

Abordant le rivage arthurien, Justine Niogret s’attaque dans un court roman à la figure de Mordred. Il y aurait là matière à un drame shakespearien. L’hérédité de ce chevalier, qu’on trouvera sur le Net, mais qu’on ne détaillera pas ici pour ne pas déflorer l’intrigue, n’est en effet pas commune.

C’est un personnage alité, gravement blessé au cours d’un combat qui lui a pratiquement brisé le dos, que l’auteur de Chien du Heaume nous présente. Loin du monstre de la tradition, le lecteur découvre un homme luttant contre la douleur, en proie au doute, hanté par son enfance, incertain de son avenir, et transformé par le destin en machine de guerre. De ses premières années il garde le souvenir d’une existence champêtre au contact d’une mère aimante et mystérieuse qui l’a initié aux secrets des plantes. Il bénéficie de la protection prestigieuse de son oncle, le roi Arthur, un père de substitution.

Mordred renoue avec les ambiances de fantasy médiévale dont l’écrivain s’est fait une spécialité. Pas une phrase qui ne soit laissée en friche. Le texte se parcourt comme un sentier de cueillette et de dégustation d’images et de métaphores : le sang crisse, le ciel est un ventre lourd de pluie, on déguste les tisanes chaudes du souvenir, la douleur est un chien assoupi etc. … L’écriture atteint un point d’orgue page 147, avec ce monologue d’Arthur dont mon camarade Ubik cite quelques extraits. J’ai été inutilement sévère avec leur formulation médiéviste. Car il faut bien le dire, l’assimilation d’un esprit humain à un gouffre où viennent s’abreuver des monstres connus de nous seuls n’a rien à envier à Hugo ou William Blake.

Gilles Dumay qualifie justement l'ouvrage de poésie en prose. Or la poésie pure s’oppose au narratif. On ne trouvera pas ici d’intrigue charpentée ponctuée de scènes de batailles sur laquelle se jettent habituellement les amateurs de fantasy, mais un roman bâti sur une quête identitaire, conçu comme un rêve éveillé, un texte de fièvre. On espère toutefois que Justine Niogret élargira ses prochains récits pour nous livrer - qui sait ? - un Espoir-du-Cerf ou un Terremer.

 

SOLEIL VERT (site web)
Critique déjà parue sur La sortie est au fond du Web
Parution sur nooSFere : 20/6/2022 nooSFere

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition MNÉMOS, Dédales (2014)

            Très grièvement blessé, en quelque sorte crucifié à son lit de douleur, le jeune chevalier Mordred se souvient de son enfance, d’un sein dévoilé, de sa première bataille, de sa mère Morgause, de l’Aspic et de son oncle, Arthur.

            Cela pourrait être le résumé du début, mais non, c’est bien le résumé du quatrième roman adulte de Justine Niogret (l’éditeur allant encore plus loin, puisqu’il raconte la fin en quatrième de couverture). Mordred par Niogret s’impose très vite comme un anti-Excalibur (John Boorman / Rospo Pallenberg – 1981). Toute la matière de Bretagne y est raclée jusqu’à l’os. Quant à la fin du paganisme et l’ascension du dieu unique, il n’en reste quasiment rien, une allusion ici ou là. Pareil pour la dimension (anti-)chrétienne du personnage de Mordred, traitée de façon oblique, avec forces allusions. Certes, l’auteur le surnomme Armageddon, mais pour mieux nier cette facette du héros qui ne semble pas l’intéresser.

            L’Antigone de Jean Anouilh, en guerre contre son oncle Créon (Pétain, à peine grimé), fumait des cigarettes ; le Mordred de Justine Niogret (trop désireux d’exister aux yeux de son oncle/père Arthur) lit des romans… Un anachronisme qui montre bien quel est le projet du livre : une exploration brutale, car dans l’agonie, des pires tourments de l’amour filial. Un sujet de littérature générale ? Oui, car en fin de compte l’auteur s’est débarrassé de toute la quincaillerie fantasy et n’en garde qu’une brume presque inutile. Chapitres relevant ni plus ni moins de la poésie en prose, d’autres faisant preuve d’une maîtrise littéraire peu commune (le prologue, la première bataille), ce Mordred chasse ses lecteurs sur les terres de Céline Minard (Bastard Battle), de John Gardner (Grendel), et de Pierre Pelot (C’est ainsi que les hommes vivent). On regrettera juste quelques phrases malheureuses, et une poignée de lourdes redites qui empêchent ce passionnant tour de force d’accéder au statut de chef-d’œuvre.

 

            Complet changement d’univers et d’époque avec Cœurs de rouille : Saxe, un jeune ouvrier travaillant sur les golems, et Dresde, une automate qui n’a connu que la richesse jusqu’à ce que son maître l’abandonne, s’associent pour quitter la cité. Bientôt un golem se lance à leurs trousses : Pue-la-Viande.

            Cœurs de rouille est un roman qui laisse sans cesse dans l’expectative (même si on occulte sa forte ressemblance avec The Alchemy of Stone d’Ekaterina Sedia). D’abord par son positionnement en collection jeunesse ; on ne voit pas bien ce qu’il y aurait dans cet ouvrage – obscur, glauque, allusif, complexe – pour de jeunes lecteurs. Ensuite, par sa narration : tortueuse (volontairement ?), confuse. Et pour finir, ni Dresde ni Saxe ne sont attachants, en tout cas moins que Pue-La-Viande, leur traqueur, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. Cœurs de rouille est une road-story dans les viscères hantés d’une cité steampunk, un livre qui ne permet pas à ses lecteurs de s’identifier à ses protagonistes, ce qui est pourtant le moteur central de la littérature jeunesse. Ce qui s’imposait comme des qualités dans Mordred – le ressassement permanent, un style puissant plein d’allusions, des descriptions très vite avortées – devient ici un frein à la lecture.

            Malgré de beaux passages (dans le musée abandonné, notamment), de fines métaphores et de puissantes idées, Cœurs de rouille ne convainc pas : ses péripéties semblent forcées, ses décors ne se déploient jamais, ses enjeux restent trop obscurs. Voilà un diamant brut à la logique floue qui n’a pas été taillé, dont les lignes de forces n’ont pas été dégagées, un roman au style inadapté… et à son propos, et à la collection qui lui fait écrin.

            Avec ces deux sorties concomitantes, Mordred / Coeurs de rouille, Justine Niogret continue de s’imposer comme un auteur terriblement attachant, mais tout autant inégal, avec une voix propre qui, pour le moment, ne s’est exprimée pleinement que dans le registre médiéval/historique.

Thomas DAY
Première parution : 1/1/2014
Bifrost 73
Mise en ligne le : 21/4/2019

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