Arthur C. CLARKE Titre original : 3001: The Final Odyssey, 1997 Première parution : États-Unis, New York : Del Rey / Ballantine, mars 1997 / Angleterre, Londres : Voyager / HarperCollins, mars 1997 Cycle : Les Odyssées de l'espace vol. 4
Le réchauffement de la planète condamne les hommes à vivre dans quatre tours baptisées Afrique, Amérique, Asie et Pacifique, hautes de trente-six mille kilomètres, et qui s'élèvent jusqu'à l'orbite géostationnaire. Du 10 000e étage de la tour Afrique, Frank Poole, l'un des astronautes de Discovery, contemple ce monde étrange qui fut le sien et qui n'en finit pas de le surprendre. Il est vrai qu'il vient de renaître à la vie, après mille ans de dérive dans l'espace. Désormais, Frank n'a qu'une idée : retrouver son ex-commandant Dave Bowman. Lequel a dû survivre lui aussi, puisqu'il a envoyé un message où il laisse penser qu'un terrible danger plane sur l'humanité.
Arthur C. Clarke
Né en 1917 en Angleterre, membre de l'Académie astronautique, Arthur C. Clarke vit au Sri Lanka. Unanimement reconnu comme l'un des plus grands auteurs de science-fiction du siècle, son esprit visionnaire s'est exprimé dans plus de cinquante livres traduits en trente langues et récompensés par des prix prestigieux. 3001 : L'odyssée finale clôt le cycle des Odyssées de l'espace qu'ouvrait le mythique 2001 : L'odyssée de l'espace, porté à l'écran par Stanley Kubrick.
Par le plus grand des hasards, un prospecteur spatial retrouve Frank Poole, l'un des deux pilotes de l'astronef Discovery, qui a miraculeusement survécu à mille ans d'hibernation. Ranimé et soigné, il découvre l'univers de ce début du quatrième millénaire. Les maîtres des monolithes ne se sont pas manifestés depuis 2061, et les formes de vie présentes sur Europe (qui sont apparues à la surface en 2010 après que Jupiter fut devenu un second soleil, baptisé Lucifer) ne semblent pas avoir évolué. Persuadé que Dave Bowman, ou son avatar, est présent sur Europe, Poole décide de braver l'interdiction qui est faite d'y atterrir afin d'entrer en contact avec lui. Bowman lui apprend que les maîtres des monolithes ont été informés de l'évolution de la situation dans le système solaire. Ils considèrent que l'expérience d'Europe est un échec et vont y mettre un terme. Mais peut-être vont-ils agir de même avec la Terre : ce sont eux qui, il y a des millions d'années, ont déclenché l'évolution des hominiens vers l'homo sapiens...
On retrouve dans ce roman les qualités et les défauts de son auteur. Côté positif, une grande clarté dans l'exposition, une sobriété de ton qui rendent ce futur prodigieusement vivant et vraisemblable : dans ce registre, Clarke touche à la perfection. Côté négatif, des personnages qui ne sont bien souvent qu'esquissés et manquent d'épaisseur, une intrigue relâchée où le didactisme l'emporte sur la progression dramatique. Le but de Clarke n'est cependant pas d'écrire un roman psychologique, mais bien une œuvre spéculative sur le devenir de l'humanité. La surprise vient d'ailleurs. On avait remarqué dans 2001 (le film plutôt que le livre) une nette volonté de transcendance, pour ne pas dire de mysticisme, cohérente avec certaines des autres œuvres de Kubrick, voire de Clarke lui-même (Les Enfants d'Icare) ; le livre que Clarke avait tiré du scénario écrit en collaboration avec le cinéaste était plus rationnel. Dans cet ultime volet, Clarke met les choses au point et se déclare comme athée, anéantissant du même coup toutes les spéculations religieuses qu'avaient pu susciter 2001, 2010 et 2061. Voilà qui éclaire d'un jour nouveau l'ensemble de la tétralogie et devrait faire couler beaucoup d'encre. Dommage que ce livre soit par endroits aride, et que l'auteur y donne trop souvent libre cours à une aigreur parfois déplaisante. Ceux qui considéraient Clarke comme un humaniste vont être obligés de revoir leur copie...