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Les Hommes Salmonelle sur la Planète Porno

TSUTSUI Yasutaka

Traduction de Miyako SLOCOMBE
Illustration de ICINORI

NOUVELLES ÉDITIONS WOMBAT , coll. Iwazaru précédent dans la collection n° 8 suivant dans la collection
Date de parution : 11 février 2017
Dépôt légal : février 2017
Première édition
Roman, 96 pages, catégorie / prix : 16 €
ISBN : 978-2-37498-060-7
Format : 12,5 x 18,7 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Si la planète Nakamura est surnommée « planète Porno » par l’équipe d’explorateurs et de scientifiques japonais qui y ont installé leur base d’études, c’est que la végétation comme la faune ont la fâcheuse habitude de forniquer à tout va, se croisant avec n’importe quels genre ou espèce et produisant ainsi un écosystème des plus étranges, à la fois énigmatique et dégoûtant ! Aussi nos savants sont-ils fort perplexes lorsqu’une de leurs collègues tombe enceinte, inséminée par une spore pas très catholique...
     Afin de découvrir comment la soigner, trois hommes sont alors envoyés en mission pour contacter la tribu d’humanoïdes autochtones et impudiques qui semble détenir le secret de la coexistence dans ce milieu. Mais leur voyage à travers la planète Porno, parmi les crocopile-à-l’heure, les tatami-popotames et autres méduses-cul-en-l’air, leur réserve bien des surprises, parfois plaisantes, parfois moins...
     Moquant les distinctions biologiques, Yasutaka Tsutsui prouve dans cette parodie de SF érotico-comique que tous les goûts sont dans la nature !
Critiques

    Pour le lecteur francophone, la science-fiction littéraire japonaise est largement terra incognita ; Yasutaka Tsutsui n’est pas le plus mal loti, avec maintenant cinq titres traduits à son nom, et le second chez Wombat, après Hell en 2013 (critique in Bifrost 73). Mais tout autre chose cette fois, titre et couverture sont éloquents… Or cette novella de 1977 est plus subtile qu’on ne le croirait tout d’abord. Et c’est un récit de SF, jusque dans sa dimension de parodie érotico-comique ; aussi encouragera-t-on le lecteur à dépasser ses préventions en l’espèce… et la lourdeur un brin machiste qui s’exprime çà et là, peut-être inhérente au genre, avec des mots-valises guère engageants.

    Nous sommes sur la planète Nakamura – ou plutôt la planète Porno, car c’est une orgie permanente : toutes les espèces vivantes y passent leur temps à copuler, et pas seulement entre elles, mais entre espèces différentes ! Les scientifiques japonais qui y vivent lui vouent une haine profonde : la planète est « vicieuse » ! Le mot revient sans cesse ; un jugement « moral » a priori pas très scientifique – mais ils sont tous un peu coincés du cul, Yohachi excepté, qui n’est pas un scientifique, et leur est de fait inférieur pour l’essentiel…

    Or l’écosystème vicieux s’en prend à la seule femme scientifique de l’expédition, enceinte d’une plante locale dite engrosse-veuves… Pour ses collègues hommes, aucun doute : il ne faut pas qu’elle accouche ! Mais ils ne savent trop que faire… Il faut demander aux Nunudiens – les autochtones de Nakamura, à l’allure étonnamment humaine, qui leur interdisent l’accès à leur État !

    Trois aventuriers se lancent dans une odyssée miniature et burlesque pour trouver des réponses auprès des Nunudiens ; ils multiplient en chemin les rencontres saugrenues avec cette faune et flore obsédée… Mais il y a plus, car la novella adopte une voie médiane entre parodie de SF et SF parodique : l’auteur a élaboré un écosystème extraterrestre complexe, qui n’a rien à envier aux plus grandes réussites du genre ; or c’est vrai aussi bien sous l’angle des images que sous celui des idées.

    Les scientifiques ne cessent d’en débattre – et violemment. La science y a sa part, mais peut-être tout autant son instrumentalisation, philosophique, voire politique ou religieuse… La théorie de l’évolution contre celle de la dégénérescence, Darwin et Lorenz, Freud et Jung – autant d’icônes auxquelles les savants font appel pour tenter de comprendre ce qui se passe autour d’eux, et qui les brusque tant.

    Derrière tout ça ? La raillerie… et une éthique sexuelle dérivant de délires hippies gentiment moqués, mais en fait transcendés dans une optique libertaire. L’amour y est admirable, dans la chair comme dans l’esprit, construisant un modèle utopique où l’agressivité n’a plus lieu d’être : c’est l’orgie, si « vicieuse », qui devient morale. « Make love, not war » – et comme vous le voulez ; qu’ils sont bêtes, ces Terriens qui se cachent pour aimer comme si c’était honteux, et qui s’imposent tant de règles au nom d’une décence qui n’a pas lieu d’être…

    Une novella à la croisée des chemins, parfois un peu lourdingue dans sa dimension érotico-comique, mais avec de belles images et de belles idées de SF. Le résultat n’est pas inoubliable, mais il est aussi bien plus qu’une mauvaise blague lubrique, et tout à fait digne qu’on s’y arrête.

Bertrand BONNET
Première parution : 1/4/2017 dans Bifrost 86
Mise en ligne le : 11/12/2022

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