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Amatka

Karin TIDBECK

Titre original : Amatka, 2012
Première parution : Mix, 2012   ISFDB
Traduction de luvan
Illustration de Pascal GUÉDIN

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF précédent dans la collection n° 642 suivant dans la collection
Date de parution : 3 octobre 2019
Dépôt légal : septembre 2019, Achevé d'imprimer : 9 septembre 2019
Réédition
Roman, 320 pages, catégorie / prix : F8
ISBN : 978-2-07-282277-3
Format : 10,8 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction

Roman traduit de l'anglais et du suédois.


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture

C’est une colonie sans soleil, enclavée dans un désert glacial. Amatka, lieu interdit à la dissidence et aux sentiments, espace exigu où la liberté niche dans les recoins obscurs du langage, est une communauté égalitaire et heureuse mais totalement figée. Ici, seuls les mots façonnent la réalité et protègent le collectif du chaos. 
Vanja arrive à Amatka pour réaliser une étude de marché. Peu à peu, les allusions séditieuses du bibliothécaire, les contradictions du comité et la désagrégation inhabituelle des objets la troublent, attisent ses doutes et ravivent des interrogations enfouies. Refusant de respecter plus longtemps des tabous devenus intolérables, elle explore les failles de la ville pour découvrir la vérité sur cet écosystème inouï, au risque d’en rompre le fragile équilibre. 

Amatka est une fable politique sur le contrôle social, la peur du changement et la plus insensée des révolutions.

Karin Tidbeck est originaire de Stockholm, en Suède. Elle vit et travaille à Malmo en tant qu'auteure, traductrice et professeure de création littéraire. Les histoires recueillies dans Jagannath, sa première œuvre écrite et publiée en anglais en 2012, ont connu un succès immédiat et remporté plusieurs récompenses.

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition La VOLTE, (2018)

Dans un monde aux allures post-apocalyptiques, la faible population vit dans des conditions spartiates entre 4 colonies : Essre, la capitale administrative, Balbit, dédiée à la science, Odek, pour l'industrie et Amatka, spécialisée dans les champignonnières.

Une jeune femme, Vanja, est envoyée d'Essre à Amatka pour étudier les conditions d'hygiène et voir si elles peuvent être améliorés. Mais des événements étranges se produisent : une champignonnière s'écroule, un survivant est récupéré et raconte être remonté par une canalisation issue d'un autre monde; le bibliothécaire local parle à Vanja de la disparition il y a quelques années d'une centaine d'habitants et derrière le concret de la vie quotidienne d'Amatka semble apparaitre une autre réalité.

 

Karin Tidbeck est une autrice à peu près inconnue des lecteurs francophones. Si son premier recueil de nouvelles a été acclamé aux Etats-Unis, un seul texte est pour l'instant disponible en français sur le podcast Coliopod. Amatka, son premier roman, a d'abord été écrit en suédois en 2012 avant d'être traduit en anglais par Karin Tidbeck elle-même et publié en 2017, soutenu notamment par Jeff et Ann Vandermeer. Et pour cause : Amatka, c'est un peu le mélange entre le New Weird cher aux Vandermeer et 1984.

L'aspect Orwellien est assez transparent : la population des colonies est organisée et contrôlé par un régime politique simple, un communisme autoritaire primitif, où le collectif prime totalement sur l'individuel, où les citoyens déviants peuvent être punis. Pour limiter justement ces déviances, le langage a été remodelé pour éviter toute référence au passé. Dans ce monde où les animaux n'existent pas, où la culture principale est le champignon qui sert aussi bien d'aliment que de matière première, tout mot ou expression faisant référence à une nature disparue a été supprimée; le langage est devenu purement descriptif. Cette organisation, comme toute dictature, est basée sur la stabilité et sur le présent et refuse tout changement, toute référence à un passé ou un avenir différent, quitte à travestir le passé proche ou à contrôler les possibles changements (par une incroyable séance publique d'autocritique, par exemple).

C'est là qu'intervient le coté Weird : tout n'est pas si stable dans ce monde. Les objets, malgré un étiquetage systématique descriptif, au bout d'une certaine période, perdent leur structure et se tranforment en une mousse nocive. Wanja, qui semble n'avoir jamais maîtrisé sa vie, découvre qu'elle peut avoir un certain pouvoir sur les objets, qu'elle peut faire autre chose que se conformer à la structure autoritaire de son monde. Et cela entraine le glissement progressif du roman dans l'étrangeté la plus totale.

