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Mondocane

Jacques BARBÉRI


Illustration de Julien LANGENDORFF

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF n° 608
Date de parution : 7 juin 2018
Dépôt légal : mai 2018, Achevé d'imprimer : mai 2018
Réédition
Roman, 288 pages, catégorie / prix : 7,80 €
ISBN : 978-2-07-273225-6
Format : 10,8 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture

Désormais, tout le monde se sent en sécurité : chacune des superpuissances se partageant le monde dispose de sa propre intelligence artificielle. Nommées Petit Poucet ou Guerre et Paix, celles-ci assurent la pérennité de la race humaine. Mais sous quelle forme ? Leur programmation ne le précisait visiblement pas... Aussi, lorsque les IA déclenchent une guerre totale, c’est la planète entière qui va devenir leur terrain de jeu. 
Miraculeusement rescapé, Jack Ebner se retrouve projeté, sept ans après le cataclysme, dans un monde qui n’a plus rien en commun avec celui qu’il connaissait, un monde en mutation perpétuelle dans lequel il part à la recherche de son amour perdu. 

Jacques Barbéri affole, comme à son habitude, les codes de la littérature et de la science-fiction et tisse un roman poétique, déjanté et visionnaire dans un paysage digne d’un Jérôme Bosch surréaliste.

Jacques Barbéri affirme dès ses premiers textes ses principales obsessions d'écrivain - le temps, la mémoire, la perception du réel, la création des mythes, la métamorphose de la chair - qui l'apparentent à des auteurs comme J.G. Ballard, Philip K. Dick et H.P. Lovecraft ou des réalisateurs comme David Lynch et David Cronenberg.

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition La VOLTE, (2016)

     La publication des œuvres de Jacques Barbéri à la Volte autorise l’auteur à revenir sur ses accomplissements antérieurs – Narcose en était déjà un exemple, il y en a eu d’autres, mais sans doute jamais au point de Mondocane.

     À l’origine figurait une excellente nouvelle publiée en 1983 ; elle ne tenait guère du récit, plutôt du bref panorama d’un monde ravagé pour des raisons inconnues et par des méthodes inouïes : un tableau surréaliste et fou justifiant la référence à Jérôme Bosch – au-delà des références plus globales, Philip K. Dick, J. G. Ballard, David Lynch… Lewis Carroll peut-être ?

     Or l’auteur y est revenu à plusieurs reprises, en tirant un roman du nom de Guerre de rien en 1990, et lui composant une BO en 2007 via son groupe Palo Alto associé à Klimperei. Et enfin aujourd’hui, ce nouveau roman, accompagné de la susdite BO.

     Transformer la nouvelle en roman n’était pas sans difficultés – d’autant que l’auteur brille sans doute plus pour les images, les ambiances, que pour le récit… Et s’il ne tombe pas dans le travers de l’explication excessive, il doit composer avec les nécessités de la narration – d’où ce début old school, avant l’apocalypse ; nous y faisons la connaissance de Jack Ebner, « nourrice » de l’IA Guerre et paix, dans un contexte géopolitique troublé – et la mainmise des IA sur la guerre aura des conséquences fatales ; si elles éviteront le chaos nucléaire, leurs assauts, tous plus délirants les uns que les autres, transmuteront à jamais la Terre…

     C’est ici que l’on rejoint peu à peu les fascinants tableaux de la nouvelle originelle. Or Jack Ebner sera lui-même en mesure de les voir – il est en effet parvenu à survivre par la cryogénisation ; il perd conscience au tout début de la guerre pour se réveiller sept ans plus tard…

     Jack Ebner découvrira, éberlué, un monde qu’il comprend moins que jamais, via des gens qui ne sont peut-être plus tout à fait humains, et qui portent sur eux les stigmates du conflit. La plupart se montrent amicaux, ou du moins serviables – leurs sarcasmes n’y changent rien, pas plus que leur apparence ne doit tromper. C’est tout particulièrement vrai des enfants, qui se sont adaptés au monde – il y a quelque chose de lumineux les concernant qui laisse entendre que non, tout n’est pas fini…

     Même si ce qui marque le plus provient de la nouvelle originelle – ces montagnes de chair, colonies souterraines d’homoncules, géantes/ogresses au sexe béant à s’y noyer, villes enfermées dans des boules à neige quand leurs bâtiments peuvent atteindre des dimensions de plusieurs dizaines de kilomètres, Champs Élysées dont le chaos apparent obéit pourtant au nombre d’or, hommes-bouteilles qui sont autant de messages, vaisseaux quantiques, enfin, propulsés à la drogue psychokinésique, et dont on ne peut dire où ils sont…

     La « quête » de Jack Ebner, errance à la fois investigation et expiation, ne l’épargnera pas – l’inadapté acquérant enfin les traits d’une figure certes pathologique, mais aussi mythologique.

     Mais ce n’est décidément pas le récit qui importe – et ce d’autant plus peut-être qu’on le sent vraiment constituer un prétexte pour balader le lecteur de tel tableau à tel autre. L’artifice est parfois un peu trop visible, tandis que la description « étendue » des conséquences de la guerre n’a pas toujours la force du concentré de mystère s’exprimant dans la nouvelle originelle…

     Mondocane est un bon, voire un très bon roman, sa lecture vaut le détour… Mais « Mondocane » était une excellente nouvelle et… « less is more », dit-on parfois.

Bertrand BONNET
Première parution : 1/10/2016
Bifrost 84
Mise en ligne le : 16/10/2022

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