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Rêveur zéro

Elisa BEIRAM

Première parution : Nantes, France : L'Atalante, collection La Dentelle du cygne, 24 septembre 2020

Illustration de Aurélien POLICE

L'ATALANTE (Nantes, France), coll. La Dentelle du Cygne précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 24 septembre 2020
Dépôt légal : septembre 2020, Achevé d'imprimer : septembre 2020
Première édition
Roman, 448 pages, catégorie / prix : 7
ISBN : 979-10-360-0046-1
Format : 14,5 x 20,0 cm
Genre : Science-Fiction


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture

Les deux têtes du Golden Gate émergent de leur nuage de brume, derrière la colline. Si seulement j'arrivais à rejoindre la ville, je serais en sécurité.
  N’y a-t-il rien à faire qu’à subir le courroux de ce grand marshmallow ?
  Mon bolide est éjecté hors de la scène. Il s’élève quelques instants, volette, volette, mais sa masse l’emporte sur les rêves et il est rappelé vers les flots, où se déversent les débordements rosâtres de la bête élastique. De plein fouet, je percute la surface. Le rideau tombe dans une gerbe d’éclaboussures, sous les applaudissements de la pluie mauve.

  Dans un futur proche, une épidémie de rêves.
  Ils se matérialisent dans la réalité. Leurs manifestations peuvent être badines, terrifiantes, ou simplement ridicules. Mais les pires d’entre elles provoquent de réels dégâts. Face à leur multiplication, l’ensemble de la société est mise à l’épreuve.

  Elisa Beiram, dans ce premier roman à la fois nerveux et onirique, nous entraîne à la recherche de l’origine de cette épidémie, en dix-huit jours, tel un compte à rebours, rendant au lecteur l’impression d’urgence de la vie durant une telle catastrophe.

Critiques

    Une nuit, les rêves ne restent plus campés dans nos esprits. Ils débordent et se matérialisent, charriant leur lot d’enthousiasme et d’émerveillement – mais aussi de frayeurs, de destructions, de morts. Car même les rêves restent des créations de l’esprit, ils frappent si fortement ces derniers qu’ils induisent des comportements parfois extrêmes. Le monde se met à trembler quand la nuit vient. Certains pôles apparaissent plus propices à ces apparitions fantasques. Mais personne ne comprend ni la logique qui gouverne ces phénomènes, ni son origine. Or il faut bien réagir sans tarder, car les catastrophes se multiplient, aussi étranges que meurtrières, et n’importe qui peut être touché. Une piste se dessine : un laboratoire, en Suisse, travaillait sur les rêves, avec plusieurs hommes et femmes particulièrement sensibles. L’un ou l’une d’entre eux pourrait-il être à l’origine de ce chaos ? Serait-il – elle – le rêveur zéro ?

    Le récit est construit comme un compte à rebours. Mais pas une de ces machines anxiogènes au tic-tac irritant. Non, Rêveur zéro se déploie sur dix-huit chapitres, soit dix-huit nuits et autant de jours au cours desquels le monde entier va changer, bouleversé par l’irruption des fantasmes nocturnes dans la vie quotidienne. Les narrations des nuits, brèves, installent d’emblée un climat irréel et fantasque. On est happé par les songes déstabilisants, mais jamais jusqu’à perdre le lecteur. Il y a du Philippe Curval dans la démesure onirique et son ancrage paradoxal dans le réel. En moins sensuels, toutefois, moins charnels. En plus sensibles aussi, plus poétiques, peut-être. Au fur et à mesure, les rêves gagnent en densité, imprègnent de leurs couleurs la grisaille de l’habitude. Finissent par envahir les existences tout comme l’esprit du lecteur. Où est la réalité ? Dans quels paragraphes ? Dans quelles lignes ? Avec quel personnage ?

    Car l’intrigue est éclatée entre plusieurs protagonistes : un rêveur, de retour chez lui après un séjour dans le laboratoire suisse ; une scientifique participant à cette expérience, dont l’appartement a brûlé par accident, ce qui lui a permis d’échapper à la disparition dudit laboratoire  ; un policier, à la recherche d’une vérité difficile à appréhender, d’autant que l’enquête va se retrouver à la merci des alliances et tractations entre pouvoirs nationaux ou supranationaux. Les points de vue s’accompagnent de changements de style, subtils, participant à l’ambiance mouvante du récit. Même si l’intrigue n’est pas toujours d’une folle originalité, Elisa Beiram parvient sans cesse à surprendre, à obliger le lecteur à vérifier où il pose les pieds. Le dépaysement fait partie du charme de l’ensemble, vaste trip dont on ignore s’il finira un jour.

    En dépit de son statut de premier roman, Rêveur zéro offre une promenade onirique dans laquelle on s’immergera en toute confiance. Elisa Beiram sait où elle veut entrainer son lecteur, chose qu’elle fait non sans assurance et talent ; une maîtrise rien moins que surprenante pour un coup d’essai.

Raphaël GAUDIN
Première parution : 1/1/2021 dans Bifrost 101
Mise en ligne le : 21/6/2024

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