GALLIMARD
(Paris, France), coll. Folio SF n° 729 Date de parution : 11 mai 2023 Dépôt légal : avril 2023, Achevé d'imprimer : 11 avril 2023 Réédition Recueil de nouvelles, 592 pages, catégorie / prix : F11 ISBN : 978-2-07-296214-1 Format : 10,8 x 17,8 cm✅ Genre : Science-Fiction
La célèbre cité lunaire de l’Empire russe n’a pas fini de nous dévoiler ses merveilles. 1922 sera une année folle ! Dans ses rues peuvent se croiser Marie Curie, l’archiduc François-Ferdinand ou Howard Carter, mais aussi d’humbles ouvriers, des automates au cœur de cuivre et des voleurs habiles. De l’opéra aux maisons closes, en passant par un championnat d’échecs et une compétition de patinage, la ville se révèle dans toute sa magie autant que dans ses aspects les moins reluisants.
Dans ces treize nouvelles, Emmanuel Chastellière réussit à mêler l’intime à l’action et nous fait découvrir Célestopol dans tous ses paradoxes, à travers une galerie de personnages éclectiques et une société aux questionnements très contemporains.
« Dans un univers tout en clair-obscur, Emmanuel Chastellière nous parle de liberté, de rédemption et de destin. »
Élisa Thévenet, Le Monde
Emmanuel Chastellière est cofondateur et rédacteur en chef du site de référence consacré ã la fantasy EIbakin.net, traducteur littéraire et chroniqueur passionné. Son premier roman, Le village, a été nommé au prix Imaginales 2017 et son deuxième roman, Célestopol, récompensé par le prix Révélation 2018 des Futuriales.
1 - Olivier SANFILIPPO, Carte de Célestopol, pages 8 à 9, carte 2 - Toungouska, pages 15 à 50, nouvelle 3 - Mon rossignol, pages 51 à 98, nouvelle 4 - Sur la glace, pages 99 à 130, nouvelle 5 - Memento Mori, pages 131 à 156, nouvelle 6 - Une nuit à l'opéra Romanova, pages 157 à 227, nouvelle 7 - Le Correcteur de fortune, pages 229 à 259, nouvelle 8 - Katarzyna, pages 261 à 304, nouvelle 9 - Le Revers de la médaille, pages 305 à 335, nouvelle 10 - Un visage dans la cendre, pages 337 à 376, nouvelle 11 - La Malédiction du pharaon, pages 377 à 419, nouvelle 12 - Paint Pastel Princess, pages 421 à 468, nouvelle 13 - La Fille de l'hiver, pages 469 à 565, nouvelle 14 - Danser avec le chaos, pages 567 à 585, nouvelle 15 - Remerciements, pages 587 à 588, notes
Quatre ans après un premier recueil au titre identique ou presque (Célestopol, chroniqué dans Bifrost 88), et chez un nouvel éditeur, Emmanuel Chastellière revient à son univers fétiche, celui de ladite Célestopol, cité lunaire sous dôme fondée au milieu du xixe siècle par l’empire russe, mais dont son dirigeant, le Duc Nikolaï, a arraché l’indépendance à son impératrice de mère grâce à la découverte d’une nouvelle source d’énergie, le Sélénium. Comme son nom l’indique, ce second fix-up de treize nouvelles se déroule de janvier 1922 à janvier 1923, un intervalle temporel bien plus resserré que dans son prédécesseur. On peut, au passage, sans aucun problème lire Célestopol 1922 sans avoir lu ce dernier, dont on retrouve par ailleurs quelques personnages.
Les nouvelles sont semi-indépendantes, puisque si chacune d’elles forme une histoire à part entière (permettant aux néophytes de découvrir peu à peu l’univers uchronique et rétrofuturiste de Célestopol), les protagonistes, lieux ou événements des unes, peuvent se retrouver, en tant que personnages secondaires, ou même simplement entraperçus ou mentionnés, dans les autres. Si l’ensemble navigue entre le merveilleux scientifique à la Jules Verne et un steampunk où le Sélénium remplace la vapeur, certains textes sont dans une veine SF plus classique, et plusieurs semblent établir que la magie et les êtres mythiques coexistent avec la science – le dernier relevant carrément du volet onirique de l’œuvre de… Lovecraft ! Tout ceci aurait pu s’effondrer sous le poids de ses contradictions, et pourtant il n’en est rien. Chose rare dans pareils recueils, il n’y a pas vraiment de texte plus faible ou dispensable que les autres, à part peut-être celui sur Howard Carter (un des nombreux personnages – ou événements – historiques qui apparaissent ou sont mentionnés), qu’une fin poignante met toutefois au même niveau que les autres. Si l’on devait en retenir plus particulièrement certains, on choisirait « Katarzyna » (à l’excellente chute), ainsi que les trois derniers.
Comme à son habitude, Chastellière mêle à sa littérature d’évasion des thèmes sociétaux, certains récits étant engagés sans être agressivement militants, abordant la condition ouvrière, la mécanisation mangeuse d’em-
plois, l’homophobie, le nationalisme, l’antisémitisme, l’émancipation de la femme ou les droits des intelligences artificielles, dans une veine proche d’Ekaterina Sedia dans L’Alchimie dela pierre(cf. Bifrost n°86), ou, dans sa dimension « une utopie technologique peut se doubler d’une contre-utopie sociétale », de David Marusek dans L’Enfance attribuée(cf. Bifrost 16 et 96). Il ne ménage pas ses personnages, la fin heureuse étant clairement l’exception, mais nous offre, ce faisant, de très beaux moments d’émotion et d’humanité.
Célestopol 1922 est un recueil maîtrisé, poignant, surprenant et passionnant du début à la fin, et confirme le statut d’auteur à suivre d’Emmanuel Chastellière.
APOPHIS (site web) Première parution : 1/7/2021 Bifrost 103 Mise en ligne le : 29/11/2024