SOLARIS
, coll. Solaris (revue) n° 201 Dépôt légal : janvier 2017 Première édition Revue, 160 pages, catégorie / prix : 12,95 $ ISBN : néant Format : 13,3 x 21,0 cm Genre : Imaginaire
1 - Jean PETTIGREW, Présentation, pages 5 à 5, éditorial 2 - Olivier PAQUET, Graine de fer, pages 7 à 28, nouvelle, illustré par Émilie LÉGER 3 - Enola DEIL, Les Artisans de la mort, pages 29 à 33, nouvelle, illustré par Émilie LÉGER 4 - Jérôme TOUSIGNANT, Membre fantôme, pages 35 à 41, nouvelle, illustré par Émilie LÉGER 5 - Josée LEPIRE, Visage éternel, pages 43 à 55, nouvelle, illustré par Émilie LÉGER 6 - Frédéric PARROT, Le Jour où les livres se mirent à s'écrire seuls, pages 57 à 66, nouvelle, illustré par Émilie LÉGER 7 - Mathieu CROISETIÈRE, Le Caisson, pages 67 à 88, nouvelle, illustré par Émilie LÉGER 8 - Marc Ross GAUDREAULT, Discours littéraire et discours scientifique : l'union de deux langages antagonistes, pages 89 à 101, article, illustré par Suzanne MOREL 9 - Mario TESSIER, Les Carnets du Futurible : La Quête du jardin d'Éden, pages 103 à 118, article, illustré par Suzanne MOREL 10 - Christian SAUVÉ, Sci-néma, pages 119 à 133, chronique 11 - COLLECTIF, Les Littéranautes, pages 135 à 148, critique(s) 12 - COLLECTIF, Lectures, pages 150 à 160, critique(s)
Critiques
La revue s’ouvre sur le prix Joël-Champetier, remporté par Olivier Paquet avec « Graine de fer ». Ce texte situé dans l’univers de Jardin d’hiver, dernier roman en date de l’auteur, est très intéressant à plus d’un titre (il est plaisant à lire et il nous dit quelque chose de pertinent sur la SF francophone publiée en revue fanzine). D’abord, c’est une « vraie » nouvelle : il y a une histoire, des personnages, un décor, une problématique, une vraie progression dramatique et de pures idées de SF – de belles idées de SF, ai-je envie d’ajouter. On peut trouver cette remarque idiote, mais en fait on n’en lit pas tant que ça, en revue fanzines, des nouvelles de SF récentes, de langue française, qui combinent TOUS ces éléments. Cela précisé, le texte est bien… mais il aurait pu être tellement mieux au prix d’un effort sans doute très raisonnable. Le style est hétérogène, il se délite au fur et à mesure de la progression dramatique suscitée, les dialogues ne sont pas bons sans être calamiteux (ils manquent de naturel), la livraison au lecteur de certaines informations est maladroite (un peu effet « bouse tombant de deux mètres sur la table à manger », ce qui peut offenser les narines délicates), l’accélération finale est si brusque qu’on sent l’événement conclusif soit de trop, soit de « pas assez ». Si Olivier Paquet a lu Écriture, mémoire d’un métier, de Stephen King, il en a oublié certains des grands principes de base. La nouvelle se déroule après une guerre non seulement épouvantable, mais inédite dans ses moyens meurtriers, et, au-delà des deux premières pages convaincantes, le texte ne sent plus l’après-guerre, on n’y est plus, plus vraiment, la puanteur s’est diluée. L’auteur prend de la distance, une forme de pudeur, alors qu’il devrait au contraire coller aux plaies, faire sentir le sentiment de perte, la colère froide, le mensonge, les petites trahisons de la survie. On attend une version SF de La Peau de Curzio Malaparte, car c’est la promesse même de l’auteur faite à ses lecteurs dans les deux premières pages, mais cette promesse n’est pas tenue (le texte dans son ensemble n’est pas tenu). Toutes ces réserves maintenant énoncées, « Graine de fer » est toutefois la meilleure nouvelle de pure SF francophone qui sera citée dans cette livraison trimestrielle du « Coin des revues et fanzines ». Le contraste avec les autres textes de ce numéro 201 (d’une incroyable nullité et/ou d’une insondable vacuité, vous avez le choix) est d’une rare violence. Pour une fois, l’article de Mario Tessier est à chier… non, je déconne, comme d’habitude c’est très, très bien. Là, il nous parle du jardin d’Eden. Et la rubrique « Sci-néma » de Christian Sauvé me semble s’améliorer de numéro en numéro (même si, sur Zack Snyder, ça manque un peu de mordant, y’avait quand même moyen de lui tailler un costard à la scie égoïne pour son pathétique Batman v Superman).
Thomas DAY Première parution : 1/7/2017 dans Bifrost 87 Mise en ligne le : 12/1/2023