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L'Île de silicium

CHEN Qiufan

Titre original : 荒潮, 2013   ISFDB
Traduction de Gwennaël GAFFRIC

RIVAGES (Paris, France), coll. Rivages / Imaginaire poche n° 1114 suivant dans la collection
Date de parution : 9 octobre 2024
Achevé d'imprimer : août 2024
Réédition
Roman, 464 pages, catégorie / prix : 10 €
ISBN : 978-2-7436-6486-2
Format : 10,9 x 17,0 cm
Genre : Science-Fiction

Couverture : © Huleeb.


Quatrième de couverture

Xiaomi travaille sur l’île de Silicium, située au large de la Chine, où les appareils électroniques du monde entier sont envoyés au recyclage. Comme elle, des milliers de migrants sont attirés sur cette île polluée par la promesse d’une vie meilleure. Mais ceux que l’on surnomme les « déchetiers » demeurent à la merci de puissants chefs de clan. Alors qu’un conflit se trame entre les trois clans rivaux, des investisseurs américains et des écoterroristes, Xiaomi découvre les débris d’une mystérieuse prothèse qui  risque de changer le cours de leurs destins.

« Le summum de la fiction d’anticipation. » Liu Cixin

« Un éco-techno-thriller magistral. » David Mitchell

« Une lecture impérative. » Mauvais genres, France Culture

« À la fois un thriller écologique et un roman cyber-punk, avec des accents gibsoniens. » Libération

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition RIVAGES, Rivages / Imaginaire (2022)

Scott Brandle est envoyé par la Wealth Recycle sur l’île de Silicium afin d’y installer un centre de retraitement propre et moderne. Cette île au large de la Chine récupère tous les déchets électroniques possibles pour les retraiter à moindre frais et en extraire les matériaux les plus couteux, utilisant une main d’œuvre peu payée et totalement exploitée dans des conditions de travail déplorables, ressources partagées entre les trois clans mafieux qui dirigent l’île. Le projet de la Wealth mettant en péril les clans est assez peu apprécié et Scott devra maneuvrer pour l'imposer.

Premier roman de la nouvelle collection Imaginaire chez Rivages, l’Île de silicium lorgne autant du coté du thriller que de la science-fiction. Situé dans le futur proche, le roman marque d’abord par le réalisme de ses descriptions : ce sous prolétariat venu d’autres parties de la Chine et vivant du recyclage des déchets des populations plus riches dans des conditions de vie totalement insalubres, exploités par les mafias locales, on peut déjà le trouver dans notre monde ; seul change la nature des déchets retraités. Et c’est par le biais de l’une de ces travailleuses et de ce qu’elle subit (on remercie l’auteur de ne pas entrer dans les détails) que le texte bascule réellement dans la science-fiction, mêlant biologie et informatique.

L’Île de Silicium est aussi un roman sur la Chine d’aujourd’hui et ses limites. L’immigration intérieure au pays, les travailleurs les plus pauvres exploités plus ou moins légalement, la centralisation du pouvoir (on remarquera d’ailleurs que l’auteur, certainement prudent, évite toute description trop précise du fonctionnement des autorités de l’île dont on ne connait pas le statut par rapport au continent), le contrôle des communications, tous ces thèmes existent déjà dans le pays actuel. L’occident n’est pas épargné non plus, la Wealth Recycle et son délégué, présentés d’abord quasiment comme des philanthropes mais dont les ambitions se dévoilent petit à petit, sont une bonne représentation du capitalisme pseudo écologique.

Si le rythme du récit est globalement celui d’un thriller énergique, on regrettera certains passages un peu didactiques : ils sont certes intéressants pour comprendre les enjeux et la culture locale, mais leur format trop proche de l’infodump encyclopédique nuit à la dynamique du texte. Ce petit défaut mis à part, L’Île de Silicium est un roman efficace mêlant intelligemment enjeux actuels et science-fiction, le tout dans un cadre inhabituel.

 

René-Marc DOLHEN
Première parution : 27/10/2022
nooSFere


Edition RIVAGES, Rivages / Imaginaire (2023)

    La science-fiction chinoise ne se limite pas à Liu Cixin et au Problème à trois corps. Il existe bien d’autres auteurs œuvrant dans des styles différents. À l’image de Chen Qiufan, notamment, choisi par Rivages pour être le titre initial d’une nouvelle collection dédiée à l’Imaginaire (une de plus, principalement SF et fantastique d’après les textes annoncés pour 2023). Premier roman de son auteur, L’Île de silicium, écrit en 2013, garde fermement les pieds sur terre. Il nous projette dans un futur proche, sur une île au sud de la Chine, non loin de Hong Kong, et servant de décharge et de centre de retraitement à ciel ouvert des détritus électroniques venus du monde entier. Sur l’île nommée Silicium, tellement polluée que l’eau potable y est une denrée rare, acheminée à grands frais tous les jours, trois clans se partagent les recettes de cette industrie du recyclage ; ces insulaires méprisent les « déchetiers », migrants venus du reste de la Chine, employés comme main-d’œuvre à bas coût et dont la vie n’a finalement que peu de valeur. Dans un futur où les prothèses remplacent membres et organes, et où toutes sortes d’implants, de lunettes et de tatouages assurent une connexion permanente, Silicium, classée « zone à débit restreint  », fait figure de parent pauvre de la grande famille des nations. Insulaires comme déchetiers survivent à coup de bidouillages, souvent au péril de leur santé, physique comme mentale. Quand Xiaomi, déchetière sans particularité, trouve une prothèse médicale étrange, elle va déclencher une cascade d’événements qui vont attiser la convoitise des clans et de mystérieux investisseurs américains…

    Avec L’Île de Silicium, Chen Qiufan signe un polar cyberpunk classique, et dans ses enjeux, et dans sa trame. On pourrait presque dire que le polar est dans son jus, tant il rappelle certains textes, et surtout certains mangas et animes cyberpunks des années 90 (GunnmGhost in the Shell ou Neon Genesis Evangelion pour les plus évidents). Mais… passée une exposition en première partie qui prend son temps pour bien présenter les personnages et les enjeux, il se révèle vite prenant et se dévore assez rapidement. Le mélange entre le côté anticipation et les coutumes et croyances chinoises aboutit à une conclusion surprenante pour les lecteurs occidentaux. Et à travers le prisme d’une histoire se déroulant dans le futur, Chen Qiufan nous parle de plusieurs réalités bien présentes que nous ne voulons pas forcément voir : comment l’Occident sous-traite le problème de ses déchets à d’autres avec les conséquences écologiques et sanitaires que cela entraîne, la surveillance permanente d’une population chinoise hyperconnectée, qu’elle le veuille ou non, et l’existence d’une migration interne importante avec des déclassements et des affrontements économiques sanglants.

Stéphanie CHAPTAL (site web)
Première parution : 1/1/2023
Bifrost 109
Mise en ligne le : 2/7/2025

Prix obtenus
Grand Prix de l'Imaginaire, Prix Jacques Chambon de la traduction, 2023


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Dans la nooSFere : 87251 livres, 112067 photos de couvertures, 83685 quatrièmes.
10815 critiques, 47149 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3915 adaptations.
 
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