GALLIMARD
(Paris, France), coll. Folio SF n° 219 Dépôt légal : janvier 2017, Achevé d'imprimer : 23 janvier 2017 Retirage Roman, 288 pages, catégorie / prix : 7b ISBN : 978-2-07-043743-6 Format : 10,8 x 17,8 cm Genre : Science-Fiction
Autres éditions Sous le titre Guide du routard galactiqueDENOËL, 1982, 1984 sous le titre Le Guide du routard galactique, 1990, 1993 sous le titre Le Routard galactique, 1993 sous le titre Le Guide galactique, 1995, 1996, 1999 in H2G2 : L'intégrale de la trilogie en cinq volumes, 2010 in H2G2 : L'intégrale de la trilogie en cinq volumes, 2011 Sous le titre Le Guide galactique GALLIMARD, 2000, 2002 sous le titre Le Guide du voyageur galactique, 2005, 2007, 2008, 2010, 2016
Quatrième de couverture
Comment garder tout son flegme quand on apprend dans la même journée : que sa maison va être abattue dans la minute pour laisser la place à une déviation d'autoroute; que la Terre va être détruite d'ici deux minutes, se trouvant, coïncidence malheureuse, sur le tracé d'une future voie express intergalactique; que son meilleur ami, certes délicieusement décalé, est en fait un astro-stoppeur natif de Bételgeuse et s'apprête à vous entraîner aux confins de la galaxie ?
Pas de panique !
Car Arthur Dent, un Anglais extraordinairement moyen, pourra compter sur le fabuleux Guide du voyageur galactique pour l'accompagner dans ses extraordinaires dérapages spatiaux moyennement contrôlés.
Douglas Adams (1952-2001) a exercé tous les métiers possibles avant de se tourner vers l'écriture pour la radio et la télévision, où il développera son aptitude à manier l'absurde et le nonsense. Il est essentiellement connu en France pour sa série du Guide du voyageur galactique, space oprera loufoque et délirant, proche de l'esprit des Monty Python.
Folio SF continue de faire notre joie en rééditant les séries qui ont fait le succès de la collection Présence du Futur. La série du Guide du routard galactique, célèbre pour son intrigue aux lottes et ses jeux de mots laids, relate le tour complètement délirant que prend la vie d'un pauvre Anglais moyen, Arthur Accroc, lorsqu'il se trouve propulsé dans une série d'aventures spatiales et temporelles plus drôles et improbables les unes que les autres. À son corps défendant, il finira par devenir un véritable routard de l'espace.
Prendre au sérieux l'univers loufoque de cette série est le plus sûr moyen de passer à côté. Bien souvent, l'on aime beaucoup ou l'on déteste franchement ce tourbillon furieux de péripéties décidément aléatoires, de théories scientifiques quelque peu dérangées (quoique pleines de bon sens) et de lieux non moins insolites. Les trois premiers tomes, issus du feuilleton radiophonique The Hitchhiker's Guide to the Galaxy, se succèdent à un rythme effréné et hilarant, en parodiant plutôt pertinemment les thèmes et les clichés de la science-fiction, et en accumulant les trouvailles humoristiques. La Vie, l'Univers et le reste, en particulier, mélange habilement folie complète avec une histoire qui parvient quand même à tenir debout, ce qui en fait certainement le meilleur opus de la série.
Les trois premiers tomes laissent peu de répit au lecteur ; certes, l'on pourra se trouver un peu noyé par ces enchaînements extravagants et ces calembours bœufs ; certes, certes, certes, votre médecin traitant pourra vous conseiller de marquer une pause entre chaque volume, de manière à laisser reposer votre cerveau surchauffé par une ambiance encore plus surréaliste que le Monty Python's Flying Circus. Mais pas de panique ! On y revient toujours avec une excitation renouvelée et l'envie de se payer une bonne tranche de rigolade.
Mais... la trilogie aurait dû rester telle quelle. Salut, et encore merci pour le poisson ne relate qu'une histoire d'amour lente, et vit beaucoup sur les acquis narratifs des volumes précédents : un livre peu amusant. Globalement inoffensive n'est pas totalement dépourvu d'intérêt, mais n'apporte rien de bien nouveau ; les recettes qui ont fait sensation au début de la série, devenues éculées, ne marchent plus aussi bien. En fait, ces deux derniers livres sont presque trop cohérents ; ils manquent de la spontanéité ravageuse des trois premiers.
Car effectivement, il n'y a pas de message caché, pas de second degré dans Le Guide du routard galactique ; la série n'a d'autre ambition que la gaudriole pure et simple. Le pastiche vise des cibles que l'on peut considérer faciles, comme les médias ou l'administration. Qu'importe : Adams est un grand humoriste, et la parodie, vraiment amusante, fonctionne très bien pour peu qu'on aime un tant soit peu l'humour absurde.
Trois premiers volumes de grande détente, donc ; et deux derniers à ne conseiller qu'aux vrais aficionados, ceux-là mêmes qui désespèrent d'être pris en stop par une soucoupe volante ! !
