Le thème des acteurs programmés qui vivent le film au lieu de le jouer, qui le ressentent au lieu de le mimer, qui souffrent au lieu de feindre, est archi-conventionnel. En outre, je doute encore de l'intérêt de ce genre de spectacle « plus vrai que le vrai » et « plus nature que la nature ».
Jef Karrison, l'Acteur Programmé n° 322, fait son apparition sur la page ; écran dans le rôle de Bud l'Exécuteur. Son jeu de scène est assez simple ; il consiste à tuer en duel tous ceux qui le défient afin de préserver sa position privilégiée. Mais survient l'imprévu : Bud épargne un adversaire dont le visage est dissimulé sous une cagoule et s'enfuit avec... elle !
Les Veilleurs n'apprécient pas. Aussi les traquent-ils aussitôt et ne tardent-ils pas à acculer Bud et Clairblonde dans une caverne où, pour la première fois, les deux fugitifs font connaissance avec le corps de l'autre.
La suite est un tissu de péripéties du même style, sans surprise ni volte-face d'aucune sorte. Ça finit bien, quelque part dans les coulisses...
Les Acteurs Programmés apparaît comme étant un roman honnête, non exempt de défauts mais lisible. Il reste à déplorer l'écriture parfois boiteuse et le manque d'imagination de Rayjean dont la réapparition discrète au Fleuve Noir n'enthousiasmera ni ne décevra personne.
Ou presque...
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/11/1985 dans Fiction 368
Mise en ligne le : 10/3/2005