Becky CHAMBERS Titre original : Record of a Spaceborn Few, 2018 Première parution : Hodder & Stoughton, 24 juillet 2018ISFDB Cycle : Les Voyageurs vol. 3
L'ATALANTE
(Nantes, France), coll. La Dentelle du Cygne Date de parution : 24 octobre 2019 Dépôt légal : octobre 2019, Achevé d'imprimer : octobre 2019 Première édition Roman, 368 pages, catégorie / prix : 6 ISBN : 979-10-360-0021-8 Format : 14,5 x 20,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
La Flotte d’exode est un trésor vieillissant, témoin de la volonté humaine de disséminer ses entants et sa culture à travers les étoiles. Singulière au sein de la communauté galactique, peu la rejoignent et beaucoup la quittent. Dans les couloirs de ces vaisseaux naissent, vivent et meurent les spatiaux.
Une ethnologue à tentacules, un homme rêvant d’intégrer la Flotte, un adolescent de s’en aller, une archiviste vieillissante qui a connu l’époque où les Humains étaient des parias, une soignante affectée aux soins des morts, et Tessa, sœur d’Ashby, le capitaine humaniste de L'Espace d’un an.
Autant de voix qui, humaines ou non, nous racontent le sentiment d’appartenance à un groupe, le besoin central de trouver une place, dans la Galaxie ou dans les cœurs. Des gens ordinaires ; des vies ordinaires : uniques et précieuses.
Après L’Espace d’un an et Libration, Archives de l’exode clôt le premier triptyque de Becky Chambers, pour lequel elle a reçu le prix Hugo 2019 de la meilleure série.
Critiques
Après L’Espace d’un an et Libration, Becky Chambers fait son retour sur les tables des libraires, fraîchement auréolée d’un prix Hugo de la meilleure série amplement mérité. Le fait est que, au fil des parutions, elle a su imposer un ton et un esprit tout à fait singuliers au sein de la production actuelle. Dans sa critique de Libration (in Bifrost n°88), Claude Ecken parlait à juste titre d’histoire feel good, mais il ne faudrait pas pour autant ranger ses romans dans la catégorie bluettes inoffensives. Archives de l’exode, en particulier, touche à des thèmes plus sombres que ses prédécesseurs, et la mort y occupe une place centrale. L’action se déroule intégralement au sein de la flotte d’exode, ces vaisseaux qui ont quitté une Terre agonisante à la recherche d’un avenir meilleur. Mais de quel avenir peut-il s’agir ? C’est l’interrogation qui habite les différents protagonistes de ce récit. Par bien des aspects, la société que décrit Becky Chambers a des allures d’utopie. L’humanité y apparaît unie, chaque individu a un rôle à jouer pour le bien collectif, violence et criminalité y sont très marginales. Pourtant, tous n’envisagent pas de passer leur vie à bord d’une flotte lancée à travers l’espace sans destination précise.
Becky Chambers suit le parcours d’une demi-douzaine de protagonistes dont les chemins vont parfois se croiser. Rien de spectaculaire, elle préfère s’intéresser à leur quotidien, lequel pourra prendre à l’occasion une tournure dramatique et amener chacun à questionner ses certitudes et ses doutes. Comme toujours, la romancière colle au plus près de ses personnages, tout en donnant à voir un ensemble plus vaste, une société qui a fait de ses contraintes (la place limitée, la nécessité de tout recycler, etc.) un mode de vie. C’est parfois amusant, souvent touchant, sans que Chambers ait jamais besoin de tirer sur la corde émotionnelle (reproche que l’on pouvait faire parfois à L’Espace d’un an). Un space opera intimiste, tout en humanisme et en empathie. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu les précédents pour apprécier ce roman, mais on aurait bien tort de s’en priver.