Kate WILHELM Titre original : The Chosen, 1970 Première parution : Orbit 6, anthologie composée par Damon Knight. G. P. Putnam's Sons, mars 1970ISFDB Traduction de Michèle VALENCIA
LE PASSAGER CLANDESTIN
(Neuvy-en-Champagne, France), coll. Dyschroniques Date de parution : 17 février 2022 Dépôt légal : 1er trimestre 2022, Achevé d'imprimer : janvier 2022 Réédition Nouvelle, 64 pages, catégorie / prix : 5 € ISBN : 978-2-36935-515-1 Format : 11,0 x 17,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
En 1970, Kate Wilhelm imagine une époque où l’amour de la nature est synonyme de folie.
[texte de présentation sur le site de l'éditeur]
« Jan, s’il te plaît, retournons tous les deux dans la tente. As-tu déjà passé une nuit en entendant la pluie au-dessus de ta tête ? As-tu déjà vu tomber de la neige bien blanche qui ressemble à un tapis éblouissant ?
— Tu sais bien que non.
— Quand nous rentrerons à la maison, nous nous retrouverons au soixante-deuxième étage, avec quarante-sept autres étages au-dessus de notre tête. Nous ne verrons tomber du ciel que des particules de poussière qui s’accrocheront à nos fenêtres ou à nos vêtements. »
Dans un monde surpeuplé, ravagé par la pollution et où les ressources s’épuisent, des expéditions scientifiques sont organisées pour trouver des territoires à exploiter, non pas dans des contrées lointaines mais à d’autres époques.
Lorin et Jan, un couple de biologiste et bactériologiste, font partie d’une de ces expéditions et découvrent un futur vierge de traces humaines, où aucune espèce animale n’a survécu et où les séquoias géants ont remplacé les chênes, hêtres et bouleaux. Tandis que Jan est prise de panique face au silence qui règne dans la forêt et semble impatiente de retrouver son quotidien au 62e étage de sa tour, son compagnon Lorin y voit la promesse d’une vie paisible, reconnectée avec la nature et décide de tout mettre en place pour ne plus repartir…
Cette nouvelle de 1970 révèle, à travers les visions dissonantes d’un couple pourtant uni, des préoccupations écologiques précoces.
1 - (non mentionné), Synchronique du texte, pages 47 à 60, nouvelle
Critiques
La collection « Dyschroniques » du Passager Clandestin continue de remettre en avant des nouvelles de grandes plumes – parfois injustement oubliées — de la science-fiction, afin d’apporter un regard passé sur le futur… ou plus certainement notre présent. Une qualité certaine de la présente publication est ainsi de permettre une première approche de l’intelligence des textes de Kate Wilhelm, autrice méconnue du matrimoine science-fictionnel, qui a su dépeindre dans ses textes des situations et considérations humaines, environnementales et philosophiques, sans jamais asséner.
Ainsi, dans Demain le silence mène-t-elle sa courte intrigue d’une plume efficace : un couple de scientifiques, dont l’équipe est propulsée dans le futur en quête de matières premières à exploiter, est confrontée à une nature sauvage extrêmement silencieuse et pour cause : seules persistent la flore et les champignons. Inquiète du silence régnant dans ces bois – décrits avec un détail synesthésique –, Jan souhaite restreindre le plus possible le temps passé dans les bois, là où son compagnon Loris s’en extasie et cherche un moyen d’y fuir leur vie bien cadrée, dans un présent où les arbres, entre autres, ont quasi disparu. Texte très court et saisissant, il n’échappe néanmoins pas à un retournement narratif qui, en 2022, pourrait passer pour simpliste.
Demain le silence peut toutefois constituer une première approche de l’autrice, approche d’autant plus facilitée par le corpus de postface amenant un contexte aussi bien littéraire que théorique autour des thématiques abordées par cette courte nouvelle (une quarantaine de pages) qui encourage à aller plus loin… et peut-être découvrir son seul roman encore disponible en poche : Hier, les oiseaux (dont on vous laissera apprécier la couverture au Livre de Poche…) et récompensé par le prix Hugo en 1976. À lire pour (re)découvrir Kate Wilhelm, donc !