« La Spire était entrée dans la cour des grands. C'était désormais une compagnie respectable, vouée à s'épanouir, à coloniser de nouveaux marchés. »
Pour la Spire, l'âge d'or a commencé. Ses concurrentes la laissent en paix, et sa puissance ne cesse de grandir. Mais pour les navis travaillant pour elle, c'est une autre paire de manches : la Ligue qui les représente est en charpie. Désormais, pour la Compagnie, seul le profit compte et tous les moyens sont bons pour y parvenir. Peu à peu, la grogne monte chez les pilotes, alors que les décisions contestables se multiplient et que le rêve initial - rallier les planètes oubliées - se dilue bel et bien sous l'action de Mathy et de son redoutable Buro.
L'espoir d'un avenir plus radieux réside entre les mains des deux fondateurs, Lenoor et Hummel. Mais parviendront-ils à résister aux dangers qui guettent ? Sauront-ils préserver l'âme de la Compagnie ? Ou est-il déjà trop tard ?
Né en 1968, Laurent Genefort a vingt ans lorsque paraît son premier roman dans la mythique collection "Anticipation" du Fleuve Noir. Cinquante ouvrages plus tard, quatre Grands Prix de l'Imaginaire et autant de Prix Rosny aîné en poche, il est l'une des figures de proue de la science-fiction française. Avec Spire, l'auteur explore son univers des Portes de Vangk et raconte la naissance puis l'expansion d'une compagnie de transport interstellaire dans une grande fresque de space opera. Ce qui relie, premier tome de la trilogie, a été finaliste du Grand Prix de l'Imaginaire et du prix européen des Utopiales.
Critiques
Suite et fin de l’histoire de la Spire, cette compagnie de transport interstellaire créée par une poignée d’aventuriers en réaction aux méthodes des grandes compagnies déjà en place et qui, au fil des ans, a gravi les échelons de la respectabilité et du pouvoir, quitte à renier ses idéaux d’origine et à devenir ce qu’elle a toujours combattu. Comme les précédents tomes, celui-ci ressemble à un fix-up sans en être tout à fait un. De ce point de vue, la première partie du récit est aussi la moins convaincante. L’histoire de ces colons envoyés sur une planète où leurs prédécesseurs ont tout abandonné sans qu’on sache pourquoi ne manque pas d’intérêt, et les menaces qu’ils affrontent sont spectaculaires à souhait, mais on quitte ce monde sans connaître le fin mot de cette histoire, impression frustrante s’il en est. La suite est plus réussie. Genefort s’y attaque pourtant à ce qui constitue la tarte à la crème du space opera, les pirates de l’espace, mais la société singulière et complexe que l’on y découvre va à rebours de tous les stéréotypes du genre. Les derniers chapitres du roman sont consacrés à l’évacuation en catastrophe d’une colonie où les conditions de vie se sont brutalement détériorées et où chaque heure compte.
Chacune de ces situations permet aussi à l’auteur de mettre en lumière les relations de plus en plus tendues entre les principaux dirigeants de la Spire et l’évolution de la politique de la compagnie. Des querelles internes qui ne cessent de s’envenimer au fil des pages, et dont les conséquences s’avèreront au final dévastatrices.
Avec ce dernier tome, Laurent Genefort poursuit son hommage aux grands auteurs qui ont pavé la voie du genre, Heinlein et Anderson en tête. Mais on aurait tort de ne voir en « Spire » qu’un simple pastiche, aussi réussi soit-il. Sur le fond comme sur la forme, il s’agit d’une œuvre résolument moderne, qui s’intègre parfaitement dans l’univers que développe l’auteur depuis un bon quart de siècle maintenant, l’un des plus riches et des plus cohérents que la science-fiction française nous a donné à ce jour. On aurait volontiers signé pour trois tomes de plus.