Le film supposé porter Armageddon au statut de quasi-documentaire peut être un chef d'œuvre ou un navet, un triomphe ou un bide : vous le savez à l'heure ou vous lisez ceci, pas moi à celle où je l'écris. Mais de toute façon, il a en tout cas la vertu de provoquer la réédition et le retour en librairie du premier tome du Guide du voyageur galactique, ex-Guide du routard non moins galactique rebaptisé naguère au nom des intérêts légaux d'une multinationale méritante. Ce qui (la réédition, pas les intérêts légaux) permettra à de nouveaux lecteurs d'apprendre comment la terre peut être expropriée, le babelfish prouver la non-existence de Dieu et les fluctuations économiques peser sur la vie d'une planète vouée à la construction d'autres planètes, quels sont l'intérêt des serviettes, le degré d'alcool du gargle balster pangalactique et celui (de degré) de bêtise du hanneton glouton de Tron, le poids politique exact du président galactique ou l'importance des souris de laboratoire pour l'existence même de la Terre, ce que l'on peut faire avec un champ d'improbabilité carabinée et penser de la poésie vogon, et même pourquoi « 42 » est la réponse à la Grande Question de l'Univers (mais — vendons la mèche — pas quelle est cette dernière). Plus quelques autres choses. Heureux nouveaux lecteurs. Ils pourront même subir le récit des conditions de réalisation du film, et le caractère farouchement soporifique de cette postface ferait encore plus apprécier, si besoin était, l'humour, la verve et l'imagination de feu Douglas Adams. Lequel nous manque cruellement, parce que la SF humoristique n'est hélas pas ce qu'il y a de plus répandu.
En littérature, le registre comique est sans doute l’un des plus ardus à maîtriser. Retranscrire l’absurdité d’une situation par le seul usage des mots, sans possibilité de recours à l’image, nécessite une parfaite connaissance des ressorts comiques très subtils propres à l’écriture. Dans ce domaine, la facilité consiste à parodier un univers connu pour le tourner en dérision, au risque de gêner l’immersion du lecteur conscient d’avoir affaire à un ersatz, cantonné à un second degré permanent. L’auteur plus audacieux tentera un premier degré assumé en composant un univers original et cohérent, pour mieux plonger ses héros au cœur des situations les plus décalées (personnages sérieux dans une situation bizarre, ou personnages bizarres dans une situation sérieuse). Parmi les exemples récents, on citera la saga des Annales du Disque-Monde, qui ne cède jamais à la tentation de la parodie sans pour autant se prendre au sérieux. Le Guide du Voyageur Galactique s’inscrit dans cette tradition : nous y découvrons un véritable cadre de science-fiction dans la lignée du genre, « solide » et respectueux des codes du genre, mais où l’histoire est relatée d’une manière burlesque, sur un ton typique du nonsense britannique.
Dans H2G2, tout commence au moment où un honnête citoyen apprend la destruction prochaine de sa maison au profit d’une autoroute. En quelques pages, l’histoire bascule brutalement dans le registre de la SF quand Ford Prefect, son voisin et ami depuis cinq ans, lui apprend du même coup qu’il est un alien, astrostoppeur échoué sur Terre il y a quinze ans, et que cette dernière s’apprête à être détruite d’ici douze minutes au profit d’une autoroute intergalactique (décidément...). Par chance, son statut d’astrostoppeur (et une serviette propre) lui permet de quitter la planète en une seconde, et de fuir l’Apocalypse imminente. Comme vous le voyez, l’auteur tenait là un sacré postulat de SF !
H2G2 présente l’étrange particularité d’être de plus en plus drôle au fil des pages. Passée une introduction sympathique (dans un style assez lourd, il faut bien le dire 1), Douglas Adams semble trouver le ton juste avant de se lâcher en nous entraînant dans une histoire rocambolesque sans temps morts aux confins de l’univers. Dès lors, le roman rejoint le genre du space opera en assumant, sur la forme, l’héritage du nonsense britannique, dans la droite lignée de Lewis Carroll et Terry Pratchett, en faisant un détour par les Monty Pyton. L’univers de Douglas Adams est absurde, et il ne s’en excuse même pas. Pourtant, son œuvre présente de vraies ambitions en exploitant des thèmes audacieux de SF (la recherche des origines de l’homme, notamment, qui mène naturellement à la question de l’existence de Dieu). Les réponses d’Adams risquent de surprendre, mais il a le mérite de les poser ! Au sein de ce grand déballage d’improbabilités, il réussit même à rendre attachants des personnages aussi atypiques qu’un président galactique à deux têtes et trois bras, ou qu’un robot dépressif. Et en fin de compte, face à l’humour pince-sans-rire de l’auteur et aux réactions stoïques des personnages, même (et surtout) dans les situations les plus dangereuses, on se dit que Le Guide du Voyageur Galactique n’aurait pu être écrit par nul autre qu’un Anglais.
On ne reprochera pas au roman ses facilités, puisque l’improbabilité est l’un de ses thèmes centraux, mais peut-être regrettera-t-on un fil narratif assez basique et un manque de caractérisation des personnages. Paradoxalement, le personnage le plus marquant reste Marvin... un robot !
Notes :
1. Il faut toutefois préciser qu’à la base, le livre est l’adaptation d’un feuilleton radiophonique ensuite adapté en roman.