Amatka, malgré sa brièveté (ou grâce à celle-ci ?) contient plus d'idées et de pistes de réflexion que la quasi-totalité de la production actuelle. Dans un accord parfait entre le fond et la forme, entre le maniement du langage et celui de la société, Karin Tidbeck utilise deux des thèmes les plus usés de la science-fiction, la dystopie et le post-apocalyptique, pour délivrer l'un des romans les plus originaux et les plus forts de ces dernières années.

René-Marc DOLHEN
Première parution : 19/3/2018
nooSFere


Edition La VOLTE, (2018)

   Vanja de Brilar d’Essre Deux arrive de la principale colonie, Essre, à Amatka la polaire, avec une mission bien précise : étudier de façon exhaustive les habitudes en matière d’hygiène des résidants. Tâche « fascinante » dont elle s’acquitte avec sérieux — tout en s’interrogeant sur le bien-fondé d’une telle démarche. Étrangère à cette ville, Vanja l’observe avec distance et se pose de plus en plus de questions sur la finalité de nombre de règles régissant sa société. Peut-on être heureux dans un environnement où chaque action doit être validée par le comité, où l’individualité doit s’effacer au nom du bien commun, où rien ne doit changer, car « Quand le matin vient / Rappelons-nous / Tout est comme hier » ?

   Pourtant, les habitants d’Amatka et des trois autres colonies ont bien des raisons de respecter des routines précises. Car le matériau qu’ils utilisent sur ce monde, dont on ignore s’il est le nôtre ou plus vraisemblablement une autre planète, est extrêmement malléable. Et si on ne nomme pas régulièrement les objets du quotidien, ils risquent de retourner à leur état naturel de pâte informe. Expérience particulièrement traumatisante. D’où les comptines inculquées dans l’enfance apprenant ce rituel. D’où les séances de peinture : chaque bâtiment voit son nom inscrit de façon lisible sur ses murs, chaque porte est clairement identifiée. Or, l’arrivée de Vanja, bourrée de doutes et terriblement curieuse, va mettre en danger cet équilibre primordial.

   Ce roman, d’une grande richesse, brasse les influences et les thèmes classiques avec un certain brio. On pense bien évidemment au 1984 d’Orwell, au Procès ou au Château de Kafka, au Brazil de Terry Gilliams pour la société cloisonnée, prise dans le carcan de la bureaucratie. Mais ce sont également Delany, Vance, Van Vogt et bien d’autres qui viennent à l’esprit pour le travail sur les mots. Des références dont Karin Tidbeck sait se montrer digne : elle les transcende, les intègre à sa propre pensée, à son propre imaginaire. Amatka est construit avec intelligence, avec finesse. Le rythme de la narration suit la découverte progressive de la colonie, son fonctionnement, mais surtout ses dysfonctionnements, par Vanja, personnage peu décrit mais vite familier qui sait atteindre le lecteur, l’amène à accepter sans hésitation la réalité de cette société. Et à rechercher avec elle les tenants et les aboutissants d’un univers plus suggéré que décrit.

   Karin Tidbeck, comme de nombreux auteurs qui se respectent, a fait ses gammes dans le registre de la forme courte. Avant Amatka, elle n’avait d’ailleurs publié qu’un recueil, Jagannath, remarqué et récompensé dans le monde anglo-saxon, mais toujours inédit en français (on peut néanmoins découvrir une de ses nouvelles sur le site Coliopod). Habituée à ce format, la Suédoise sait rester elliptique dans son propos tout en évitant l’écueil de l’hermétisme — et sans gêne aucune pour la bonne compréhension. Au contraire, elle joue simplement avec l’intelligence du lecteur et va à l’essentiel : sa narration, l’ambiance et les sentiments de ses personnages. Bref, une vraie réussite, signée par une auteure qui s’impose d’emblée comme une découverte remarquable. À lire sans tarder, donc, avec moufles et cache-col.

Raphaël GAUDIN
Première parution : 1/7/2018
Bifrost 91
Mise en ligne le : 8/5/2023

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