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L'Automate de Nuremberg

Thomas DAY

Première parution : Bifrost n° 42, mai 2006

Illustration de Aurélien POLICE

BÉLIAL' (Moret-Loing-et-Orvanne, France), coll. Une Heure-Lumière précédent dans la collection n° 53 suivant dans la collection
Date de parution : 22 août 2024
Dépôt légal : août 2024, Achevé d'imprimer : août 2024
Réédition
Novella, 112 pages, catégorie / prix : 9,90 €
ISBN : 978-2-38163-143-1
Format : 12,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction

Dépôt légal à parution. Existe en numérique (ISBN : 978-2-38163-144-8) au prix de 5,99 €. Couverture à rabats.

Autres éditions
   in Bifrost n° 42, BÉLIAL', 2006
Sous le titre L'Automate de Nuremberg
   GALLIMARD, 2007

Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture

En ce 13 septembre 1824, après la chute de Moscou et le traité de Niji signé avec le tsar Alexandre Ier, protecteur de toutes les Russies, l’empereur Napoléon règne sur l’Europe. Un continent à genoux, exsangue, vidé de sa substance par un trop-plein de guerres et d’horreurs, un territoire à feu et à sang que le stupéfiant Melchior Hauser, tout juste libéré de son statut d’esclave, va cependant entreprendre de parcourir. Car il lui faut retrouver Viktor Hauser, celui qu’on surnomme le de Vinci de Nuremberg, et lui poser une question. Unique, toute simple, mais qui revêt à ses yeux une importance cruciale : « Père, ai-je une âme ? »

« On le voit, contrairement à Antoine Volodine qui prône le post-exotisme fondé sur la subversion de l’idée même d’Auteur, Thomas Day s’avère le tenant du pur-exotisme où l’écrivain s’affirme tel un vengeur masqué à l’assaut des tares de l’Humanité. »
PHILIPPE CURVAL

Ayant longtemps hésité entre Laos, Thaïlande et Cambodge, Thomas DAY a finalement posé son sac en banlieue parisienne, où il gère deux adolescents en menant de front son métier d’éditeur, sa carrière de romancier et ses activités de scénariste BD. On lui doit plus d’une centaine de nouvelles et une douzaine de romans, dont La Voie du Sabre, L’Instinct de l’équarrisseur et Le Trône d’ébène. Le dernier d’entre eux, Du sel sous les paupières, est lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire 2013. Quant à Sept secondes pour devenir un aigle, le plus récent de ses recueils, il est lui aussi lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire, mais millésime 2014.
L’Automate de Nuremberg est le deuxième de ses titres à paraître dans la collection « Une heure-lumière », après le très remarqué Dragon qui en a fait l’ouverture en 2016

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition GALLIMARD, Folio2€ / Folio3€ (2009)

     Dans une uchronie où Napoléon a réussi à envahir la Russie, Melchior, un automate joueur d'échecs récemment libéré de son servage auprès du Tsar, part retrouver son créateur, Viktor Hauser, pour lui poser la question fondamentale : « Ai-je une âme, Père ? ». Aidé par un soldat, l'automate va ainsi voyager dans une Europe puis une Afrique telles qu'elles auraient pu être si l'empereur français n'avait pas été défait.
     Si cette aventure porte en elle un goût d'exotisme et de découverte, la brièveté du récit nous empêche d'explorer en détail l'univers créé : à peine arrivé dans un endroit que déjà Melchior part sous d'autres horizons. Mais si l'histoire ne se centre pas sur la description d'un monde sous domination napoléonienne, c'est parce que Thomas Day nous questionne avant tout sur ce qui fait la singularité d'un être humain. Comme l'automate a une conscience, il sait qu'il existe (« je pense donc je suis »), il comprend aussi qu'il est particulier, unique. Il va donc chercher à appréhender ce qu'entraîne cette connaissance de soi. Celle-ci le différencie bien sûr des animaux mais est-il « humain » pour autant ?
     L'auteur pousse le questionnement plus loin en intégrant un autre protagoniste dans l'histoire : le « frère » de Melchior, la troisième création de Viktor Hauser. Ce personnage permet au lecteur de découvrir certains éléments qui échappent à l'automate. Ainsi on apprend que le savant a créé la vie sous diverses formes. Trois types d'existences, conçus par trois méthodes différentes : médecine pour la réanimation d'un corps humain (Kaspar Hauser, le fameux « orphelin de l'Europe » 1), mécanique pour la fabrication d'un automate (Melchior Hauser) et alchimie pour un esprit détaché de la matière (Balthazar Hauser). Alors que Melchior cherche à savoir s'il peut être considéré comme un humain, Balthazar se proclame messager de Dieu et souhaite, lui, détruire les « œuvres » de son « père » qui s'opposent à Sa Toute-puissance.
     Si le livre n'apporte au final que peu de réponses à ces questions fondamentales (on ne les attendait pas non plus), il a le mérite de susciter une réflexion intéressante. Ainsi la référence évidente aux rois mages est-elle un simple clin d'œil de l'auteur ou faut-il y voir l'annonce d'un nouveau « Jésus », un nouvel « Homme » qui ne se définit plus seulement par une enveloppe physique organique ?
     Pour ce qui est des références, il y a un rapprochement évident avec le Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley (dont la ressemblance entre les prénoms des savants : Victor et Viktor) mais aussi avec La Vénus Anatomique de Xavier Mauméjean. Cependant les trois écrivains n'ont pas la même approche de la création de la vie par l'homme. Si l'auteure britannique centre son intrigue sur le créateur et les conséquences de son geste, si Mauméjean explicite cette fabrication et les tourments du savant avant la finalisation de la conception, Thomas Day écrit de son coté un récit plus humain, plus émouvant aussi, en se focalisant sur la créature plus que sur le scientifique.
     En somme, L'automate de Nuremberg est une quête identitaire doublé d'un conte philosophique fort et intelligent. Un très bon livre publié dans une collection à la portée de toutes les bourses, à ne pas rater.

