Claude a quarante ans, et elle les fait. Sa vie est un désert à tous points de vue, amoureux et professionnel ; au RSA, elle va être expulsée de son appartement. Aussi, quand un mystérieux juriste américain la contacte sur LinkedIn – et sur un malentendu – pour lui demander d’enquêter sur la disparition d’une famille moyennant un bon gros chèque, Claude n’hésite pas longtemps. Tout ce qu’elle a à faire, c’est louer la villa « isolée en pleine campagne au fond d’une région dépeuplée » où les disparus avaient séjourné un an plus tôt. Et d’ouvrir grand les yeux et les oreilles. Pourquoi se priver d’un toit gratuit pour quelques semaines ? Mais c’est sans doute un peu vite oublier qu’un homme et cinq enfants s’y sont évaporés du jour au lendemain, et sans doute pas pour rien. Une famille entière disparaît, un manoir comme premier suspect. Entre frissons et humour, Au bal des absents est une enquête réjouissante comme on en lit peu.

Un roman d’horreur et un thriller social ébouriffant, terrifiant, drôle, mordant et découpé au scalpel. L’Humanité

La grande dame de la science-fiction française défend ici un récit d’horreur politique. Midi Libre

Catherine Dufour a sorti son premier roman aux éditions du Seuil, « Au bal des absents ». Je viens de finir cet OLNI (objet littéraire non identifiable). Moi qui ne lis pas ou si peu de livres d’horreur, car je les trouve trop stéréotypés, j’ai cédé devant les commentaires d’autres lecteurs de SF. On a tous dans notre mémoire enfantine une grosse bête très très méchante qui nous guette au fond de la cave. J’étais intrigué de savoir quel monstre Claude, l’héroïne de Catherine Dufour, devrait exorciser. Récemment, en dégustant mon Bifrost nº 100, une nouvelle de Catherine Dufour avait capté ma curiosité (Des Millénaires de silence nous attendent). J’y faisais la connaissance de Claude. Du coup, je me suis invité « au bal des absents » qui traînait à la bibliothèque du village. Histoire de me sortir pour une fois de mes sentiers habituels de SF « hard science ». La lecture m’a complètement dérouté avant que je comprenne où l’auteure s’en allait. La mise en place est assez classique, Claude est une paumée en pleine dégringolade sociale et financière. Acculée, elle accepte de mener une enquête sur des disparitions dans une demeure perdue au fin fond de la campagne normande. Elle va plonger encore plus profond dans la déchéance et frôler la folie. La maison est le refuge d’une horreur indicible qui sévit la nuit. Sceptique, elle s’accroche. Le démontage des classiques littéraires et cinématographiques du genre que nous offre l’auteure est un petit régal. Petit à petit, Claude retrouve plus d’assurance, un peu grâce au cauchemar qui habite le manoir. Il y a certes quelques longueurs et surtout une répétition de certaines actions, ce qui alourdit un peu le texte, mais on en comprend la nécessité sur la fin. Le prétexte de ce conte d’horreur pour décrire la misère sociale de Claude (des femmes) pour sa survie est habilement mis en scène. Finalement, l’horreur du traitement social n’est-elle pas plus terrible que celle de cette maison hantée ? Le tout nous est présenté dans une écriture fluide et colorée qui lie le tout. C’est comme un bon vin, sur le coup tu le trouves pas mal, mais sans plus ; puis ses qualités se développent et tu l’apprécies de plus en plus au point de le mettre dans tes favoris.