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Le Fort intérieur et la sorcière de l'Île Moufle

Stella BENSON

Titre original : Living Alone, 1919
Première parution : Angleterre Londres : Macmillan and Co., 1919   ISFDB
Traduction de Faustine LASNIER
Illustration de Anouck FAURE
Illustrations intérieures de Anouck FAURE

CALLIDOR (Paris, France), coll. L'Âge d'or de la fantasy précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 26 mai 2023
Dépôt légal : mai 2023, Achevé d'imprimer : avril 2023
Réédition
Roman, 304 pages, catégorie / prix : 22 €
ISBN : 978-2-901207-19-1
Format : 13,8 x 20,0 cm
Genre : Fantasy

Autres éditions
   CALLIDOR, 2020
Sous le titre La Vie seule
   CAMBOURAKIS, 2020, 2022

Quatrième de couverture

Le regard sans cesse accroché au ciel, constellé de bombes allemandes, Sarah Brown n’a pour toute richesse que sa valise, baptisée Humphrey, de bonnes intentions et une bienveillante inefficacité... Mais lorsqu’elle croise la route du fidèle Harold, un balai égaré par une sorcière londonienne, c’est pourtant bien à elle qu’il incombe de le restituer à sa propriétaire. Avec son chien David, Miss Brown découvre alors l’île Moufle, nichée entre la Forêt Enchantée et la Commune de la Faërie, où se dresse une petite maison curieusement nommée « le Fort Intérieur »...

Paru en 1919, Le Fort Intérieur, sorte de Mary Poppins pour adultes avant l'heure, anticipe le ton comique et léger que la fantasy connaîtra bien des décennies plus tard, avec entre autres Terry Pratchett et Neil Gaiman. Roman inclassable d'une modernité savoureuse, ce titre de la féministe Stella Benson est augmenté de deux nouvelles insolites, de nombreuses illustratins d'Anouck Faure ainsi que d'une préface signée Élisabeth Vonarburg.

Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Élisabeth VONARBURG, Ceci n'est pas une vraie préface, pages I à II, préface
2 - Le Réveil : une féérie (The Awakening : a Fantasy, 1925), pages 239 à 255, nouvelle, trad. Maxime LE DAIN
3 - La Formule de noël (Christmas Formula, 1932), pages 257 à 271, nouvelle, trad. Maxime LE DAIN
4 - Dr. Jem BLOOMFIELD, Une littérature de l'incongru (2020), pages 275 à 284, postface, trad. Faustine LASNIER
5 - Dennis HARRISON, Stella Benson; Sa vie, son œuvre (2019), pages 287 à 299, biographie, trad. Faustine LASNIER
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition CALLIDOR, L'Âge d'or de la fantasy (2021)

    Par un curieux hasard éditorial, ce roman, longtemps inédit en langue française (la VO date de 1920), est sorti courant octobre chez deux éditeurs simultanément. Aux éditions Cambourakis, en poche, sous le titre La Vie seule (n’ayant pas eu cette traduction sous la main, je n’en dirai rien), et donc chez Callidor, avec un titre qui mise moins sur la fidélité à la langue d’origine que sur la poésie, dans une version superbement illustrée et agrémentée d’un intéressant paratexte. De sorte qu’entre le standard et le premium, tout le monde sera servi.

    Londres, 1918. Tandis que les bombes allemandes pleuvent sur la ville, Miss Sarah Brown cherche à faire son trou dans une société britannique où les conventions sociales assignent à chaque citoyen un rôle bien défini.

    Poussée par sa générosité, mais aussi par désœuvrement, elle a intégré un comité de charité destiné à financer l’effort de guerre et à venir en aide aux indigents. Au cours d’une réunion, les membres voient débouler une étrange jeune femme, « une sorte de Cendrillon » dans laquelle ils identifient une sorcière. Le temps de faire une démonstration de ses talents, et la voilà qui disparaît en laissant derrière elle un balai. Le comité charge Sarah de ramener l’objet à sa propriétaire, dans la mystérieuse pension de l’île Moufle… Un lieu magique, cette pension qui tient autant de l’auberge que du couvent, conçue pour accueillir des gens « différents », souvent blessés par la vie ou inadaptés socialement. Sarah y trouvera provisoirement refuge, avec sa valise et son chien David.

    Selon la tradition du récit d’apprentissage (mais sans affrontement destructeur), notre héroïne devra intégrer les règles particulières de la pension, apprendre à se débrouiller grâce à sa volonté et sa gentillesse, et surtout mettre à profit cet espace de liberté pour s’accepter, pour trouver le moyen de développer ses propres dons. Mais cela passe aussi par l’acceptation des relations sociales : or, si elle se montre plutôt avenante et polie, toujours bien intentionnée, elle semble incapable de nouer des rapports plus amicaux. Sarah se veut indépendante, mais cette indépendance se paie au prix de la solitude. Elle apprendra un peu tard qu’elle peut également s’ouvrir aux autres sans pour autant perdre ni ses rêves ni son intégrité morale.

    Court roman inclassable, Le Fort intérieur mélange un cadre typique d’Angleterre traditionnelle, presque intemporelle, avec un univers magique qui préfigure celui de Mary Poppins ou les œuvres de J.K. Rowling. L’une des particularités du livre réside dans cet aspect fantastique latent : l’apparition de la sorcière en ville puis la multiplication des phénomènes surnaturels font tourner les têtes, mais personne ne paraît étonné outre mesure. Un peu comme si, face à la technologie, la magie avait cédé du terrain, mais sans disparaître totalement. Tout cela s’accompagne d’une forme de nostalgie, sinon de tristesse. Car la magie est en sursis, et les choses qui disparaissent ne sont pas des pertes provisoires, on continue de les perdre éternellement. Ainsi des rêves, de la naïveté de l’enfance. La jeunesse du monde, immense et interminable, joyeuse et pleine de première fois, est terminée, semble parfois nous dire Stella Benson ; et pourtant il faut tenter de vivre.

    Riche en thèmes, mêlant la satire politique et sociale à des considérations sur l’intime, l’espace domestique et la difficulté des relations humaines, Le Fort intérieur est une belle curiosité qui offre quelques saisissants portraits de femmes (dont celui, en creux, de son auteure) en avance sur leur temps. Mais la diversité des registres, des tons, des styles, ainsi que l’intrigue en roue libre, basée sur de constantes digressions, pourront peut-être rendre la lecture laborieuse aux lecteurs les moins expérimentés. Avis aux amateurs.

Sam LERMITE
Première parution : 1/1/2021
Bifrost 101
Mise en ligne le : 29/6/2024

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