La peur atomique cloîtrait les hommes dans les Cités-abris, enfouies au plus profond d'une terre désertée. Mais pas assez profondément pour échapper aux bombes qui allaient faire d'elles des nécropoles.
De l'Apocalypse nucléaire surgit le Peuple des loups, les nomades qui tuaient par instinct. Et puis ce fut la Ligue de la Santé, son long et douloureux combat pour tenter de rebâtir un monde sauvage qui connaîtrait encore Demain, les loups...
Loin des visions optimistes des auteurs de bonne volonté (l'avenir appartiendrait aux chiens fidèles), Leiber nous propose une vision très dure de notre avenir. Et passablement sarcastique...
Fritz LEIBER est né en 1910. Fils d'un acteur célèbre, il fut acteur lui-même (et... prédicateur !) avant de faire ses débuts littéraires en 1939 avec des récits d' « heroïc fantasy » (épopée fantastique). Il est resté passionné de fantastique parallèlement à la science-fiction, devenue très vite son activité principale, et où il a donné des romans comme Guerre dans le néant et Le Vagabond, tous les deux couronnés par le prix Hugo. Grand amateur de personnages bizarres et d'événements singuliers, il cultive volontiers l'horreur, mais toujours avec une pincée d'humour qui n'appartient qu'à lui.
1 - Le Loup solitaire (The Lone Wolf / The Creature from Cleveland Depths, 1962), pages 7 à 68, nouvelle, trad. Bernadette JOUENNE 2 - La Paire de loups (The Night of the Long Knives / The Wolf Pair, 1960), pages 69 à 169, nouvelle, trad. Bernadette JOUENNE 3 - Loup fou (Sanity / Crazy Wolf, 1944), pages 171 à 191, nouvelle, trad. Bernadette JOUENNE 4 - La Horde des loups (Let Freedom Ring, 1950), pages 193 à 280, nouvelle, trad. Bernadette JOUENNE
Ni recueil de nouvelles, ni tout à fait roman, c'est une histoire du futur en quatre épisodes. Cette technique de narration convient bien aux grandes fresques étalées sur plusieurs dizaines ou plusieurs centaines d'années. Parmi les réussites les plus célèbres du genre, on peut citer Les Galaxialesde Michel Demuth (J'ai Lu) et Les prédateurs enjolivésde Pierre Christin (Robert Laffont).
Demain les loupsse compose de quatre récits : Le loup solitaire. La paire de loups, Loup fou. La horde des loups... Le deuxième et le quatrième ont été publiés dans Fiction, respectivement sous les titres suivants : La nuit des longs couteaux n° 214 et 215) et Plan Chaos (n° 223 et 224).
A propos du premier, Alain Dorémieux écrivait : « Le conflit atomique, ses conséquences et les aberrations qui en découlent ont toujours fourni une inspiration de choix à un auteur aussi adepte de l'humour noir que l'est Leiber. La nuit des longs couteaux est une de ses œuvres « définitives » dans le genre, » (Fiction n° 214, p. 7). C'est à mon avis la meilleure partie du livre.
Deux siècles plus tard, la Terre est reconstruite « et encore plus enlisée dans ses aberrations » (Fiction n° 223). D'un bout à l'autre de cette fresque sinistre, on retrouve le thème de la violence et de la folie. C'est Leiber lui-même qui a relié ces textes avec deux autres (parus dans Galaxie n° 20 et dans l'anthologie d'Alain Dorémieux, Histoires des temps futurs. Ed. Casterman), sous le titre The night of the wolf. Ce Plan Chaos, devenu La horde des loups, date de 1950. C'est la partie la plus ancienne du livre.
L'ensemble manque un peu d'homogénéité mais constitue un récit puissant, sarcastique et furieux, bien dans la manière de Fritz Leiber.