Notes :

1. Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Kaspar_Hauser

Gaëtan DRIESSEN
Première parution : 16/6/2009
nooSFere


Edition GALLIMARD, Folio2€ / Folio3€ (2020)

    Le début du XIXe siècle est une époque troublée en Europe : dans les décombres de l’épopée napoléonienne, alors que la révolution industrielle commence à donner ses premiers feux en Grande-Bretagne, et alors même que les travaux de Lavoisier viennent à peine d’inscrire la chimie au corpus des sciences dites dures, il reste encore quelques mages prêts à poursuivre les mêmes chimères – alchimiques et vitalistes – que leurs prédécesseurs.

    Thomas Day inscrit son Automate de Nuremberg dans ce contexte, en mode uchronique. La retraite de Russie de 1812 a été suivie du siège de Paris puis d’une contre-attaque : l’Empereur parvient à vaincre le Tsar et à lui arracher un traité de paix léonin qui le rend tout à fait maître de l’Europe. L’époque n’est pourtant pas apaisée : l’Europe est exsangue, et pour financer la révolution industrielle naissante, il va falloir aller piller l’Afrique et l’Asie. Les soldats de Bonaparte, après avoir « pacifié » l’Espagne, vont participer à « l’œuvre de civilisation » et entretenir le trafic d’esclaves : l’uchronie de ce court texte n’est donc en aucun cas positive, et semble même désabusée.

    Le lecteur appréciera dans cette novella les éléments d’imaginaire qui le connectent à d’anciennes traditions. Le personnage historique de Kaspar Hauser y est présenté comme un nourrisson réanimé par une technique vitaliste ayant altéré son cerveau (et donc, comme un lointain avatar du monstre de Frankenstein) ; l’automate éponyme, Melchior Hauser, n’est au départ que l’une de ces machines joueuses d’échecs dont les cours d’Europe étaient friandes ; le troisième des « frères » Hauser, qui porte quant à lui le nom de Balthazar – le dernier des Rois Mages – est un pur esprit, à conserver dans une bouteille, de peur qu’il ne s’étiole… ou ne s’échappe pour le malheur du monde. Ces trois êtres, qui incarnent chacun l’une des spécificités de l’humanité – le corps, l’esprit et l’âme –, ont des relations conflictuelles qui évoquent bien les dilemmes intérieurs que chacun de nous éprouve tôt ou tard. Dans ce conte cruel où il est question d’une époque révolue avant même d’avoir eu lieu, Thomas Day parle de la condition humaine – que ce soit dans le cadre étroit de l’expérience du présent ou dans celui plus large de l’écosystème social –, et il le fait avec un talent consommé…

 

Lien vers le blog d'Anudar

ANUDAR
Première parution : 1/10/2020
Bifrost 100
Mise en ligne le : 21/5/2024

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