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Cérémonial nocturne et autres contes fantastiques

Thomas OWEN

Première parution : Verviers, Belgique : Marabout, Bibliothèque Marabout - Géant n° G242, 1966


TERRE DE BRUME (Dinan, France), coll. Terres Fantastiques - Littérature précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 20 août 2020
Dépôt légal : août 2020
Réédition
Recueil de nouvelles, 196 pages, catégorie / prix : 18 €
ISBN : 978-2-84362-673-9
Format : 14,0 x 24,0 cm
Genre : Fantastique

Autres éditions
   in Œuvres complètes - 2, LEFRANCQ CLAUDE, 1995
        sous le titre Cérémonial nocturne
   LEFRANCQ CLAUDE, 1996
Sous le titre Cérémonial nocturne - contes insolites
   MARABOUT - GÉRARD, 1966
        sous le titre Cérémonial nocturne et autres contes insolites, 1971, 1973
Sous le titre Cérémonial nocturne
   NOUVELLES ÉDITIONS OSWALD (NéO), 1986

Quatrième de couverture
Entre l’humour le plus féroce et l’épouvante la plus sombre, chaque texte de Thomas Owen révèle un repli de l’âme humaine, torturée, terrorisée, à la dérive… À quoi s’ajoutent un art du récit insolite, un sens aigu de la narration, un suspense vertigineux : toutes les qualités nécessaires pour éveiller l’imagination, la provoquer, tenir le lecteur en haleine jusqu’à la chute et lui refuser toute autre échappatoire que celle née du mouvement périlleux de l’intrigue.
Les œuvres de Thomas Owen ont été traduites dans de nombreux pays et l’un de ses textes fut classé, en 1952  — suite au concours du New York Herald Tribune — parmi les « 56 meilleures nouvelles du monde ».
Conçu par l’auteur lui-même, Cérémonial nocturne est, par excellence, un livre qui dérange : le livre du trouble et du frisson.
Aussi, si vous recherchez des sensations à fleur de peau, ce livre est pour vous. Sinon, comme le souligne Robert Margerit, « il est encore temps de fuir »…
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition MARABOUT - GÉRARD, Bibliothèque Marabout - Géant (1966)

  Le titre est beau qui donne, me semble-t-il, assez exactement le ton du volume tout entier. Non pas que la nuit et ses sortilèges en soient les seuls protagonistes, mais bien parce que ces mots accouplés ont au plus haut point ce pouvoir de suggestion, cette résonance poétique qui font de Thomas Owen bien davantage qu'un simple conteur.

    Cela ne va guère me faciliter la tâche. D'autant qu'il me paraîtrait niais de vouloir à tout prix analyser ce recueil en ne me servant que des seuls critères traditionnels. Oh ! bien sûr, on peut toujours se livrer au petit jeu des comparaisons – encore que les ouvrages parents de celui-ci ne soient point nombreux. On peut aussi s'amuser à débusquer les plus lointaines filiations, recenser les influences. Les épigraphes qui « coiffent » chacun des dix-sept récits d'inégale longueur rassemblés dans ce Cérémonial, et qu'ont signé Villiers de l'Isle-Adam, Wilde, Bierce, Kafka, Bruno Schulz, Jean Ray, Mandiargues, Robert Margerit, Arrabal et quelques autres, risquent fort de passer pour révélatrices. Pourtant elles ne sont rien de plus que des jalons plantés ouvertement au long de ces « chemins étranges » que Thomas Owen connaît mieux que personne pour les parcourir depuis plus de vingt ans. 

    La quête qu'il y poursuit encore lui fait nous rapporter, parfois – et c'est inévitable – quelques récits mineurs ou moins bien venus que d'autres. La plupart sont cependant de premier ordre. Certains nous sont déjà connus. Nous les avons lus dans Fiction (Au cimetière de Bernkastel, La dame de Saint-Pétersbourg, Un beau petit garçon. Le chasseur, Le grand amour de Madame Grimmer), dans Mystère-Magazine (La fille de la pluie) et même dans Atlanta pour ce qui est de ce Cérémonial nocturne duquel ce volume, troisième recueil de l'auteur, tire son titre. 

    Les lire séparément est une chose ; les lire ensemble en est une autre. Le climat y gagne à se multiplier ; l'éclairage change : une lumière froide, hypnotique, nous découvre tout à trac de nouvelles perspectives ; les récits achèvent de se mettre en place et prennent, alors, leur véritable dimension. Une dimension où dominent l'insolite – plus que le fantastique – la cruauté, l'incertain et un érotisme feutré, insidieux, curieusement concret. L'effet est toujours surprenant, souvent superbe. L'écriture de Thomas Owen y entre pour beaucoup qui « paraît » simple, sans cependant se refuser à la magie des mots.

    Je pense surtout, écrivant cela, à la nouvelle de près de quatre-vingt-dix pages, Étranger à Tabiano, qui termine le recueil. C'est une manière de chef-d'œuvre, un long poème on prose où l'écriture, justement, a pour le moins autant d'importance que l'histoire et dont un résumé ne peut, hélas ! de ce fait, qu'amoindrir les prestiges. On y voit une sorte de voyageur égaré – dont nous ne saurons jamais rien – se retrouver à Tabiano, étrange pays, aux us et coutumes plus étranges encore, et qu'un tyran passablement singulier, le Grand Malicieux, gouverne selon son seul bon plaisir. Ce tyran, le voyageur l'étranglera au retour d'une fuite avortée. Pourtant ce meurtre, d'où devait logiquement découler la liberté de tout un peuple, ne servira de rien : déjà Tabiano aspire à de nouvelles servitudes. C'est tout, et c'est extraordinaire.

    Mais il vous faut lire également « Wohin am abend ? », Mutation, Elna 1940, La soirée du baron Swenbeck, Le petit fantôme, La tentation de saint Antoine où, en plus du Diable, se donnent aimablement carrière les métamorphoses, les spectres et l'anthropophagie. Il vous faut lire Les lectures dangereuses – qui nous rappellent que Léo Malet n'est pas seulement le père de Nestor Burma, mais aussi un poète quasi clandestin d'une rare qualité. Il vous faut lire La passagère où revit abominablement – quoique en sourdine – l'obsession de la main qu'idolâtrent tant de conteurs et, dirait-on, Thomas Owen plus que d'autres (cf. deux récits antérieurs : Le destin des mains ; La princesse vous demande). Il vous faut lire, surtout, Bagatelles douces où l'érotisme dont il a déjà été question tient ambigument le devant de la scène : il y fait merveille. 

    Bref, il vous faut absolument vous repaître de tous ces récits, de ces « poisons de l'imagination » – Thomas Owen dixit – céder à leurs vénéneux enchantements, comme vont y céder les innombrables lecteurs de la collection « Marabout ». Et comme on souhaiterait que le fissent également ces happy few que réclamait Stendhal, et pour lesquels ils ont sûrement aussi été écrits.

Roland STRAGLIATI
Première parution : 1/6/1966
Fiction 151
Mise en ligne le : 18/1/2023

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