Depuis 20 ans, en Europe, les ingénieurs du Consortium et les écoterroristes de la Coop sont en guerre. Depuis « le crime du siècle ». Chaque camp a développé ses propres armes : des animaux-robots pour les premiers, des plantes mécanisées pour les seconds.
Un soir, sur un champ de bataille, l’équipage de la Tchaïka tombe sur un inconnu amnésique au comportement étrange. Cette bande de cosaques, qui récupèrent des pièces détachées après les combats et dont la philosophie se résume à cette maxime : « Nous sommes des contrebandiers, des gens qui refusent d’appartenir à un camp au nom de notre choix d’emmerder le monde », va traverser l’Europe à la recherche du passé de l’homme qu’ils ont accueilli, persuadés que s’y trouve la clé de la fin du conflit.
« C’est une véritable immersion qui attend le lecteur, auquel il ne sera laissé aucun répit du premier chapitre au point final. Récit d’aventures ? Livre de science-fiction ? Roman d’anticipation ? Impossible à dire. » Des livres et moi
« La guerre avait modifié les comportements au point que la sincérité constituait une idée neuve en Europe. Une idée d’avenir pour les temps de paix. »
L’Europe du futur se déchire au travers d’un conflit opposant deux factions : la Coop et le Consortium (on se surprend à penser à un jeu vidéo de stratégie en temps réel – STR pour les intimes). Sous la bannière de la Coop se rangent plus ou moins de bonne grâce nombre de factions écologistes dont les armes sont le produit de plantes modifiées, tout juste contrôlables et tout à fait létales (on se surprend à penser à Jayce et les conquérants de la lumière – si si, le dessin animé). Le Consortium, où l’ingénieur est roi, a développé l’intelligence artificielle, modestement nommée Sublime, et de complexes animaux de combat synthétiques (on se surprend à penser à un croisement étrange de Goldorak et de Pokémon). Au milieu de ce pandémonium, une bande de contrebandiers, dont, au vu de leurs prénoms, on se demande quelle est la filiation avec les frères Karamazov, tire tranquillement son épingle du jeu avec le marché noir (on se surprend à penser à feu Han Solo). Quant au reste du monde, dont les grandes puissances restent la Chine et les États-Unis, il se tient à l’écart du conflit tout en essayant de profiter de la situation.
De manière surprenante, Olivier Paquet a travaillé avec brio ces éléments de base, dont la pertinence aurait pu, de prime abord, laisser le lecteur dubitatif. Jardin d’hiver est un roman bien construit autour de personnages accrocheurs, une sorte de Fleuve Noir de luxe dont la science-fiction délicieusement surannée s’appuie sur une solide connaissance que l’auteur a des phénomènes politiques et géostratégiques tout en restant accessible aux néophytes.
D’un point de vue narratif, l’auteur déploie un talent particulier pour les scènes épiques dont le souffle et le théâtre, Mégapole, à savoir Paris et sa banlieue, ne manqueront pas de ravir les lecteurs les plus blasés. Grand spectacle, suspense ainsi qu’une certaine profondeur font de Jardin d’hiver une excellente surprise comme on aimerait en lire plus souvent.
Comme quoi, les réputations…
Grégory DRAKE Première parution : 1/1/2017 Bifrost 85 Mise en ligne le : 18/11/2022