Thésaurisant son capital d'imagination, Brussolo s'est lancé dans une série de cycles qui rappellent, dans le choix des thèmes, l'univers de Ballard première manière. Ainsi, après les soldats de goudron, sur une planète vouée au feu, voici Santal où souffle un vent violent, qui s'engouffre dans un volcan. A mesure que l'on s'approche du point névralgique, la puissance augmente, ce qui permet aux personnages du récit, simples itinérants, de découvrir les diverses solutions de l'homme pour lutter contre ce fléau, solutions irrationnelles, folles, délirantes, comme souvent chez Brussolo, solutions astucieuses, mais qui finissent par poser de nouveaux problèmes ou des relations de dépendance, des situations aliénantes.
Il est curieux de constater que l'humain, chez Brussolo, s'obstine très souvent à adopter des solutions qui ne lui conviennent pas et qu'il n'échangerait pour aucune autre au monde. Instincts déraisonnes de survie producteurs d'aberrations.
Dans ce premier volet, la description morbide et spectaculaire du vent campe le décor. Le destin des personnages est à suivre dans les prochains volumes, qui devraient également donner l'explication de ce souffle ravageur.
Tous ces détails, finalement, n'ont que peu d'importance. Les histoires de Brussolo sont bâties plus ou moins sur le même moule ; mais ce que cherche à retrouver avant tout le lecteur, c'est la fascination qu'exerce son étrange univers, si bizarre et torturé. Une attraction malsaine mais inexorable, parce qu'elle ne s'adresse pas à la raison.
Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/1/1986 dans Fiction 370
Mise en ligne le : 5/3/2005