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Invasion

Luke RHINEHART

Titre original : Invasion, 2016
Première parution : Titan Books, 6 septembre 2016   ISFDB
Traduction de Francis GUÉVREMONT
Illustration de Elena VIEILLARD

AUX FORGES DE VULCAIN (Paris, France), coll. Littératures précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : août 2018, Achevé d'imprimer : août 2018
Première édition
Roman, 544 pages, catégorie / prix : 22 €
ISBN : 978-2-37305-043-1
Format : 14,0 x 20,5 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

Des boules de poils intelligentes débarquent sur Terre. Venues d'un autre univers, elles n'ont d'autre but que de s'amuser. L'une d'entre elles, Louie, est adoptée par Billy Morton, un Américain moyen plein de bon sens. Quand les autorités décident de se saisir de ces bestioles, Billy et sa famille, échaudés par l'Amérique contemporaine où ils se sentent de moins en moins à l'aise, prennent la tangente : peut-être que, finalement, la sagesse n'est pas du côté du pouvoir politique, mais du côté de cette anarchie sympathique, de cette libération improbable que cette invasion apporte ?

Critiques
 Luke Rhinehart est l’auteur cultissime du très anarchiste et libertarien L’Homme dé. Son dernier roman, Invasion, est traduit et publié aujourd’hui aux Forges de Vulcain ; un événement éditorial, sans le moindre doute. On y retrouve l’essentiel de ce qui faisait la pensée de l’auteur, un peu calmé néanmoins par l’âge, sur le plan sexuel notamment. Quoique… les Protéens ont de la ressource dans ce domaine.
 Ici et maintenant. La Terre est progressivement « envahie » par une horde de créatures extradimensionnelles qui ressemblent à des boules de poils grises, bondissantes et polymorphes. Et singulièrement, dans le roman, la maison de Billy Morton, vieux pêcheur anar marié à une avocate latina en rupture de ban. A priori peu agressifs, et même plutôt sympathiques, les Protéens (c’est leur nom) ne souhaitent que jouer, sans responsabilité ni conséquence. Ils professent et mettent en œuvre une philosophie du jeu et du plaisir qu’ils appliquent à tous les aspects de l’existence, et ils tentent d’y convertir le plus d’humains possible. Ils montrent aussi à une humanité sans doute trop crédule en quoi le système institutionnel censé les libérer et les protéger a surtout pour fonction de leur dissimuler la vérité sur son fonctionnement et ses buts ultimes. Développant et encourageant le mouvement Pasquecérigolo, ils appellent donc implicitement les humains à remettre en cause ce système pour reprendre en main leur vie et leur destinée, en se débarrassant de facto d’une technostructure illégitime et de représentants en déficit de représentativité.
 Bien sûr, suggérant une insurrection paisible, piratant banques et services secrets, remodelant le système productif, empêchant les bombardements « vertueux » d’imposition de la démocratie (en Irak par exemple), les Protéens se font vite de puissants ennemis au cœur de l’État, et du complexe militaro-industriel en particulier. Le roman raconte la traque des Protéens par les agences américaines, ainsi que les actes de résistance de la famille Morton pour protéger les facétieux aliens et faire connaître leur pensée. Le tout finira en insurrection populaire et proclamation d’un Manifeste citoyen visant à rendre le pouvoir au peuple, à promouvoir l’égalité réelle et à soustraire les activités socialement utiles aux forces du marché.
 Ouaip ! Tout ceci est bel et bon. Et, au début, Rhinehart est drôle, tant dans le style que dans les situations qu’il imagine. Néanmoins, le roman pêche à mon avis sur au moins trois points qui finissent par rendre sa lecture pénible. D’abord, l’auteur, engagé dans la vie politique de son pays, livre un discours hyper américano-centré ; sans être trop provincial, un Français pourra trouver que certains débats ou saillies ne le concernent pas vraiment. Ensuite, l’humour, sur 500 pages, c’est difficile. Rhinehart échoue à tenir sur la durée et fait rengaine ; un texte plus court n’aurait pas eu le temps de s’essouffler. Enfin, le marxisme Groucho de l’auteur tend à la longue, à l’instar de beaucoup des critiques radicales de cette hypothèse qu’on nomme « le système », à tangenter une forme de poujadisme qui ne peut satisfaire l’intellect et met parfois mal à l’aise.
 Une déception, en somme, qui n’est pas sans rappeler Francis Kuntz lorsqu’il affirmait que le travail d’un humoriste consiste d’abord à ne pas utiliser 99 % des idées de blague qui lui viennent.

Éric JENTILE
Première parution : 1/1/2019 dans Bifrost 93
Mise en ligne le : 3/7/2023

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